Hugo Coveliers © BELGA

Tueries du Brabant: l’enquête sur les liens avec la gendarmerie a été entravée

L’ancien membre de la Volksunie et parlementaire Open Vld Hugo Coveliers, qui a également été membre de la première commission parlementaire sur les Tueries du Brabant, n’est pas surpris par les récentes divulgations sur la probable implication d’un ancien gendarme dans la bande.

« Son nom était inscrit dans le dossier mais il n’était pas suspect. Il ne faut pas pour autant blâmer d’office les enquêteurs: beaucoup de noms se trouvaient dans ce dossier », réagit-il lundi auprès de Belga. « Mais toute personne qui prétendait qu’il pouvait exister un lien avec la gendarmerie, comme j’ai osé le faire, se faisait engueuler. L’enquête dans cette direction a été entravée. »

M. Coveliers souligne que le frein mis à une enquête sur une possible implication d'(ex-)gendarmes dans les Tueries du Brabant n’était pas nécessairement de mauvaise foi à l’époque. « Certains refusaient tout simplement de croire que des gendarmes soient capables de ça », raconte-t-il. « J’appelle maintenant à davantage d’ouverture. Les institutions actuelles et les personnes qui travaillent sur le dossier n’ont rien à voir avec cela mais cela donne une mauvaise image au public qui a l’impression que toutes les informations n’ont pas été révélées. »

L’ancien membre de la commission parlementaire ajoute que le fait qu’un membre de la bande puisse être identifié maintenant ne signifie pas que toute l’affaire va s’éclaircir. « L’homme est décédé depuis et puisque les Tueurs du Brabant ont pu opérer selon différentes compositions, c’est surtout important de découvrir qui coordonnait et son mobile », explique M. Coveliers.

« En outre, il faut examiner à quels niveaux de pouvoir ces personnes se trouvaient pour qu’elles parviennent à enfouir certaines affaires. Les enquêteurs qui, au fil du temps, ont eu le sentiment que leurs activités ont été entravées doivent se faire connaître. »

L’avocat Vermassen ne parlera plus aux médias à propos des noms

« J’ai décidé, en accord avec mon bâtonnier, d’imposer un silence médiatique. J’ai fait mon travail dans le dossier des Tueurs du Brabant », a déclaré lundi l’avocat flamand Jef Vermassen. Le procureur général de Liège, Christian de Valkeneer, avait invité l’avocat à lui fournir ses informations après que M. Vermassen avait déclaré que deux noms des membres des Tueurs du Brabant étaient inscrits dans le dossier judiciaire.

Dans l’affaire des Tueries du Brabant, Jef Vermassen était l’avocat de David Van de Steen, qui avait perdu ses parents et sa soeur dans l’attaque du Delhaize d’Alost le 9 novembre 1985. Huit personnes avaient perdu la vie dans ce hold-up.

Selon l’avocat flamand, le nom de C.B., l’ancien gendarme désormais décédé, considéré comme « Le Géant » des Tueurs du Brabant, se trouvait dans le dossier depuis déjà 20 ans. Sur la même page se trouvent, selon M. Vermassen, deux autres noms de membres présumés mais les recherches à leur encontre ont été insuffisantes.

« Si vous n’êtes pas aveugles et que vous regardez bien, vous les voyez », s’est-il exclamé. Le procureur général Christian de Valkeneer a affirmé qu’il n’avait pas connaissance de ces deux noms et avait invité l’avocat à lui fournir ses informations. « Ce n’est qu’un prétexte car on sait très bien ce qu’on ne veut pas trouver. Il faut regarder à nouveau », a répondu l’avocat. « C’est maintenant aux services de police de poursuivre l’enquête », a-t-il encore dit.

La récompense promise par Delhaize toujours d’actualité

La récompense de 250.000 euros promise par Delhaize dans les années 80 en échange d’informations menant à l’arrestation des auteurs des tueries du Brabant est toujours disponible, a indiqué lundi Roel Dekelver, porte-parole de la chaîne de magasins qui avait été la cible de plusieurs attaques sanglantes.

« Cela équivalait auparavant à 10 millions de francs belges, et cette somme est toujours d’actualité », a fait savoir Roel Dekelver. « Durant plus de 30 ans, la direction de Delhaize a mis cette somme à disposition en échange du tuyau menant à des avancées dans le dossier des tueries du Brabant. Delhaize, les clients et le personnel sont profondément affectés par ces attaques qui ont eu lieu à l’époque », ajoute le porte-parole.

« Pour l’instant, nous avons évidemment les yeux tournés vers la justice qui suit le dossier. Elle doit déterminer si des bons tuyaux ou des avancées sont enregistrés dans ce dossier. Il est encore trop tôt pour en juger. (…) Nous espérons bien sûr une percée, parce que cela a été un événement traumatisant pour quiconque a été impliqué de près ou de loin. »

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