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Une consultation populaire pour sortir de la crise ?

Vincent Laborderie, politologue à l’UCL, est convaincu qu’une consultation populaire pourrait sortir la Belgique de l’impasse.

Selon vous, l’organisation d’un référendum permettrait-elle de sortir la Belgique de la crise politique ? L’organisation d’un référendum en tant que tel n’est pas possible en Belgique, car il doit être inscrit dans la constitution, ce qui n’est pas le cas. Mais nous pouvons organiser une consultation populaire qui, elle, ne serait pas officielle et pourrait donner des pistes aux hommes politiques pour trouver des solutions, contrairement à un référendum qui les contraindrait à suivre l’avis de la population. Je pense que ça pourrait être une bonne solution.

Sur quel sujet faudrait-il poser la question ? Et comment faudrait-il la formuler ?

Je pense qu’il ne faut pas poser une question sur quelque chose de négatif, comme la fin de la Belgique. D’abord parce que c’est une question dont on parle très peu en Flandre, il n’y a que chez les francophones que cette question est régulièrement abordée. Et puis parce que ce serait faire un cadeau à la N-VA et à Bart De Wever que de mettre cette question sur la table. Enfin, parce qu’on connait déjà la réponse à cette question. On sait qu’il y a 15 % d’indépendantistes en Flandre, le résultat serait probablement proche des statistiques et on n’en serait pas plus avancés.

Par contre, ça pourrait être intéressant de poser une question sur ce que la population veut. Soit sur base d’un texte de réforme, par exemple la note de Di Rupo. Soit sur base d’une quinzaine de questions précises à laquelle on répondrait par oui ou non. Par exemple : Voulez-vous une circonscription fédérale, êtes-vous pour le transfère des compétences de l’emploi et de la justice, etc.

Et une fois les résultats connus, qu’en fait-on ?

Cette consultation populaire, si elle est envisagée sous forme de questionnaire, pourrait mener à des résultats incohérents. L’avantage c’est que les politiques ne seraient pas obligés de s’y tenir, mais qu’ils auraient tout de même un nouveau départ pour négocier sur base de l’avis de la population.

Ne faut-il pas craindre une radicalisation des revendications comme ça pourrait être le cas si on organisait de nouvelles élections ?

Non, il faut garder à l’esprit qu’aujourd’hui la population est moins radicale que les dirigeants, contrairement à la situation lors de la consultation populaire de 1950 relative au retour du roi Léopold III sur le trône de Belgique.

Selon les sondages, seuls 20 % de l’électorat de la N-VA serait pour l’indépendance et 12 % seraient pour un retour à une Belgique unitaire. Ce qui a poussé l’électorat de la N-VA à voter pour eux c’est d’abord le volet socio-économique, le communautaire ne vient qu’en quatrième position.

Le Vif.be, M.G.

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