Yasmine © AFP

Yasmine, 4 ans, de retour de Syrie grâce au combat acharné de sa mère

Le Vif

Le retour en Belgique de la petite Yasmine, 4 ans, marque la fin de dix-huit mois de combat acharné de sa mère pour la récupérer dans un camp jihadiste du nord-ouest de la Syrie où son père, un délinquant radicalisé, l’avait emmenée à son insu.

La longue attente s’est dénouée lundi quand un groupe jihadiste a mis en scène devant les médias, à la frontière syro-turque, les retrouvailles de la fillette vêtue d’un blouson rose avec sa mère.

Le retour par avion à Bruxelles s’est ensuite fait dans la plus grande discrétion mardi en fin d’après-midi, loin des caméras.

La justice a attendu l’arrivée pour l’annoncer et a livré une communication a minima, centrée sur la prise en charge médico-psychologique de l’enfant.

Retour en arrière. Le 20 septembre 2017, la Belgique découvre à la télévision, où elle témoigne sans montrer son visage, la mère de Yasmine confiant sa détresse.

Fin mai, le père, dont elle est séparée, a emmené la fillette à son insu pour rejoindre des combattants jihadistes en Syrie.

Présenté par les médias belges comme un délinquant radicalisé en prison, il a fui Bruxelles dans des conditions rocambolesques.

Sous surveillance électronique pour purger sa peine pour un délit de droit commun, il a réussi à traverser les frontières en autocar avec sa fille alors âgée de 3 ans et une adolescente de 14 ans enceinte, probablement sa nouvelle compagne. Une procédure pour « rapt parental » est ouverte par le parquet de Bruxelles.

A la chaîne RTL-TVI ce jour de septembre, la mère de Yasmine explique avoir en vain négocié à distance avec « ces personnes qui détiennent (sa) fille » et en appelle au gouvernement. « Je suis livrée à moi-même, je voudrais qu’on m’aide », lâche-t-elle.

A l’époque, d’après des sources concordantes, elle s’est déjà fait soutirer de l’argent contre la promesse de revoir sa fille, retenue dans un camp jihadiste dirigé par le Franco-Sénégalais Oumar Diaby dans la province syrienne d’Idleb, tout près de la frontière turque.

– L’appui de l’imam Ayachi –

Connu aussi sous le nom d’Omar Omsen, à la tête d’une brigade affiliée à Al-Qaïda ayant recruté de nombreux Français et Belges, ce dernier a réclamé jusqu’à 50.000 dollars pour rendre la fillette, d’après l’expert Jean-Charles Brisard, président du Centre d’analyse du terrorisme. Il n’a toutefois jamais perçu une telle somme.

A la mort du père de Yasmine, tué en décembre 2017, la situation reste bloquée. Omar Omsen et son groupe assurent respecter « la volonté du père » en gardant la fillette.

A l’été 2018, selon une source proche du dossier, la mère rejoint l’est de la Turquie pour se rapprocher de sa fille.

Elle continue de négocier âprement par le biais de multiples intermédiaires, parmi lesquels des proches d’un autre recruteur de jihadistes bien connu des justices belge et française, Bassam Ayachi, qui dirigea dans les années 1990 et 2000 un centre islamique dans la commune bruxelloise de Molenbeek.

Avant son arrestation fin mars en France dans un dossier terroriste, cet imam franco-syrien de 72 ans jouissait encore d’une grande influence à Idleb et son appui à la libération de Yasmine, malgré l’opposition d’Omar Omsen, a été déterminant, selon une source policière jointe par l’AFP.

Lundi, le « Gouvernement du Salut », dominé par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), a finalement annoncé la libération de Yasmine.

Il a vanté la « résolution de la dispute » entre sa mère et ceux qui étaient ses « tuteurs » depuis la mort du père.

En proportion de sa population, la Belgique a été un des tout premiers pourvoyeurs de combattants étrangers pour le jihad en Syrie, avec plus de 400 départs d’adultes recensés depuis 2013.

En 2017, le gouvernement estimait qu’une centaine d’enfants belges de moins de 12 ans se trouvaient encore dans ce pays.

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