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Tindemans et le complexe de la marâtre de Blanche-Neige

Intelligent, Tindemans était courtois et brillant. Mais aussi très attaché à son image. Et indécis. Modéré pour les uns, ondoyant pour les autres, il payera cher l’échec du pacte d’Egmont.

En quelques années, Leo Tindemans devient un phénomène. Il accède au poste de Premier ministre en 1974, porté par une popularité qui sera vite inégalable. Les observateurs de la scène politique se penchent alors sur le personnage. « Il a séduit l’opinion par la sympathie et l’honnêteté qui émanent de l’homme, l’habileté et la patience du conciliateur », écrit-on à l’ambassade de France. C’est sûr : l’homme est un malin. Brillant, cultivé et courtois, il sait aussi se faire charmeur. Et puis, en ces temps de crispation communautaire, son côté « belgicain » rassure. Flamand, Tindemans est surtout un unitariste et un Européen convaincu. Mais la médaille a son revers : « Prudent et mesuré, voire timide selon ses amis, il passe en revanche pour être dissimulé, velléitaire et vaniteux aux yeux de ses adversaires », ajoute-t-on dans les milieux diplomatiques français. Le reproche reviendra. « Il sait qu’il est très intelligent mais il veut être populaire. Il ne peut pas affronter la contrariété », nous confie cet ancien président de parti. Leo Tindemans est très attaché à son image ; il est aussi méfiant. « Il avait un peu le complexe de la marâtre de Blanche-Neige, ajoute un ancien ministre. Tous les matins, il se regardait dans la glace et demandait au miroir : « Dis-moi si je suis encore le plus beau ». Ça le dérangeait d’avoir de la rivalité. »

Après Egmont…

Et puis, l’homme a du mal à trancher. En 1978, Tindemans finit par lâcher Egmont. A l’ambassade de France, on commente la chose sévèrement : « temporisateur né, il s’est révélé dans les situations difficiles, indécis, ondoyant, incapable de faire prévaloir une opinion ou de s’y tenir. » Tindemans perd des plumes dans l’aventure. Il disparaît notamment des tablettes du Palais, où il était pourtant très bien « en Cour ». « Il en a été très malheureux », nous confie ce ministre d’Etat. C’est aussi le début d’une longue rivalité avec Wilfried Martens. Durant près de dix ans, les vedettes du CVP cohabitent dans les mêmes gouvernements. Mais les deux hommes se détestent. « A cette époque, les CVP étaient connus comme des gens qui s’entretuaient, nous confie cet ancien ambassadeur. Entre Martens et Tindemans, il n’y avait aucune confiance. » Tindemans se consolera dans les bras de la politique étrangère, sa « bien-aimée », dont il présidera aux destinées durant huit années.

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