Voici à quoi ressemblaient nos politiques à 20 ans
1971. « J’étais plutôt du style »peace and love », chemises à fleurs, même si je n’ai absolument pas été touché par Mai 68. Bien sûr, on parlait un peu de Karl Marx et de Trotski. Mais j’allais à la bibliothèque pour prendre des livres de chimie. » Elu au conseil d’administration de l’Université de Mons, président des étudiants, il rencontre Robert Urbain (NDLR: homme fort du PS dans le Hainaut) qui l’incite à s’inscrire au PS. « C’est là qu’ont commencé les jalousies et les difficultés. Tout au long de ma vie politique, j’ai toujours subi le poids de cette irruption volontaire dans le parti. »
1978. « J’étais plutôt cheveux longs et sac de cuir en bandoulière. A l’Université de Liège, en première candidature en droit, j’ai eu François Perin comme professeur. Son cours d’introduction en droit était passionnant. Il improvisait et captivait son auditoire. Je suis bientôt devenu son élève assistant. Au milieu des années 1970, il était ministre aussi, mais on ne parlait pas de politique mais de droit constitutionnel. Une légende est née de mon passage auprès de lui : Jean Gol avait été son assistant, je l’étais à mon tour. La ligne semblait toute tracée pour que je travaille avec l’un puis avec l’autre. »
1981. « J’étais investie dans l’AGL, l’Assemblée des étudiants de Louvain-la-Neuve. J’étais aussi chef lutin à Loverval, près de Charleroi. J’étais active dans un groupe Amnesty International pour les réfugiés politiques. Déjà… A la même époque, j’ai fait de l’alphabétisation pour des familles indiennes, j’ai manifesté pour le droit d’asile. Je ne m’intéressais pas à la politique belge. Je rigolais bien des étudiants de mon auditoire qui étaient aux jeunes PSC. Je me disais : comment peut-on être jeune PSC ? »
1978. « J’étais une baba-cool avec des jupes gitanes, des sabots aux pieds et de très longs cheveux. J’habitais en communauté à Liège tout en faisant mes études de droit. J’avais de longues discussions houleuses avec mon père (NDLR : Gaston Onkelinx, figure importante du PS à Ougrée) parce que je trouvais qu’il faisait trop de compromis. Je militais contre la violence faite aux femmes et je donnais des conseils juridiques aux populations défavorisées. J’étais marquée par mon enfance à Seraing : c’était la défense de la sidérurgie, une époque dure où l’on entendait »plus un franc flamand pour l’acier wallon ». »
1995. « A vingt ans, j’étudie le droit. J’ai le plaisir d’argumenter, je ressens de l’excitation pour le jeu intellectuel. Le concept de commerce équitable titille ma réflexion : comment arriver à un système plus respectueux pour les deux parties qui font du commerce ensemble ? Je pense que le marché n’est pas spontanément vertueux. Je m’ouvre aussi aux enjeux environnementaux. Comment concilier liberté individuelle et respect de l’environnement ? »
1990. « 80 % de mes souvenirs se situent hors des auditoires, parce que beaucoup de cours me décevaient terriblement. » Après un mauvais aiguillage vers le droit, le jeune Bart De Wever étudie finalement l’histoire à l’université : deux candis à Anvers, puis des licences à Louvain et non à Gand où son frère aîné, Bruno, donne cours. « Tout le monde pensait que j’étais prédestiné pour ces études, en secondaires, j’ai longtemps été premier de classe en Histoire », racontera-t-il au magazine de la KUL. Issu d’une famille imprégnée par le mouvement nationaliste, De Wever est membre du Katholiek Vlaams Hoogstudenten Verbond à Louvain et rédacteur en chef du magazine Ons Leven, historiquement héritier du Flamingant, lettre du combat pour la reconnaissance du néerlandais dans une Belgique francophone à la fin du XIXe siècle. Il obtient son diplôme « pratiquement les doigts dans le nez » et prépare un doctorat. Thème ? Le mouvement flamand
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