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Visite d’Etat, jour 3 : Art contemporain, Brexit et balade chaotique

Muriel Lefevre

Le roi, la reine et la délégation belge se sont levés de bonne heure pour rejoindre Porto, deuxième et dernière ville de la visite d’État de nos souverains au Portugal. Récit d’une journée passée entre art contemporain, un repas sous les dorures et une promenade le long du Douro.

Seconde agglomération du pays du pays avec 1,2 million d’habitants pour le Grand Porto, Porto est aussi la capitale du Nord du Portugal. Un adage veut que quand « Lisbonne se fait belle, Porto travaille ». De quoi justifier une visite expresse dans la ville connue pour la commercialisation du vin Porto et qui se trouve aussi être jumelée à la ville de Liège.

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Jardins et art contemporain

La fin de matinée sera consacrée à la visite du musée de Serralves, le plus important musée d’art contemporain du Portugal. Nichée au coeur d’un vaste et verdoyant domaine, la fondation Serralves a pour mission de favoriser la compréhension et l’appréciation de l’art et de la culture contemporaine. Avec ses 300.000 visiteurs annuels, c’est aussi le musée le plus visité du Portugal.

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Ruinés, les premiers propriétaires, Cabral et son épouse Blanche Daubin, doivent quitter la villa seulement quelques années après s’y être installé. La vente ne se fera néanmoins qu’à la condition expresse que la propriété ne fasse l’objet d’aucune modification. Le respect de cette restriction, et son acquisition par l’État portugais en 1986 fait qu’on peut aujourd’hui visiter ce superbe domaine de 18 hectares resté dans son jus.

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Le site est en réalité composé de trois parties distinctes. Il y a d’un côté le bâtiment moderne qui date de 1999 et signé Álvaro Siza Vieira et de l’autre la villa Serralves, superbe résidence considérée comme le plus bel exemple d’Art Déco au Portugal. Depuis 2012, elle est reconnue comme monument National. Ces deux bâtiments sont eux-mêmes entourés de superbes jardins créés dans les années 1930 par le français Jacques Greber et qui cachent dans leurs recoins une collection de sculpture temporaire.

Les souverains ont pu admirer, dans ce que le roi qualifie de « centre d’excellence dédié à la pensée et à l’art contemporain », l’exposition de trois artistes belges dans la partie moderne de la Fondation Serralves : Luc Tuymans, Marcel Broodthaers et Francis Alys.

Un lunch sous les dorures pour évoquer le Brexit

La journée se poursuit avec un dîner d’état au Palacio da Bolsa (palais de la bourse), un bâtiment néoclassique datant du 19e siècle situé au coeur du quartier historique de Porto. Le fait que les relations commerciales entre la Belgique et le Portugal s’inscrivent à travers les siècles se remarque à travers les fresques du dôme remarquablement décoré et où l’on aperçoit les armoiries de notre pays.

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L’occasion pour le roi de donner son dernier discours de cette visite d’état. S’il prend soin de remercier les hommes d’affaires présents « qui incarnent des traditions vinicoles et agricoles ancestrales et sacrées » et les chefs d’entreprise « résolument contemporains actifs dans des secteurs émergents tels que le commerce électronique, les énergies renouvelables et l’informatique », il y évoquera surtout le Brexit. « Aujourd’hui, nous devons tous deux faire face à des défis semblables. Le Brexit, par exemple. La résurgence inéluctable de barrières commerciales que provoquera le Brexit préoccupe le Portugal et la Belgique, dont la prospérité est largement tributaire de la capacité à exporter. L’intensification des échanges commerciaux et des investissements entre nos deux pays pourrait y remédier. »

Pas moins de sept ministres étaient présents lors de cette visite d’état. Le ministre des Affaires étrangères, les cinq ministres-présidents des Régions et Communautés et le secrétaire d’État au Commerce extérieur. À peine une semaine après les élections communales, celles-ci occupaient encore de nombreux esprits. Ce genre de mission est en effet une occasion unique pour discuter de façon informelle entre « collègues ». Suggestion de réunion ou amorce de négociations sur certains sujets précis n’y sont pas rares. Ce type de concentration de ministre et de la presse dans un même endroit durant trois jours peut aussi servir de caisse de résonnance à certaines informations comme, par exemple, la remise en question de nos relations, ou non, avec l’Arabie saoudite.

Le couple royale accompagné du président du Portugal et de la délégation belge se rendra ensuite à l’église de Saint Francis, célèbre pour son opulent intérieur baroque, avant de se lancer, sous les applaudissements, dans une petite balade digestive le long des rives du Douro. Celle-ci, étant décidée à la dernière minute par le président portugais, va se révéler quelque peu chaotique.

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Les rues étant étroites et la foule dense, elle n’aura pas grand-chose de bucolique. Mais réjouira sans conteste les touristes en goguette qui ont pu voir la délégation et ses nombreux gardes du corps de très près. Surtout pour les Belges présents, qui, pour certains, n’ont pu cacher leur surprise.

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Le roi Philippe se passionne depuis quelque temps pour l’entrepreneuriat social et environnemental. Il demande ainsi aux Régions de convier des acteurs de ce domaine lors des visites d’État. Notre pays compte pas moins de 20.000 entreprises de ce type qui n’emploient pas moins 370.000 personnes.

Le dernier lieu de cette visite d’État, l’université Uptec, s’axe, elle aussi, dans cette optique. Créée il y a un peu plus de 10 ans, elle offre un large et transversal réseau de partenaires et de mentors nationaux et internationaux aux start-up qu’elle soutient. Depuis 2007, elles auront été près de 450 à bénéficier de cette aide précieuse pour se lancer. La présence du couple a également mis en lumière un séminaire organisé par l’Awex (Agence Wallonne à l’Exportation) consacré à l’écosystème des startups et celui de l’agence flamande FIT (Flanders Investment & Trade) sur les « sciences de la mer pour une économie bleue durable ». On notera aussi qu’un important volet académique aura ponctué cette visite d’État avec plusieurs partenariats conclus entre des institutions belges (VUB, UGent, Université Saint-Louis ou encore Ichec) et portugaises.

C’est sur les chapeaux de roue et encadré par une escorte impressionnante que la délégation rejoint l’aéroport de la ville pour clôturer cette visite de trois jours. Avec la signature de 18 contrats de partenariats et la création de nombreux liens formels et informels, cette visite d’état sera qualifiée par beaucoup de succès. Le roi, comme il l’a déclaré au président Marcelo Rebelo de Sousa, n’aura qu’un seul regret: « que cette sa visite au Portugal n’ait duré que trois jours et non trois semaines ».

Deux nouvelles visites d’état sont d’ores et déjà programmées l’année prochaine. Elles auront lieu en Corée du Sud et au Luxembourg.

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