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Visites transfrontalières: les Belges ne peuvent toujours pas se rendre en France

Le Vif

Les Belges sont autorisés à rendre visite aux membres de leur famille ou à faire des achats dans les pays voisins… sauf en France.

Depuis ce samedi, les Belges sont autorisés à rendre visite aux membres de leur famille résidant en Allemagne, au Grand-Duché de Luxembourg ou aux Pays-Bas. Ils peuvent également traverser la frontière pour faire des achats dans ces pays, à condition de respecter les mesures en vigueur. Ces autorisations ne concernent cependant pas la France, où seuls les déplacements essentiels sont permis, précisent les Affaires étrangères.

Vendredi, le ministre de l’Intérieur Pieter De Crem a annoncé que les visites au-delà des frontières seraient à nouveau possibles à partir de ce samedi. Elles étaient interdites depuis le 20 mars en raison des mesures de lutte contre le coronavirus, lorsque les frontières ont été fermées aux déplacements non essentiels.

Il est donc désormais possible de rejoindre l’Allemagne, le Grand-Duché de Luxembourg ou les Pays-Bas pour rendre visite à sa famille ou faire du shopping. La décision a notamment été saluée par le ministre luxembourgeois Jean Assleborn. Les Affaires étrangères précisent toutefois que ces autorisations ne concernent pas la France, alors que plusieurs médias évoquent le refoulement de Belges à la frontière. Dans l’Hexagone, seuls les déplacements essentiels sont autorisés et il est nécessaire de se munir ainsi que de remplir une attestation pour un déplacement international.

Les maires néerlandais surpris par le retour des Belges pour le shopping

Aux Pays-Bas, la décision du gouvernement belge d’autoriser la population à se rendre aux Pays-Bas pour y faire des achats surprend les autorités locales. « Les Belges sont doués pour les tactiques surprises », écrit le maire de Sluis sur Twitter.

Les autorités des zones frontalières se disent surprises, rapporte le journal zélandais Provinciale Zeeuwse Courant. « Je pense que les bourgmestres belges ont été tout aussi surpris, il n’y a pas eu de concertation à ce sujet », ajoute le maire de Sluis. « Bien sûr, nous aurions préféré le savoir à l’avance pour voir s’il fallait prendre des mesures supplémentaires. » Jan-Frans Mulder de Hulst confirme ce sentiment. « Nous étions prêts pour le 8 juin, une date fixée depuis longtemps pour la réouverture des frontières. Désormais, nous surveillerons de près combien de voitures belges veulent rejoindre Hulst. Si nous constatons qu’il y a trop de monde, nous renverrons des Belges à la frontière. »

Pagaille et déception à la frontière franco-belge

Le soleil brille en ce long week-end de Pentecôte. Mais au poste-frontière de Saint-Aybert, pagaille et déception dominent. Finalement, seules les visites d’un parent âgé en Ehpad (établissement pour personnes âgées) ou les déplacements d’un enfant en garde partagé ou d’un travailleur frontalier sont autorisées.

En France en effet, la police réclame toujours une attestation avec de bonnes raisons professionnelles ou familiales pour laisser entrer les voisins étrangers, belges ou autres. « Depuis ce matin, plus de cent véhicules ont dû faire demi tour », explique à l’AFP sous couvert d’anonymat l’un des trois policiers en faction au poste-frontière de Saint-Aybert, sur l’autoroute reliant Bruxelles à Paris. « Nous n’avons reçu aucune nouvelle directive, on nous a dit de continuer les contrôles comme avant », a-t-il ajouté.

Parmi les conducteurs refoulés, la tristesse domine. « Nous sommes déçus », réagit les larmes aux yeux Renée-France Ringard, une Belge d’une cinquantaine d’années qui comptait retrouver son père demeurant à Croix, dans la banlieue de Lille. Elle ne l’a pas vu depuis le confinement, il y a maintenant plus de deux mois et demi. « Le policier nous a expliqué qu’il n’y a pas de concertation entre les Français et les Belges », raconte-t-elle. « Nous avons promené la voiture », conclut cette Bruxelloise pour résumer sa journée.

Même déconvenue pour Yvon Mathurin et Paule Wetz, un couple d’une cinquantaine d’années, qui s’étaient fait une joie de voir leur fille et leurs petits-enfants, résidant à Aniche (France). « A la télévision, nous avons vu le ministre belge dire que les visites étaient autorisées, ainsi que les courses. On est fort surpris, cela paraît injuste, il n’y a pas de coordination en Europe », dit la quinquagénaire. Et son mari d’ajouter : « On ne sait pas à quoi s’en tenir, il faudrait que les gouvernements se mettent d’accord ». Résidant à Pont-à-Celles (au sud de Bruxelles), ils sont repartis avec les pâtisseries achetées pour fêter leurs retrouvailles avec leurs petits-enfants qu’ils n’ont pas vu depuis février.

Les ministres belge et français des Affaires étrangères sont en contact pour évaluer la situation, selon les deux porte-parole. Mais, sauf changement, la situation en France devrait perdurer au moins jusqu’au 15 juin, ont-il dit. (avec Belga et AFP)

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