© Image Globe

Wouter Beke : « Il y a plus de virages dans la communication de la N-VA qu’à Francorchamps ! »

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Le président du CD&V veut rétablir la confiance perdue en prenant ses responsabilités au fédéral. « Ça commence à livrer des résultats », assure-t-il, en fustigeant les slogans faciles et néolibéraux des nationalistes flamands. Entretien exclusif.

Le Vif/L’Express : C’est une rentrée politique contrastée pour le gouvernement fédéral entre les dossiers délicats à gérer en terme d’image – les nominations politiques des top managers, le financement des partis… – et des sondages positifs après les réformes bouclées avant l’été… Votre sentiment ?

Wouter Beke : Avant les élections communales, des sondages nous créditaient de 13 ou 14%. Nous avons obtenu 28% aux communales et 21,5% aux provinciales, dont on dit qu’elles sont le reflet des fédérales. Mais le plus important, c’est la réalisation de notre programme, ce qui n’avait pas été possible entre 2007 et 2010. Ce gouvernement a enfin concrétisé des revendications exprimées par le parlement flamand en 1999 ! Il a diminué le déficit de 21 milliards en demandant des efforts à tout le monde, aux familles, aux entreprises, mais en veillant en premier lieu à réduire les dépenses de l’appareil d’Etat. Cela commence à livrer des résultats.

Des experts disent qu’il n’y a pas eu suffisamment de réformes structurelles. La N-VA estime que tout va mal en Belgique. Sera-t-il aisé convaincre la population flamande?

Nous avons déjà réalisé une réforme des pensions mais ce ne sera certainement pas la dernière. Nous devons aller vers une plus grande responsabilisation dans le domaine de la sécurité sociale. Nous devons contribuer à une meilleure adéquation entre l’offre et la demande sur le marché du travail. Et enfin, nous devons réaliser une réforme fiscale afin de remédier au problème du coût du travail. Pour mener tout cela à bien, nous aurons besoin d’un climat politique stable. Et d’ici aux élections, déjà, le gouvernement doit encore conclure un pacte de compétitivité. Un défi majeur.

La N-VA estime également que l’enjeu socio-économique est urgent et se dit prête à contribuer aux réformes après 2014…

Ce parti dit beaucoup de choses. Il y a plus d’accidents dans la communication de la N-VA que sur le circuit de Spa-Francorchamps!

La N-VA a entamé un road show pour expliquer concrètement combien les problèmes restent importants dans notre pays, de la dette aux dépenses publiques… C’est une vision négative?

Il est évident que tout ne va pas bien en Belgique. Nous avons une dette historiquement élevée, nous devons préparer le coût du vieillissement et réduire encore les dépenses publiques… C’est notamment la conséquence du sauvetage des banques. Vous savez, la nécessité de nationaliser Fortis ne figurait pas au programme de mon parti en 2007. Nous avons dû le faire pour ne pas laisser notre économie s’écrouler. Il est facile de dresser une liste des problèmes mais la vraie question aujourd’hui, c’est de savoir ce que l’on fait. Concrètement, et pas dans un flou artistique.
Le confédéralisme prôné par la N-VA, c’est du flou artistique ?

Nous, nous partons d’un confédéralisme positif. Les entités fédérées doivent être le moteur de ce pays et c’est ce que permet la sixième réforme de l’Etat. Elio Di Rupo l’a dit: le centre de gravité s’est déplacé vers les Régions et Communautés. Toute la politique industrielle ou le marché de l’emploi se trouvent désormais à ce niveau. Pour soutenir cette responsabilisation, nous aurons besoin d’une législature entière pour réforme les pensions et la fiscalité afin de réduire le coût du travail.

La N-VA fait une erreur en demandant une nouvelle réforme de l’Etat?

Je ne sais pas où la N-VA veut aller et je ne sais pas comment elle veut y aller. C’est à elle le dire. Pour moi, c’est un parti démocratique comme les autres avec lequel nous travaillons au niveau flamand et dans de nombreuses communes. En 2010 et 2011, si cela n’avait tenu qu’à moi, il y aurait eu un gouvernement fédéral avec la N-VA et même sous sa direction. Ce sont eux qui ont refusé, c’est leur responsabilité. Si sa priorité en 2014 est bien le socio-économique et qu’elle en reçoit un mandat en ce sens, pour moi, c’est un parti comme les autres.

Pourrez-vous mener les réformes structurelles que vous souhaitez avec les socialistes francophones?

Tout d’abord, que ce soit clair: un gouvernement devant réaliser une réforme de l’Etat a besoin de davantage de sièges au parlement. C’est mathématique. Idéologiquement, un gouvernement axé sur le socio-économique, avec une majorité simple, peut donc être plus consistant. Ce n’est pas un secret : nous sommes davantage proche du CDH de Benoît Lutgen, aujourd’hui, voire même du MR que du PS. Mais nous ne verrons qu’après les élections les coalitions possibles en Flandre et en Wallonie.

L’interview intégrale dans Le Vif/L’Express de cette semaine

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire