En pointillé, le tracé du projet autoroutier reliant Cerexhe à Beaufays. © SPW - Direction des routes de Liège

Wallonie: le grand frisson autoroutier

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

En annonçant la résurrection du projet autoroutier Cerexhe-Heuseux-Beaufays en région liégeoise, le gouvernement wallon a déterré une vieille polémique. Tandis que les opposants fourbissent leurs armes, les partisans s’interrogent: où trouver 500 millions d’euros?

Depuis plus de 40 ans, le fantôme de la liaison autoroutière CHB (Cerexhe-Heuseux-Beaufays) dormait en région liégeoise. Ressuscité au début des années 2000 puis aussitôt renvoyé aux oubliettes par l’Ecolo Philippe Henry sous la dernière législature wallonne, ce spectre bitumeux de 12,5 kilomètres de long vient de refaire surface. Le ministre de la Mobilité et du Transport, Carlo Di Antonio (CDH), l’a annoncé en commission, le 29 septembre: le plan urbain de mobilité de Liège, qui intègre la création de ce tronçon autoroutier (A605) au sud-est de la ville, sera présenté au gouvernement wallon. Mais vu son coût, estimé au bas mot à 500 millions d’euros, le chantier de l’autoroute CHB ne sera probablement pas lancé sous cette législature. « C’est simple, il n’y a pas un seul euro prévu pour ce tronçon à ce jour », confirme Maxime Prévot (CDH), ministre des Travaux publics.

La pertinence de cette portion routière, envisagée un temps sous la forme d’une simple nationale, est fermement contestée par Ecolo et divers acteurs environnementaux. En 2003, l’étude réalisée par Stratec remettait déjà en question l’impact positif de l’autoroute CHB sur la fluidité du trafic. « Cette liaison est encore moins pertinente aujourd’hui, souligne Pierre Courbe à la Fédération Inter-Environnement Wallonie. Un tel investissement irait à l’encontre des objectifs européens en matière de réduction des gaz à effet de serre. »

Or, la Wallonie sera contrainte de solliciter les deniers européens pour concrétiser l’autoroute CHB. Tant Carlo Di Antonio que Maxime Prévot reconnaissent qu’il faudra dégager des « moyens créatifs de financement ». D’après la Sofico (Société wallonne de financement complémentaire des infrastructures), il s’agit avant tout de recourir au Fonds européen de développement régional (Feder) et à la Banque européenne d’investissement. Cette démarche de longue haleine ne devrait pas aboutir avant 2020.

Convaincu que l’investissement reste pertinent en termes de mobilité et de redéploiement économique, le gouvernement wallon PS-CDH compte préparer le terrain au maximum pour CHB, dans les limites de son (maigre) budget. « Nous pourrions franchir une première étape via l’achat des terrains requis », commente Maxime Prévot, sans toutefois connaître le coût d’une opération liée à cette zone réservée pour l’autoroute CHB depuis… 1987.

Ces dernières années, divers collectifs ont exigé l’abandon pur et simple d’un projet « indigne du XXIe siècle ». Le groupement CHB promet d’ores et déjà de nouvelles actions si le gouvernement persiste à porter l’interminable projet.

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