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Tueries du Brabant: « un moment très important de l’enquête, mais pas décisif »

Le Vif

Les déclarations d’un Français, qui aurait reçu les confidences du suspect dans le dossier des Tueries du Brabant, ont conduit la juge d’instruction Martine Michel à délivrer un mandat d’arrêt sous neuf chefs d’inculpation, ont indiqué vendredi le procureur du Roi de Charleroi, Pierre Magnien, et les procureurs généraux de Liège et Mons, Christian De Valkeneer et Ignacio de la Serna.

Le procureur du Roi de Charleroi, Pierre Magnien, a convoqué ce vendredi soir une conférence de presse pour annoncer le placement sous mandat d’arrêt d’un suspect dans le dossier des Tueries du Brabant wallon.

Le mandat d’arrêt a été décerné mardi à l’encontre de ce Bruxellois suspecté d’avoir participé aux Tueries du Brabant, ont précisé Pierre Magnien, Christian De Valkeneer et Ignacio de la Serna lors de la conférence de presse. L’individu, bien connu de la Justice pour des faits graves « d’atteintes aux personnes », a été placé sous mandat d’arrêt mardi sous neuf chefs d’inculpation, dont celui de vol avec violence avec la circonstance aggravante de meurtre. Ce mandat d’arrêt a été confirmé vendredi par la chambre du conseil de Charleroi.

Témoignage d’un Français

Les enquêteurs de la Cellule du Brabant wallon, chapeautés par la juge d’instruction Martine Michel, ont récolté au début de l’année le témoignage d’un citoyen français affirmant avoir reçu les confidences du suspect. Or, ce dernier faisait partie du panel de portraits-robots diffusé en 1997. Trois personnes, à l’époque, l’avaient reconnues mais deux d’entre elles sont décédées depuis lors.

Les analyses ADN, effectuées avec les moyens de l’époque, n’avaient pas permis de relier le suspect aux Tueries. « Un faisceau d’indices permet aujourd’hui de suspecter à nouveau cette personne qui reste, jusqu’à présent, présumée innocente. Elle nie d’ailleurs les faits », a précisé Christian De Valkeneer. « Depuis 1997, les moyens techniques ont évolué et permettent des analyses ADN plus pointues, notamment en ce qui concerne les profils mélangés. De nouveaux devoirs sont en cours, dont une analyse psychologique du suspect afin d’éviter toute mythomanie. L’enquête se poursuit donc à charge et à décharge et d’autres pistes sont toujours poursuivies. »

Le suspect serait impliqué comme auteur ou co-auteur de la première vague de crimes et indirectement concerné pour la seconde. Il nie actuellement les faits. L’individu a déjà purgé des peines de prison mais n’était pas détenu au moment des faits.

D’autres analyses semblent démontrer que les objets découverts en 1985 à Ronquières n’ont effectivement pas séjourné une année dans l’eau. Selon Christian De Valkeneer, il est donc possible que la bande était toujours en activité à ce moment. De nouvelles méthodes d’analyses, qualifiées d’expérimentales, sont toujours en cours. Les résultats sont attendus au mois de juin.

« Rien n’est résolu à ce stade »

Christian De Valkeneer a encore expliqué que les familles ne devaient pas s’attendre à ce que l’affaire soit pour autant résolue. « Rien n’est résolu à ce stade, il ne faut pas s’exciter ni susciter de faux espoirs », tempère-t-il.

« Ce n’est pas un moment décisif dans l’enquête, mais c’est un moment très important depuis de nombreuses années », poursuit le procureur.

Le futur gouvernement doit s’interroger sur la prescription

« Par contre, ce n’est pas certain que nous arriverons à organiser un procès d’assise dans les 18 mois si cette personne s’avère responsable d’un des faits », met en garde le procureur. « Il y a un grave problème moral face à cette prescription, qu’on puisse enterrer une affaire judiciaire telle que celle-là. »

Le dossier des Tueries du Brabant sera prescrit le 10 novembre 2015. Le mandat d’arrêt décerné mardi par la juge Martine Michel n’interrompt aucunement la prescription, fixée par la loi à 30 ans.

Selon Christian De Valkeneer, ce court laps de temps ne permettra probablement pas la tenue d’un procès d’assises, à cause des délais de fixation et des devoirs d’enquête qui restent à effectuer. Voici quelques semaines, M. De Valkeneer avait publiquement plaidé pour un accroissement de la prescription de 30 à 40 ans. « Il serait effectivement intéressant que le futur gouvernement se penche sur cette question », a-t-il déclaré lors de la conférence de presse.

Depuis mars dernier, les enquêteurs effectuaient des fouilles sur l’ancien site minier de Hornu, à Escouffiaux, à la recherche d’une épave de voiture et d’un cadavre d’un probable membre de la bande.

Les tueries du Brabant, une série d’attaques visant essentiellement des grands magasins, ont coûté la vie à 28 personnes dans la première partie des années 1980. Malgré les différentes pistes évoquées, cette affaire n’a jamais été résolue. Les faits commis par les tueurs du Brabant devraient être prescrits le 10 novembre 2015.

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