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Divorces : les nouvelles technologies au service des parents

Portables, e-mails, webcam sèment parfois la zizanie dans les familles séparées. Mais ces outils facilitent aussi leur vie.

Autrefois, on repérait l’enfant de divorcés au doudou qu’il trimbalait d’une maison à une autre. Aujourd’hui, c’est le portable qui lui sert d’objet transitionnel. Si, en secondaire, il marque pour tous les jeunes l’entrée dans la tribu adolescente, à 6 ou 9 ans, c’est un symptôme familial : les parents du petit propriétaire ne vivent plus ensemble. Et plus l’enfant est équipé jeune, plus les relations entre le père et la mère risquent d’être difficiles (1). « Je lui ai acheté un portable à 8 ans. Je n’avais pas le choix, sa mère a supprimé le fixe au profit d’un portable personnel, m’empêchant ainsi de lui parler. »

En théorie, le Code civil se prête à cette demande. Des accords de séparation mentionnent désormais l’abonnement (ou la carte prépayée) dans les frais incombant aux parents, à côté de l’entretien et de la scolarité de l’enfant. En médiation familiale, on parle de « ça », inévitablement. Quand l’ex-couple s’accorde sur l’achat et sur l’usage de l’appareil, plus personne n’en entend parler. « Comme toute chose, c’est un outil de progrès s’il tombe dans de bonnes mains », résume l’avocate médiatrice Alexandra Dilley. Ce n’est pas toujours le cas. Ainsi ce dossier où l’enfant reçoit de sa mère 10 SMS quotidiens : « Ceux qui ne supportent pas d’être séparés de leur enfant durant les week-ends ou les vacances lui demandent de raconter en direct ce qu’il fait, avec qui il est, ce qu’il mange. » Pour la majorité des familles éclatées, le portable est devenu un allié précieux. En cas de conflit, il peut très vite semer la zizanie.

Le Web, extension naturelle des contacts téléphoniques, est lui aussi entré dans le quotidien des familles, y compris disloquées, mais pas encore dans celui des juges. Séparé de sa femme, Bruno Gauthier correspond ainsi par e-mails et Facebook avec sa fille de 11 ans. D’autres communiquent même par Skype. « Parmi mes clients, une maman partait travailler au Canada. Elle a continué à communiquer par webcam avec ses enfants demeurés en Belgique », rapporte Alexandra Dilley. Or l’irruption virtuelle, via Skype, peut également tourner au vinaigre. « Il ne faut pas que cela devienne un outil d’espionnage. Seul l’enfant doit parler afin d’éviter les disputes de parents sur webcam et les connexions doivent se faire à heures précises », précise Catherine Henry, également avocate médiatrice.

Facilitateur de coparentage

Signe des temps, un site destiné à faciliter les correspondances dans les couples séparés a très récemment vu le jour en Belgique et en France. 2houses.com permet aux parents d’échanger des infos, via un journal de bord ; de remplir le calendrier de garde ; d’inventorier les dépenses communes. Le service est gratuit jusqu’en février 2012, par la suite, il sera payant : 6 euros par mois, par parent. Son créateur, Gil Ruidant, un jeune père belge, a voulu créer sur la Toile « une interface neutre et facile à utiliser ». Lui-même divorcé, il a cherché en vain un site qui l’aiderait à gérer avec son ex, sans heurt, la vie quotidienne de leur fils. Un espace est d’ailleurs réservé à l’enfant, qui peut communiquer avec ses parents, sans être confronté à des tensions ou des remarques désobligeantes. Bruno Gauthier, lui, envisage d’équiper sa fille d’un ordinateur afin que leurs conversations ne se tiennent plus dans le salon de « maman ».

(1) Plusieurs études ont montré que les enfants appartenant à une famille monoparentale ou vivant en alternance chez leur père et leur mère sont plus nombreux à posséder un portable.

SORAYA GHALI

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