La centrale nucléaire de Tihange © BELGA/Eric Lalmand

Tihange 3 : Electrabel s’attend à un redémarrage rapide

Le réacteur 3 de la centrale nucléaire de Tihange serait relancé dans la nuit de vendredi à samedi, selon une déclaration de transparence d’Engie, la société mère de l’opérateur Electrabel. Ce dernier précise qu’il s’agit d’une « évaluation actuelle ». L’arrêt lié serait a priori lié à un problème technique survenu au système de contrôle.

« Il s’agit d’une estimation selon laquelle la centrale ne serait pas disponible jusque-là », a déclaré la porte-parole d’Electrabel. « Cela dépend des conclusions de l’enquête sur la cause (de la panne). » Cette estimation n’est certainement pas définitive, insiste la porte-parole, le réacteur pouvant être relancé avant ou après la nuit de vendredi à samedi. Le réacteur de Tihange 3 est à l’arrêt depuis ce jeudi à 00h48.

L’arrêt lié a priori à un problème technique survenu au système de contrôle (AFCN)

La mise à l’arrêt en urgence jeudi du réacteur 3 de la centrale nucléaire de Tihange à la suite d’un incident intervient après la rédaction récente d’un procès-verbal par l’Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN) portant sur différentes infractions relevées sur le site nucléaire hutois. Du côté de l’AFCN, on fait remarquer que l’incident qui s’est produit jeudi est d’ordre technique alors que les autres évènements survenus ces dernières semaines épinglés par ses services résultent de manquements de la part du personnel.

L’AFCN indique jeudi que l’arrêt en urgence d’un réacteur n’est pas exceptionnel et se produit statistiquement une fois par an. « Comme pour tout site industriel, un incident technique peut arriver. Quand ils se multiplient, on réagit avec force. Et il est important de déterminer les causes », explique Sébastien Berg, porte-parole de l’AFCN. Face à la multiplication ces dernières semaines d’incidents sur le site nucléaire de Tihange, l’agence de contrôle avait rappelé à l’ordre il y a une semaine Electrabel, lui ordonnant de renforcer la culture de sûreté dans la centrale nucléaire de Tihange. Quatre travailleurs ne peuvent provisoirement plus remplir leurs fonctions, notamment dans la salle de contrôle. « Nous voulons adresser un signal fort à Electrabel afin que l’on se reprenne », avait déclaré l’agence. Le réacteur nucléaire de Tihange 3 a subi cette année une révision décennale et avait été mis à l’arrêt entre le 24 mars et le 12 mai. L’unité 1 subit actuellement une révision depuis le 20 juin et ce jusqu’au 1er septembre.

Quant au réacteur Tihange 2, comme celui de Doel 3, il est à l’arrêt depuis mars 2014 en raison de la présence de milliers de microfissures dans les cuves. Le 29 juillet, un test de fonctionnement d’une vanne d’isolement de l’enceinte de confinement du réacteur 3 de Tihange ne s’est pas déroulé comme prévu alors que la centrale fonctionnait à pleine puissance. L’AFCN a évoqué une réaction inappropriée des opérateurs. L’agence de contrôle avait alors signalé que plusieurs évènements similaires, soit « de six à dix incidents », s’étaient produits sur le site de Tihange durant les six dernières semaines.

Un incident similaire lié à la fermeture soudaine d’une vanne d’isolement de l’enceinte du réacteur 3 a eu lieu le 14 juillet. Le 25 juillet, « à la suite d’une accumulation d’erreurs humaines », une armoire électrique a été débranchée pour une intervention, ce qui a rendu indisponible une chaîne de mesure de la radioactivité, au sein du réacteur de l’unité 1, qui est donc à l’arrêt. Le 8 juillet, la production du réacteur 3 a été volontairement réduite afin de permettre le remplacement d’un élément d’une unité, à la suite d’un incident technique. Le 12 avril, le rinçage d’une fosse destinée à la décantation des boues dans l’unité 3 n’a pas été réalisé selon les procédures, l’AFCN évoquant une nouvelle fois une « succession d’erreurs humaines ». Le 30 novembre 2014, un incendie est survenu dans un poste à haute tension sur le site du réacteur de Tihange 3 et avait entraîné la mise à l’arrêt du réacteur jusqu’au 2 décembre 2014. Le 2 juillet 2014, un autre incendie s’est produit sur un tableau électrique toujours de l’unité 3. Un des dispositifs participant au refroidissement d’urgence du réacteur n’était plus fonctionnel. Ces différents incidents ont été classés au maximum au niveau 1 sur l’échelle INES. Celle-ci compte 7 niveaux allant du niveau 1 (anomalie) au 7 (accident majeur).

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