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Une plainte et une pétition contre Mgr Léonard, son porte-parole démissionne

L’avocat et homme politique Jean-Marie de Meester (sp.a) a introduit une plainte contre Mgr Léonard. Et une pétition demandant la démission du primat de Belgique en tant que président du pouvoir organisateur de l’Université catholique de Louvain (UCL) circule actuellement parmi le corps académique de l’université. Son porte-parole a jeté l’éponge.

Ce sont les récentes déclarations polémiques du primat de Belgique sur le sida ainsi que sur les prêtres pédophiles qui ont motivé cette initiative, ajoute la chaîne sans préciser le nombre de signatures déjà recueillies par celle-ci.

Le recteur de l’Université, Bruno Delvaux, ne soutient pas cette pétition rendue publique, estimant que l’université doit régler ce genre de problèmes en interne.

Officiant lundi matin lors de messe de la Toussaint à Woluwé, Mgr Léonard est revenu sur ses propos controversés relatifs aux prêtres pédophiles âgés, dont il avait dit au micro de la RTBF que ceux-ci ne devaient pas être poursuivis par la justice.

Selon le primat de Belgique, ses propos ont été mal compris. « Je renvoie d’abord à la justice », a-t-il insisté lundi lors de son office.

Plainte avec constitution de partie civile Jean-Marie de Meester a introduit une plainte auprès du juge d’instruction de Bruges avec constitution de partie civile, contre Mgr Léonard, a-t-il indiqué mardi matin. La plainte est également constituée d’autres plaintes que l’avocat avait introduites auparavant auprès du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme (CECLR).

La direction de la fédération holebi en Flandre, Cavaria, soutient l’initiative. « Après consultations auprès d’autres juristes, je me suis dit que l’archevêque violait la loi anti-discrimination et commettait des actes calomnieux et diffamatoires avec ses déclarations homophobes », a indiqué l’avocat.

La plainte sera commentée mardi après-midi, à 15h, lors d’une conférence de presse qui se tiendra dans les bureaux de Cavaria, à Gand.

Son porte-parole jette l’éponge

Le porte-parole de l’archevêque André-Joseph Léonard, Jürgen Mettepenningen, a décidé de quitter ses fonctions après trois mois de travail en raison d’une « crise de confiance » et du « leadership », a-t-il déclaré mardi lors d’une conférence de presse à l’abbaye de Grimbergen pour expliquer son choix.

« Ma conviction est qu’il faut une confiance à 100% entre le porte-parole et la personne qui définit cette parole », a exposé M. Mettepenningen dans un communiqué lu devant les médias.

« Durant la période écoulée, Mgr Léonard s’est parfois comporté comme un chauffeur roulant à contresens qui pense que tous les autres se trompent », a-t-il poursuivi, affirmant avoir tenu le rôle de GPS.

Mais l’archevêque n’a pas tenu compte de ses indications. C’est pourquoi le porte-parole a décidé de se retirer, sa fonction étant devenue superflue.

M. Mettepenningen regrette que Mgr Léonard n’ait pas accepté le silence médiatique qui avait été annoncé jusqu’à Noël. « Il n’est pas heureux face au silence médiatique qu’il a pourtant accepté jeudi »,
a-t-il ajouté, précisant que Mgr Léonard s’est encore exprimé lundi, après la messe télévisée. « Je ne puis me satisfaire du manque d’une confiance à 100%. »

Par ailleurs, le porte-parole démissionnaire estime que « Mgr Léonard ne prend pas au sérieux la responsabilité de leadership qui lui est confiée de par sa fonction ». Ainsi, après les perquisitions du 24 juin, Mgr Léonard n’a pas réuni les évêques de Belgique, qui ne se sont revus que le 9 septembre. L’archevêque n’a assisté qu’à une seule des quatre réunions qui ont suivi.

Faisant allusion aux déclarations de Mgr Léonard sur le sida, l’homosexualité et son appel à un peu d’humanité envers les prêtres pédophiles âgés, M. Mettepenningen est convaincu que « la communication doit être accomplie en choisissant correctement le sujet et le langage ». Il est aussi d’avis qu’il faut anticiper les réactions possibles et réagir correctement à celles-ci.

Dans une interview accordée vendredi à la VRT, mais qui ne sera diffusée que dans cinq ans, Mgr Léonard affirme que les remous à la suite de ses déclarations ne le touchent pas vraiment, a encore précisé l’ancien porte-parole. « Littéralement, il a dit que cette agitation n’était qu’une petite tempête en comparaison à ce qu’il a vécu dans le diocèse de Namur. » Cette attitude « surréaliste » me pèse trop pour supporter encore cela, a souligné M. Mettepenningen.

Remerciant les personnes et collègues qu’il a côtoyés durant ces trois derniers mois, en ce compris la presse, le porte-parole a dit regretter son départ, dont il a pris lui-même l’initiative. « Aujourd’hui, je suis sans travail, mais pas sans espoir. Et je n’ai pas perdu ma foi ni mon amour de l’Eglise », a-t-il conclu.

« Du jamais vu en Belgique »

Les déclarations de Jürgen Mettepenningen sur l’archevêque André-Joseph Léonard, son ancien employeur, sont du jamais vu dans l’histoire de l’Eglise belge, affirme mardi soir Bert Claerhout, le rédacteur en chef de l’hebdomadaire catholique flamand Kerk & Leven. « Ces critiques sont inédites dans les milieux catholiques, où l’on s’exprime en général en termes mesurés », explique Bert Claerhout. « Il s’agit ici d’une attaque frontale contre la personne de l’archevêque. »

« Jürgen Mettepenningen devait nettoyer la crasse presque chaque
semaine. Cela ne pouvait pas durer très longtemps », souligne le rédacteur en chef. « Il ne pouvait pas tenir ce grand écart. » Il ne sera pas facile de lui trouver un successeur, estime le rédacteur en chef de l’hebdomadaire catholique. Mgr Léonard doit désormais réfléchir à son rôle, selon Bert Claerhout. « Veut-il continuer à semer la discorde ou veut-il oeuvrer à l’unité? Le Vatican n’interviendra pas rapidement. On l’a choisi justement pour ses positions tranchées. »

Le Vif.be, avec Belga

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