Un appel à la désobéissance civile

SVEN GATZ (OPEN VLD) FUT INDISCUTABLEMENT UN député méritant. Pourtant, son acte le plus important, grâce auquel il restera vivant dans nos mémoires pendant un bon bout de temps encore, il l’a accompli après sa démission volontaire du parlement flamand.

Joël De Ceulaer, journaliste à Knack

Le 4 septembre dernier, il a renoncé à son indemnité de départ s’élevant à 300 000 euros qu’il avait réclamée dans un premier temps et à laquelle il avait droit en application des textes. Ainsi a-t-il créé un précédent qui comptera : en attendant le nouveau statut des politiques, une règle non écrite fera loi : ceux qui démissionnent de leur plein gré ne pourront plus recevoir des indemnités de départ.

Pas simple, même si on a trouvé, comme Gatz, une nouvelle occupation très bien rémunérée en tant que directeur de l’Union des brasseurs belges. Au Zevende dag, à la VRT, quelques heures avant le désistement de Gatz, Luc Van der Kelen ( Het Laatste Nieuws) et Joris Van Hauthem (Vlaams Belang) affirmaient avec une belle assurance que, eux, ils n’auraient jamais accepté ce « sac plein d’argent ». Quiconque connaît un tant soit peu la nature humaine se rangera plutôt derrière le point de vue plus réaliste exprimé par Kristof Calvo (Groen !) à la même émission : « Il est facile de porter pareils jugements à la télévision. Si on se trouve dans une telle situation, la décision n’est jamais facile à prendre. »
Puisque la « vox populi » a tendance à considérer les politiques comme des profiteurs, d’aucuns se gardent bien de critiquer publiquement le porte-monnaie politique. A tort. On peut accepter que les parlementaires gagnent bien leur vie tout en réprouvant des indemnités de départ par trop royales. Certes, il est évident que l’ « emploi » de parlementaire est fort incertain et, par sa nature même, temporaire. Or la condition des ouvriers ou des caissières est tout aussi aléatoire. Un mot suffit pour répondre aux politiques qui recourent encore à cet argument : flexicurity.
Dans le même ordre d’idée, les pensions des politiques constituent un problème plus grand encore : elles coûtent plus cher et sont plus aberrantes que les indemnités de départ. Après vingt ans, tout parlementaire peut faire valoir ses droits, à 52 ans, à une pension complète.

Aussi longtemps que le statut spécial des politiques ne change pas, les journalistes devraient refuser résolument, en guise de désobéissance civile, de relayer sans sourciller et le plus sérieusement du monde des messages du genre « Travailler plus longtemps est une nécessité incontournable » ou « Les prépensions deviennent impayables ». Collègues journalistes, faisons-en un point de rupture.

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