Christian de Valkeneer © BELGA

Tueries du Brabant: « C’est le moment de parler »

« C’est le moment de parler. Nous sommes toujours à l’écoute », déclare lundi soir le procureur général de Liège Christian de Valkeneer, contacté par Belga, à la suite des nouveaux éléments dévoilés dans le dossier des Tueries du Brabant. Des appels à témoins sont régulièrement lancés, souligne-t-il.

Les enquêteurs s’intéressent actuellement à un ex-gendarme d’Alost (C.B.) qui pourrait avoir été le « Géant » de la bande des Tueurs du Brabant, après que le frère de celui-ci a dévoilé que C.B. lui avait avoué sa participation. « Juste avant qu’il ne décède en mai 2015 à 61 ans, il m’a raconté son secret », expliquait-il dans la presse ce week-end.

« Nous lançons régulièrement des appels à témoins dans cette affaire, pour que toute personne qui aurait des informations se manifeste. (…) Il y a peut-être encore en Belgique plusieurs personnes qui ont reçu des informations sous forme de confidences ou de manières diverses et qui n’ont pas encore osé » dévoiler ces informations, poursuit le procureur général de Liège.

On voit également que les personnes qui détiennent des éléments « ne se précipitent pas nécessairement » auprès des autorités judiciaires, ajoute-t-il, faisant allusion au fait que les enquêteurs ont appris « via-via » et seulement en février 2017 les confidences faites au frère de l’ex-gendarme par ce dernier. « C’est le moment de parler. Nous sommes toujours à l’écoute », conclut-il.

Le procureur de Liège avait par ailleurs invité Jef Vermassen, l’avocat de David Van de Steen, qui avait perdu ses parents et sa soeur dans l’attaque du Delhaize d’Alost le 9 novembre 1985, à lui fournir les informations qu’il possède.

Selon Me Vermassen, le nom de C.B. figure déjà au dossier depuis 20 ans déjà. « Il n’est toujours pas revenu vers moi. Or il a mes coordonnées et celles de la juge d’instruction. En tant qu’avocat des parties civiles, il a un accès permanent au dossier. Il serait plus déontologique de prendre d’abord contact avec les autorités judiciaires », commente le procureur. De son côté, Jef Vermassen a indiqué lundi soir qu’il ne parlerait plus aux médias des noms des tueurs du Brabant.

Une victime dit avoir recroisé le regard d’un tueur dans un commissariat

Bozidar Djuroski avait 15 ans lors de la tuerie au Delhaize de Braine-l’Alleud, le 27 septembre 1985. Il était présent dans une camionnette devant l’enseigne avec son père, tué ce jour-là. Dans un témoignage livré lundi à la RTBF et à TV Oost, il indique se souvenir « du regard noir » du tueur qui se trouvait non loin de lui. Ce regard, il affirme l’avoir revu plus tard en croisant un policier dans un bureau d’Alost.

« Je ne l’ai pas dit directement, ça m’a bouleversé. Je ne savais pas trop quoi faire », explique-t-il. Le témoignage qu’il fera ensuite sera classé sans suite.

« Mon père m’a dit: couche-toi! Avant de me coucher, j’ai vu un individu devant moi occupé à tirer », raconte-t-il. « Il était à cinq ou six mètres de notre camionnette », explique-t-il. « J’ai vu son visage, il avait un regard sombre et expressif. »

« J’espère qu’un jour on pourra mettre un nom sur les faits, sinon je me dis que j’ai été blessé pour rien, que mon père est mort pour rien. C’est comme si c’était hier pour moi, je n’ai pas encore fait mon deuil. Ça a déstabilisé toute ma vie », poursuit Bozidar Djuroski.

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