A bientôt 40 ans, et plus que jamais, Theo Francken est " l'homme qui divise les Belges " (Le Vif/L'Express du 29 septembre 2017). © ID

Theo Francken: « Mener une politique humaine, c’est aussi dire les choses sans ménagement »

Interrogé par nos confrères de Knack, le Secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration Theo Francken réagit à sept assertions relatives à sa politique.

1. Vous vous focalisez davantage sur le frein à mettre sur les abus que sur la protection à offrir.

Theo Francken: Nous nous focalisons sur les deux. Depuis le début de notre mandat, notre devise est la suivante : doux envers les vulnérables, dur envers ceux qui abusent de notre hospitalité. Pour les deux piliers, on élabore une politique. Ainsi, il n’y a jamais eu autant de visas humanitaires, nous respectons nos engagements en matière de réinstallation et de relocalisation, et durant la crise de l’asile, tout le monde était logé, nourri et blanchi.

2. La rétribution de 350 euros pour une demande de régularisation la rend inaccessible à de nombreuses personnes.

C’est inexact. Il y a toujours des demandes, mais de qualité plus élevée. Les gens réfléchissent donc deux fois avant d’introduire une demande qui ne mènerait à rien. Ce qui est exact, c’est que la procédure de régularisation est à nouveau la procédure d’exception pour laquelle elle était prévue. Et elle n’est plus un canal de migration supplémentaire. Grâce à la rétribution, nous avons rattrapé un retard historique de régularisation, il n’y a plus d’actions en justice qui durent des années et la longue confusion pour l’étranger et pour la société qui l’accueille est dissipée.

3. Vous poursuivez surtout la politique de vos prédécesseurs.

C’est exact que nous poursuivons une politique correcte, ferme et humaine, mais en mettant des accents clairs : plus de transparence que jamais et une politique de retour qui se focalise sur le retour de ceux qui abusent de notre hospitalité. Autrefois, on régularisait les criminels qui étaient illégalement dans le pays, maintenant nous les rapatrions.

4. C’est arbitraire d’accorder un visa humanitaire aux Syriens chrétiens.

Cette mission cadre dans la résolution de la Chambre, soutenue par la majorité et l’opposition, de protéger les minorités chrétiennes au Moyen-Orient. Cet effort s’ajoute aux efforts existants dans le cadre du plan de répartition européen et du deal avec la Turquie. Il s’agit de musulmans, de chrétiens et d’autres. N’oubliez pas que les visas humanitaires sont une faveur, et non une obligation. En outre, il s’agit d’une compétence discrétionnaire qui m’appartient, comme l’a confirmé la Cour européenne de Justice pour la question de la famille syrienne. Nos deux critères – la vulnérabilité et un réseau dans notre pays – sont clairs et tout sauf arbitraires. Les familles avec enfants, les malades et les mères seules sont prioritaires, tout comme ceux qui peuvent alléger la pression sur notre réseau d’accueil grâce à un réseau ici.

5. La suppression de droit de résidence illimité pour les réfugiés reconnus augmente l’incertitude, ce qui complique l’intégration.

La Belgique était un des rares pays où le statut de résidence d’un réfugié était immédiatement définitif, maintenant ce n’est qu’après cinq ans. Si au cours de cette période, le pays d’origine se stabilise, les réfugiés peuvent retourner pour construire l’avenir de leur pays et de leur vie. Par ailleurs, il est possible de chercher du travail et de suivre des cours de langue après quatre mois de procédure.

6. Vos lettres d’informations aux demandeurs d’asile désinformaient et effrayaient à la fois.

Une politique humaine, c’est aussi une politique transparente: dire les choses sans ménagement et corriger les attentes de manière réaliste. Ces gens sont souvent leurrés par les passeurs. L’État doit informer correctement, et ne pas créer d’attentes auxquelles il ne peut pas répondre.

7. Difficile de faire preuve de douceur à l’asile quand on limite fortement les canaux d’immigration légaux.

Comme le nombre de voies d’accès légales pour les migrants travailleurs est effectivement limité, ils essaient d’entrer dans l’UE par le biais de procédures humanitaires. Cependant, ce n’est pas une excuse pour venir illégalement. Si les migrants économiques ne respectent pas les critères, ils ne doivent tout simplement pas venir. Tant que les frontières extérieures sont ouvertes et qu’on passe illégalement, on ne peut laisser venir beaucoup plus de gens. C’est possible uniquement à condition de fermer les frontières extérieures.

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