La centrale de Tihange. © BELGA

Tihange: quatre travailleurs écartés après des incidents

A la demande de l’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN), l’ensemble du personnel de la centrale de Tihange va devoir suivre une formation afin d’y « renforcer la culture de la sûreté » à la suite de différents incidents qui se sont produits ces six dernières semaines, a appris Belga vendredi. L’organisme a également envoyé un procès-verbal au parquet de Huy et quatre travailleurs ne peuvent provisoirement plus remplir leurs fonctions, notamment dans la salle de contrôle.

L’AFCN constate davantage d’erreurs évitables, dues à une certaine nonchalance, ces derniers temps. Celles-ci ne sont pas susceptibles de causer un incident nucléaire, tempère toutefois le gendarme nucléaire. « Nous voulons ici adresser un signal fort à Electrabel afin que l’on se reprenne », explique l’Agence. Le 29 juillet dernier, « alors que l’unité 3 de la centrale fonctionnait à pleine puissance, un test de fonctionnement d’une vanne d’isolement de l’enceinte de confinement ne s’est pas déroulé comme prévu. La réaction des opérateurs à la suite de la constatation de l’échec du test ne correspondait pas à ce qui est attendu et fixé dans le référentiel de sûreté de la centrale. Cette réaction a conduit à un non-respect des dispositions réglementaires fixant les règles d’exploitation de la centrale », lit-on sur le site internet de l’AFCN. « Dans des circonstances normales, qu’une telle vanne d’isolement soit ouverte ou fermée importe peu. Mais si un incident se produit dans une centrale nucléaire, la vanne doit être fermée afin d’empêcher une propagation de radioactivité », indique Nele Scheerlinck, porte-parole de l’AFCN.

Selon l’Agence, de cinq à dix incidents se sont produits ces six dernières semaines. « Des incidents se produisent dans toutes les entreprises, et c’est aussi le cas à la centrale nucléaire de Tihange. Mais ici il y en a eu davantage. Il est particulièrement important pour nous que l’on s’imprègne de la culture de la sécurité et que la situation s’améliore ». D’après la porte-parole, les procédures à suivre sont, certes, très détaillées mais sont là pour une bonne raison. Les inspecteurs de l’AFCN ont dressé un procès-verbal à la suite de cette série d’incidents et l’ont transmis au parquet de Huy. On ignore encore si cela donnera lieu à des poursuites pénales. Si cela devait ne pas être le cas, le gendarme nucléaire envisage sérieusement d’infliger une amende administrative de plusieurs milliers d’euros. C’est la première fois qu’un tel procès-verbal relatif à la manière d’exploiter une centrale nucléaire est dressé. L’habilitation de quatre membres du personnel, tant des techniciens que des ingénieurs, a, en outre, été retirée. Ces travailleurs ne pourront plus contrôler la centrale tant qu’ils n’auront pas pu prouver, à l’issue de formations et d’examens, qu’ils maîtrisent suffisamment les principes de sécurité. A la suite de ces incidents, Electrabel, l’exploitant des lieux, a dû mettre en place un plan d’action, qui a depuis été approuvé par l’AFCN. L’Agence n’exclut, enfin, pas une mise à l’arrêt des centrales si la situation devait ne pas s’améliorer.

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