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Wallonie : la redevance kilométrique pour les camions adoptée en commission

La commission du Budget du parlement wallon a approuvé mardi aux petites heures le projet de décret instaurant le prélèvement kilométrique pour les poids lourds de plus de 3,5 tonnes.

Sept députés de la majorité PS-cdH ont voté pour, trois députés MR ont voté contre.

Le vote est intervenu peu avant 3 heures du matin, après plus de 8 heures de débats quasi monopolisés par l’opposition MR, qui a réclamé en vain l’organisation d’auditions complémentaires.

Le texte aboutira en plénière dans quinze jours. L’entrée en vigueur de la redevance est attendue pour avril 2016.

Le MR ferraille pour décrocher des auditions

Les députés MR Jean-Luc Crucke, Georges-Louis Bouchez et Laurent Henquet ferraillaient lundi soir en commission du parlement wallon pour décrocher l’organisation d’auditions sur le projet de décret instaurant une redevance kilométrique pour poids lourds, dans une stratégie parlementaire qui assumait son parallélisme avec le débat sur la réforme des pensions mené au fédéral.

« La seule raison de passer en force, comme la majorité parlementaire semble vouloir le faire, c’est de dire: ‘comme ça, demain, on n’en parle plus’. On a dit cela dans d’autres parlements, mais là, des auditions ont été acceptées », a lancé M. Crucke en évoquant le débat à la Chambre sur la réforme des pensions du ministre Daniel Bacquelaine (MR). Il a jugé que l’étude socio-économique réalisée par l’UCL pour la redevance kilométrique démontre à suffisance l’impact conséquent sur les consommateurs finaux privés comme publics, ainsi que le risque de dégradation de la concurrence des entreprises de transport.

Les réformateurs voulaient entendre les auteurs de l’étude, les secteurs du transport routier, les organismes chargés de mettre en oeuvre la redevance (Viapass, Satellic), la Sofico (bras armé du gouvernement pour les infrastructures routières), les Villes et communes.

L’opposition MR a aussi déploré le manque de précisions sur les compensations, qui sont actuellement négociées par le ministre du Budget Christophe Lacroix (PS) avec le secteur.

Ce sont précisément ces négociations en cours qui ont poussé la majorité parlementaire PS-cdH à refuser l’organisation d’auditions. L’espoir est d’aboutir dans les jours qui viennent et la majorité n’a pas l’intention de torpiller ces pourparlers en les exposant au parlement. On parle de simplifications administratives et au contrôle technique, de mesures pour les écocombis, d’aides aux entreprises utilisant des camions moins polluants, aux secteurs du lait et des carrières, etc. Une vingtaine de millions d’euros seraient en jeu.

Le chef de groupe cdH Dimitri Fourny s’est montré le plus ferme pour refuser des auditions qui retarderaient la mise en oeuvre de cette redevance attendue pour le 1er avril prochain.

Le sujet vit depuis plus de dix ans et tout le monde a déjà eu l’opportunité de s’exprimer, a-t-il notamment relevé, exhibant notamment une déclaration de l’ancien chef de groupe MR Willy Borsus défendant la redevance kilométrique en 2013.

Le débat a plusieurs fois tourné à l’aigre, notamment quand le président de la commission Benoît Drèze (cdH) a accusé M. Crucke de tomber dans la flibuste parlementaire. Trois propositions de M. Drèze de passer au vote sur la demande d’auditions du MR ont été déjouées par les orateurs MR, qui poursuivaient leurs interventions vers 23h30, plus de cinq heures après le début du débat.

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