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Un an de prison avec sursis requis contre Victor Hissel

Le parquet a requis jeudi devant le tribunal correctionnel de Liège une peine de 1 an de prison avec sursis contre Victor Hissel, l’avocat des parents de Julie et Mélissa, poursuivi pour détention d’images à caractère pédopornographique après avoir consulté des sites pédophiles.

C’est à la suite de « l’opération Koala », menée en Australie, que Victor Hissel a été identifié comme client de sites Internet payants. Les enquêteurs australiens ont identifié sur des documents deux jeunes filles parlant avec un dialecte de Bruges. Les auteurs de ces documents (photos et vidéos) recrutaient les victimes en payant leurs parents. Il y avait même des bébés qui figuraient sur certaines images.

Victor Hissel a été identifié comme consultant de ces sites. Il consultait les « prévues », les images destinées à allécher les clients, sans toutefois payer pour consulter les autres images du site. Mais il avait conscience qu’il s’agissait de sites à caractère commercial.

« S’il y a une offre, c’est parce qu’il y a une demande », a exposé le substitut Dulieu lors de son réquisitoire. « Sans pédophiles, il n’y a pas de sites pédophiles. La volonté du législateur est de punir ceux qui provoquent cette offre. »
Le parquet a souligné que les faits sont étalés sur une durée de 3 ans, entre 2005 et 2008. Selon le substitut Dulieu, pour évaluer la nature de la sanction à infliger à Victor Hissel, il faut tenir compte de la gravité des faits, de la longueur de la période infractionnelle et de l’ensemble des éléments liés à la personnalité et au vécu du prévenu.

Le parquet relève une expertise psychiatrique qui évoque des pulsions sexuelles difficilement gérées par Victor Hissel, une minimisation et une banalisation des faits ainsi que des victimes, des petites filles, considérées comme des objets sexuels moins dangereux que les femmes. Victor Hissel a aussi été décrit par ses proches comme un tyran domestique qui impose sa loi, auteur de coups sur ses enfants et de violences conjugales envers son ex-épouse.

M. Dulieu estime qu’il existe un décalage entre l’image qu’il a donné de lui lors de ses combats judiciaires médiatiques et l’image qui est décrite de lui par ses proches.

Le parquet requiert le maximum de la peine pour ce genre de faits et réclame une peine de 1 an de prison. Cette sanction pourrait être assortie d’un sursis probatoire, pour autant que Victor Hissel puisse avoir droit à une mesure de probation. « S’il n’y a pas droit, il faudra choisir entre une peine ferme et une peine avec sursis simple », a terminé le substitut Dulieu.

Avant ce réquisitoire, Child Focus, partie civile dans le dossier, a réclamé un dommage de 25.000 euros contre Victor Hissel. La fondation pour les enfants disparus et sexuellement exploités a expliqué qu’elle consacre chaque année un budget de 155.000 euros pour lutter contre ce type de délit et estime que sa constitution de partie civile est légitime dans ce dossier.

La défense de Victor Hissel a entamé sa plaidoirie en fin de matinée.

« Je regrette d’avoir déçu ceux qui me faisaient confiance »

Victor Hissel a exprimé ses regrets d’avoir commis des faits contraires à la morale en consultant des sites à caractère pédopornographique. « Je jure que mon combat était sincère », a-t-il par ailleurs affirmé en faisant allusion au travail qu’il a mené en faveur de Julie et Mélissa.

Victor Hissel a obtenu la parole en dernier devant le tribunal correctionnel et a affirmé ses regrets d’avoir consulté des sites Internet illégaux. « Je reconnais avoir regardé des images et des sites que la morale réprouve », a-t-il dit. « Mais je n’ai pas payé et je n’ai pas téléchargé. Je regrette d’avoir déçu ceux qui me faisaient confiance. Je suis triste et malheureux mais déterminé à sauver ce qui peut encore l’être. Car je suis un battant dans l’âme et je désire rester avocat pour défendre ceux qui m’accordent encore leur confiance », a-t-il ajouté.

Victor Hissel a fait allusion aux souffrances infligées à sa famille par ses agissements et à son malaise personnel lorsqu’il a défendu Julie et Mélissa. « J’ai vécu une souffrance muette. J’étais seul et écartelé entre mon devoir de mari et mon désir de ramener ces petites à leurs parents. Toutes ces horreurs ont brisé ma vie. On ne sort pas indemne d’une telle épreuve. Mais je jure que mon combat était sincère », a-t-il soutenu.

Selon Victor Hissel, c’est à l’issue de cette épreuve insupportable, l’affaire Dutroux, qu’il a trébuché. Il dit avoir pris conscience de sa fragilité et pris en charge ses peurs et ses faiblesses depuis son inculpation. Il regrette la trop forte médiatisation de son dossier.

Le Vif.be, avec Belga

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