Carte blanche

Trois choses que les étudiants devraient savoir à propos de la grève à la SNCB

Le gouvernement souhaite diminuer le budget de la SNCB de 2,1 milliards, en plus des coupes budgétaires déjà programmées par le gouvernement Di Rupo. Cela représente un total de 3 milliards d’euros, soit 20% du budget de la SNCB. 6 à 7000 jobs sont menacés. Comme étudiant, que pouvons-nous attendre si le Plan Galant est mis en place ?

Les syndicats du rail ont annoncé des actions contre les réformes de la ministre Jacqueline Galant (MR). On ne sait pas encore quel sera l’impact de ces actions. Mais ce qu’on sait par contre, c’est que le gouvernement souhaite diminuer le budget de la SNCB de 2,1 milliards, en plus des coupes budgétaires déjà programmées par le gouvernement Di Rupo. Cela représente un total de 3 milliards d’euros, soit 20% du budget de la SNCB. 6 à 7000 jobs sont menacés. Comme étudiant, à quoi pouvons-nous nous attendre si le Plan Galant est mis en place ?

1. Voyager avec le train sera plus cher

Cela fait plusieurs années que le prix des tickets et des abonnements augmente régulièrement. Le prix d’un Gopass a augmenté de 18% en dix ans, celui du Railpass de 21%. Depuis février, chaque navetteur qui achète son ticket dans le train, peu importe la raison, doit payer un supplément de 7 euros. Et s’il ne possède pas la somme suffisante en cash et ne possède pas de carte VISA, il devra payer une amende de 75 euros, car il est impossible de payer avec une carte bancaire classique.

Pour compenser la lourde saignée de 3 milliards d’euros, les prix seront donc une nouvelle fois augmentés. Le CEO de la SNCB Jo Cornu s’est d’ailleurs déjà plaint que les prix de la SNCB sont aujourd’hui « ridiculement bas ». Ce sont les catégories dites « privilégiées », comme les abonnements étudiants, qui seront les premières à être augmentées. A côté de ça, la direction et le gouvernement veulent aussi rendre possible le fait d’augmenter les tarifs pendant les heures de pointe.

2. Moins de trains

La SNCB est un service public qui doit normalement être accessible à toute la population. Mais la logique d’austérité entraîne également la suppression des lignes et des gares peu utilisées, jugées « trop peu rentables ». Le quotidien néerlandophone De Tijd suggérait d’ailleurs en mai que la SNCB pourrait se concentrer sur le segment des 80% des navetteurs utilisant 15% des stations, et de laisser tomber les autres.

Avec le Plan Galant, les trains tôt le matin et tard le soir seront également supprimés sur de nombreuses lignes. Des gares déjà peu desservies vont tout simplement disparaître tandis que le guichet sera supprimé dans 33 gares supplémentaires. Les trains risquent par ailleurs de connaître encore plus de ralentissements à cause des coupes budgétaires. La cause la plus importante des retards à la SNCB est en effet due à des problèmes techniques. (1) Sans entretien et sans investissements dans l’infrastructure, ces problèmes techniques vont inévitablement augmenter.

3. Un non-sens écologique

Si cela devient plus cher, que l’offre diminue et que la ponctualité fait défaut, alors prendre le train deviendra nettement moins intéressant. Si vous avez le malheur d’habiter au Limbourg ou à Liège et que vous souhaitez vous rendre à un concert à Bruxelles, il y a de fortes chances que vous n’aurez plus de train pour rentrer chez vous après le concert. Si les trains deviennent plus chers aux heures de pointe et que vous devez être au cours à 9h, prendre une voiture deviendra peut-être moins cher. Bref, toutes ces mesures vont avoir pour effet de décourager de nombreux potentiels navetteurs.

Il est pourtant nécessaire d’encourager l’utilisation des transports en commun plutôt que la voiture, afin de diminuer les émissions de gaz à effet de serre, cause du réchauffement climatique. Un train entre Anvers et Bruxelles émet par exemple six fois moins de CO2 que la voiture pour le même trajet. La Belgique signait il y a trois semaines seulement un accord sur le climat prévoyant notamment d’investir dans les alternatives de transports en commun afin d’encourager leur utilisation. C’est cependant l’exact inverse que fait notre gouvernement en voulant diminuer le budget de la SNCB, causant des dégâts dans un premier temps à notre porte-feuille, et à plus long terme en mettant le climat en danger.

Une alternative est possible: investir dans des transports en commun de qualité et accessibles

Avec peu de moyens et souvent beaucoup de trajets à faire, les étudiants sont en première ligne de ces mesures prises par le gouvernement. Entre Bruxelles et Louvain-la-Neuve, il n’y a plus de trains qui roulent à partir de 22h30 le soir. Le trajet d’à peine 32 km peut facilement prendre plus d’une heure lorsqu’il y a des ralentissements. De plus en plus d’étudiants essayent de s’entraider en organisant des covoiturages ou du stop. A Knokke, il y a même un étudiant qui prend son vélo pour aller jusqu’à Courtrai car le trajet de 66 km lui prend quasiment systématiquement plus de temps en train (2). Mais c’est la voiture que choisissent en réalité la plupart des étudiants lorsque l’offre de la SNCB devient trop faible. Ce n’est pourtant pas si difficile de mettre en place une réelle offre de train de qualité, à condition d’investir dans un service maximum.

Ce n’est pourtant pas si difficile de mettre en place une réelle offre de train de qualité, à condition d’investir dans un service maximum.

Un service maximum, cela signifie des trains qui sont à l’heure, avec de bonnes correspondances, des services également là où moins de gens vivent, des trains tôt le matin et tard le soir pour ceux qui travaillent dès l’aube où veulent se rendre dans des activités le soir dans une autre ville, de bonnes conditions de travail pour le personnel et tout cela pour un prix démocratique. C’est parfaitement possible. Le gouvernement vient ainsi de décider d’investir, juste avant Noël, 9,2 milliards dans de nouveaux avions de chasse. Cela montre qu’il y a bien de l’argent disponible pour investir dans les années à venir, mais qu’il s’agit surtout d’une question de priorités politiques.

Par Charlie Le Paige, Président de Comac (jeunes PTB) & Olivier Goessens, vice-président de Comac

(1) Source: NMBS: Visie en activiteiten 2014

(2) Interview met Quinten Coucke in De Morgen, 10 maart 2015

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