Zakia Khattabi © Capture d'écran

Zakia Khattabi quitte Twitter et charge les « menteurs »

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Violemment attaquée sur le réseau social ces dernières semaines, la coprésidente d’Ecolo a décidé de s’en aller d’un univers virtuel devenu irrespirable. Un signal fort.

Cherchez le compte Twitter de Zakia Khattabi, coprésidente d’Ecolo, et vous constaterez qu’il a disparu. Supprimé. « Oui, j’ai quitté ce réseau, définitivement, nous confirme-t-elle. Ces trois dernières semaines ont été hallucinantes. On m’a reproché des positions que je n’ai jamais tenues. J’ai eu beau demander que l’on me cite les sources, inexistantes, en vain : cela a provoqué des buzz que je ne comprenais pas. Je recevais par moments des centaines de notifications par minute. J’avais l’habitude de vives polémiques, alimentées par l’extrême droite, les nationalistes ou des trolls en tous genres. Mais cette fois, même des analystes comme Dave Sinardet (politologue à la VUB) ou Vincent Laborderie (politologue à l’ULB) ont accrédité ces thèses. Cela suffit ! »

Zakia Khattabi quitte Twitter et charge les
© Capture d’écran

Depuis deux ou trois jours, Zakia Khattabi, qui continue à diriger les Verts jusqu’au 15 septembre, date de l’élection interne pour désigner le nouveau couple de coprésidents, avoue « respirer ». Soulagée, littéralement, d’avoir quitté un univers virtuel qui tourne sur lui-même. « C’était trop violent, nous confie-t-elle. Je me concentre désormais sur l’essentiel et l’essentiel n’est pas sur Twitter. J’assume le fait d’avoir moi-même tenu une ligne différente sur ce réseau, avec la volonté de faire de la politique autrement. J’assume les propos que j’ai tenus et les polémiques que j’ai suscitées. Mais que le monde médiatico-politique verse dans l’injure et le jugement moral sur base de ‘fake news’, avec des relents misogynes et sexistes, cela ne va plus. »

La goutte qui a fait déborder le vase, c’est un commentaire lancé sur un plateau de la VRT par Lorin Parys, vice-président de la N-VA, affirmant que la coprésidente d’Ecolo avait déclaré qu’elle ne souhaitait jamais se trouver dans la même pièce que Bart De Wever, président du parti nationaliste. « Je n’ai jamais déclaré ça », s’insurge-t-elle. L’attaque faisait suite à la décision prise par les verts francophones de ne pas participer à la réunion organisée par les informateurs, Johan Vande Lanotte (SP.A) et Didier Reynders (MR), avec le PS et la N-VA. Voilà Ecolo qualifié de parti intolérant, qui « nie les réalités démocratiques ». Les messages d’insultes pleuvent sur Twitter.

Zakia Khattabi réagit sur un ton ironique qu’on lui connaît : « pensées émues pour la droite, l’extrême droite, les nationalistes, les sexistes, les misogynes, les trolls et autres haters de tous bords qui vont devoir se trouver une autre occupation que moi pendant quelques jours .. ». Voilà qui incite le politologue Dave Sinardet (VUB) à critiquer, notamment, « l’amateurisme » des dirigeants écologistes : « Ecolo est en train de perdre en peu de temps sa crédibilité en tant que parti de gouvernance », lance-t-il. « Certains ont même interpellé Jean-Marc Nollet (l’autre coprésident Ecolo) pour qu’il me rappelle à l’ordre, prolonge Khattabi. Je n’ai pas besoin d’être mise sur tutelle. »

Zakia Khattabi n’en peut plus de ce réseau social où des buzz naissent de rien et de ce milieu « médiatico-politique » ou des contre-vérités dictent le ton. « C’est comme quand Claude Demelenne écrit, dans une opinion publiée sur votre site, que j’aurais ‘fait le forcing lors des négociations bruxelloises pour obtenir la levée de l’interdiction du port des signes convictionnels (dans les faits, essentiellement le voile islamique) à l’école, dans le troisième degré de l’enseignement obligatoire’. Mais je n’ai jamais fait ça ! Le problème, c’est que si vous démentez, vous mettez le doigt dans l’engrenage, avec le risque de provoquer un buzz plus détestable encore. »

La coprésidente d’Ecolo n’en revient pas de ce climat nauséabond alors que son parti a fortement progressé lors des élections du 26 mai dernier et qu’il vient d’entrer par la grande porte dans le gouvernement bruxellois. « Le pire, c’est que ce sont ces mensonges qui façonnent la réalité », regrette-t-elle. Sur Twitter, certains se sont déjà félicités de son départ en se disant prêts à attaquer d’autres cibles. Zakia Khattabi, elle, aspire à mener un travail de fond sur les matières fédérales, en redevenant députée à la rentrée. Et en retrouvant la sérénité, après avoir envoyé ce signal fort. « Et que l’on ne me dise plus que l’on cherche à renouveler le milieu politique », clame celle qui a choisi de s’engager alors qu’elle était une « simple » citoyenne.

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