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 » Une nation wallo-bruxelloise : une idée de séparatiste ! « 

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

Brigitte Grouwels, ministre régionale bruxelloise CD&V, distribue claques et compliments aux francophones. La gifle pour le président du PS, Paul Magnette ,et son grand dessein institutionnel. Le coup de foudre pour Rudi Vervoort (PS), nouveau ministre-président bruxellois, et son sens de l’écoute des Flamands.

Le Vif/L’Express : Il faut encourager un patriotisme bruxellois, dit Rudy Vervoort (PS), nouveau ministre-président bruxellois…

Brigite Grouwels : On ne m’enlèvera pas mes autres identités : je ne serai jamais uniquement bruxelloise, je veux aussi rester flamande, européenne. En revanche, on peut stimuler une fierté bruxelloise. Mais cette fierté doit se mériter. Bruxelles devrait être à la pointe des villes européennes, elle peut encore faire mieux en termes de mobilité, de cadre de vie. Le Bruxellois doit pouvoir être fier de sa ville.

Paul Magnette, président du PS, en appelle à une « nation wallo-bruxelloise »…

Qu’on arrête ce langage de vrai séparatiste, tellement gonflé qu’il n’a aucune crédibilité. C’est de la poudre aux yeux. Il ne sert qu’à cacher le fossé entre Wallons et Bruxellois francophones. Plus j’entends ce genre de propos, plus j’entends invoquer haut et fort la Communauté Wallo-Brux, et plus j’ai l’impression qu’il y a vraiment un problème entre les Wallons et les bruxellois francophones. Je sens des tensions entre francophones. Cela n’a d’ailleurs jamais été nécessairement le grand amour entre Wallons et Bruxellois. Quand je me suis installée à Bruxelles, je me souviens avoir assisté à un spectacle de cabaret. J’étais vraiment étonnée de voir la manière dont les Bruxellois pouvaient rire sur le compte des Wallons.

En attendant, les francophones ont su trouver un terrain d’entente pour organiser les transferts prévus en Sécurité sociale vers la Wallonie et Bruxelles.

Oui, et de façon inacceptable. Wallons et Bruxellois francophones se sont mis à parler entre eux de matières qui concernent aussi, en Région bruxelloise, les Flamands de Bruxelles.
C’est incroyable de la part des partis francophones d’avoir osé agir de la sorte dans le dos des Flamands de Bruxelles, sans les consulter. C’est entre Bruxellois, flamands et francophones, que doit d’abord se discuter et se décider la politique en matière d’allocations familiales transférées du fédéral. Nous avons aussi notre mot à dire !

Les francophones tirent-ils la couverture bruxelloise à eux?

Leur démarche donne cette impression. Ils commencent par plaider pour une régionalisation des allocations familiales puis ils s’empressent de lier Bruxelles à la Wallonie. Au CD&V, nous n’aimons pas du tout ça. Je ne vois vraiment pas pourquoi Bruxelles ne devrait travailler qu’avec la Wallonie pour ces matières-là. Il faut aussi être ouvert aux idées qui circulent en Flandre.

Y aurait-il un souffle nouveau sur le gouvernement bruxellois Vervoort Ier ?

Rudi Vervoort représente ce que j’ai toujours espéré trouver dans les leaders politiques francophones de Bruxelles : quelqu’un qui n’est pas méfiant vis-à-vis des autres régions, de la Flandre particulièrement. Et ça, c’est nouveau. . Je constate d’ailleurs dans les milieux économiques flamands qu’il y a un intérêt pour cette nouvelle dynamique bruxelloise qui crée une ambiance positive dans le pays. C’est très agréable à entendre, alors que Bruxelles apparaissait toujours comme une source de problèmes : mauvaise gestion, problèmes financiers, émeutes, etc. L’image de Bruxelles change enfin. Cette politique de la main tendue remplace un climat général de méfiance politique des francophones vis-à-vis de la Flandre, un climat que je n’ai jamais compris.

Bruxelles n’est-elle pas une région très majoritairement francophone ?

Je crains pour les francophones qu’ils ne soient plus majoritaires à Bruxelles. La région est devenue tellement multiculturelle, tellement multilingue. C’est un constat.

Vous redoutez qu’au soir du scrutin 2014 Bruxelles soit prise en otage par la N-VA pour bloquer les institutions du pays ?

Non, c’est un parti démocratique comme les autres.

L’interview intégrale dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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