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Trop jeunes ou trop vieux, les stéréotypes au travail persistent

Des travailleurs âgés « chers, moins motivés, physiquement plus faibles donc moins productifs, hermétiques au changement, qui maîtrisent moins rapidement les nouvelles technologies, ne sont pas flexibles, … ». Des travailleurs jeunes perçus comme « ayant un manque d’expérience, paresseux et désinvoltes, arrogants et assez sûrs d’eux, exigeants, recherchant avant tout un équilibre vie professionnelle/vie privée, ambitieux et carriéristes, … ». Les stéréotypes et préjugés ont certes la vie dure mais ils évoluent au fil du temps, sur certains points, de manière positive, révèle jeudi une enquête menée par le Centre pour l’Egalité des chances et la lutte contre le racisme (CECLR).

Selon le sondage « Trop jeune – Trop vieux. Stéréotypes et préjugés relatifs à l’âge au travail », mené à l’occasion de l’Année européenne du vieillissement actif et de la solidarité intergénérationnelle, les mentalités changent progressivement.

Ainsi, l’image stéréotypée du travailleur plus âgé qui a des capacités d’adaptation réduites reste présente, mais avec moins d’intensité, tandis que le stéréotype du jeune qui accorde plus d’importance à l’équilibre entre travail et vie privée est toujours fortement ancré, mais n’est pas perçu en soi comme négatif; les travailleurs plus âgés ont en effet du respect pour les jeunes qui privilégient une meilleure qualité de vie.

Pour les répondants, le travailleur est « vieux » quand il atteint 50 ou 55 ans et reste « jeune » jusqu’à 30 ans. L’enquête révèle également que les préjugés vis-à-vis des travailleurs âgés sont plus marqués dans le secteur des soins de santé, des services sociaux, le secteur public et l’enseignement. Pour les travailleurs plus jeunes, ce sont les ouvriers « qui ont de loin la perception la plus négative ». En règle générale, les personnes qui ont un diplôme supérieur ont moins de préjugés que les personnes moins qualifiées.

Au niveau régional, les Wallons se montrent les plus négatifs, tant en ce qui concerne les travailleurs âgés (difficultés cognitives, plus souvent absents, moins motivés) que les travailleurs plus jeunes (moins de motivation au travail, moins de discipline, de collégialité, plus paresseux).

Par ailleurs, au moins 8% des répondants disent avoir éprouvé, au cours des 5 dernières années, des sentiments de discrimination en raison de la catégorie d’âge où ils se trouvent. Le sentiment de discrimination sur base de l’âge touche autant les jeunes que les plus âgés.

« Le Baromètre de la diversité Emploi, un instrument structurel de mesure de la discrimination publié par le Centre en septembre dernier, montre que les (candidats)-travailleurs de plus de 45 ans sont effectivement plus régulièrement discriminés. Mais lorsqu’on aborde le ‘ressenti personnel’ de discrimination, les plus jeunes expriment davantage leurs sentiments de discrimination », constate le directeur adjoint du CECLR, Edouard Delruelle.

Autre enseignement interpellant de ce sondage: près d’un travailleur sur trois estime qu’une discrimination sur base de l’âge lors de l’embauche est justifiée. Les travailleurs eux-mêmes cautionnent donc, en partie, les stéréotypes et les comportements discriminatoires de certains employeurs.

« Généralement, les travailleurs et les employeurs sont conscients des stéréotypes et des préjugés au travail », ajoute Edouard Delruelle. « Ils reconnaissent qu’il existe une catégorisation sociale des jeunes et des plus âgés. Mais le sondage démontre avant tout l’importance de promouvoir les contacts entre les travailleurs jeunes et plus âgés. Il faut tendre vers des groupes plus hétérogènes au travail. On note par exemple, dans le sondage, le souhait de la part de travailleurs plus âgés d’une plus grande collaboration avec les jeunes. Les employeurs en sont conscients mais ils n’y travaillent pas activement. »

Le Vif.be, avec Belga

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