© Belga

Wallonie: pas assez de terrains pour accueillir les gens du voyage

Le nombre de gens du voyage en Belgique serait compris entre 12 et 20.000 personnes, selon les sources. La question des terrains de stationnement est leur principale préoccupation. Les rares espaces proposés ne sont pas adaptés et cette carence favorise l’occupation improvisée de terrains dévolus à d’autres fonctions, comme cela a été le cas mardi avec les 750 personnes qui se sont installées le long de la N552 à Dour. En Wallonie, seul un terrain est officiellement reconnu.

En 1982, la Communauté française a pris un arrêté organisant une possibilité de subvention au bénéfice des provinces et communes en vue de l’acquisition, de l’aménagement et de l’extension de terrains de campement pour nomades.

Pourtant, certaines communes continuent à appliquer les lois de 1798 qui interdisent aux gens du voyage de stationner plus de 24 heures. Plus fréquemment, c’est la contravention au règlement de police relatif aux terrains de camping qui est invoquée pour justifier les expulsions. Dès lors, c’est généralement au jour le jour et sous pression que se négocient âprement quelques jours de tolérance.

Le seul terrain disponible et officiellement reconnu pour l’accueil de gens du voyage en Wallonie se trouve le long de la N4 à Bastogne, « mais il est peu utilisé car trop loin de la ville », explique le directeur du Centre de Médiation des Gens du Voyage (CMGV), Ahmed Ahkim.

La Flandre compte plus de 30 terrains communaux aménagés, ce qui reste en deçà des besoins. A Bruxelles, aucune aire aménagée n’est officiellement reconnue.

Depuis 2001, les villes de Mons, Namur, Ottignies-Louvain-la-Neuve et Verviers ont créé un service de médiation communale pour les gens du voyage. L’état des lieux réalisé par le CMGV, avec le soutien de la Région wallonne, a mis en évidence certaines caractéristiques du séjour des gens du voyage.

Ainsi, ils séjournent le long de grands axes comme la dorsale wallonne, dans le bassin économique bruxellois, dans le Brabant wallon, dans le nord du Hainaut, le long de l’axe Bruxelles-Arlon et le long de l’axe des pèlerinages Beauraing-Banneux.

Nonante pour cent des demandes de séjour des gens du voyage dans les communes concernent la période du 1er mars au 31 octobre. La taille des groupes ne dépasse pas 30 caravanes dans 82% des cas. La durée du séjour varie de 15 à 21 jours.

Dans la quasi-totalité des communes, la demande des gens du voyage porte sur un lieu provisoire, avec dans la plupart des cas, pour seul équipement, un accès à l’eau.

Environ 750 gens du voyage se sont installés mardi le long de la Nationale 552 à Dour après avoir été délogés de terrains qu’ils occupaient à Sint-Joris puis à Wingene, en Flandre occidentale. La commune de Dour a entamé une procédure judiciaire afin de les faire expulser.

« La non reconnaissance de la caravane comme logement est un cercle vicieux »

La non reconnaissance de la caravane comme logement met les gens du voyage désireux de s’installer légalement et durablement sur un terrain qui leur appartient ou qu’ils louent dans une situation inextricable, estime le Centre de Médiation des Gens du Voyage (CMGV). Si le séjour temporaire des gens du voyage est la dimension la plus visible de leur mode de vie, la grande majorité des familles n’en est pas moins ancrée dans une localité, explique le directeur du CMGV, Ahmed Ahkim.

La réglementation wallonne de l’aménagement du territoire stipule qu’il est nécessaire d’obtenir un permis d’urbanisme pour pouvoir installer régulièrement une caravane sur un terrain. Cette réglementation est une reconnaissance symbolique importante du mode de vie mobile, selon le CMGV. Cependant, la quasi impossibilité d’obtenir ce permis d’urbanisme est à la source de difficultés en cascade pour la plupart des familles en Wallonie, selon M. Ahkim.

Dans les faits, ce permis d’urbanisme conditionne l’inscription dans les registres de la population, l’assurance de ne pas se faire expulser, le raccordement à l’eau, à l’électricité, etc. « Or, les flous entourant cette réglementation – dans ses critères d’octroi notamment – empêchent de fait l’accès des familles à ce permis d’urbanisme et aux droits qui en découlent », indique le CMGV.

En matière de séjour temporaire, le Centre plaide pour une obligation des villes et des communes d’organiser le séjour des gens du voyage plutôt qu’une obligation d’avoir un terrain aménagé. « Cela suffirait à satisfaire les besoins des personnes en séjour temporaire », conclut M. Ahkim.

Le Vif.be, avec Belga

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire