Hans Bonte, bourgmestre sp.a de Vilvorde. © Belga

Terrorisme : les bourgmestres veulent être mieux informés

Les bourgmestres de plusieurs communes concernées par le radicalisme ont exprimé mercredi leur souhait d’être mieux informés par les autorités fédérales et judiciaires. « Il faut prendre le niveau local au sérieux », a souligné le maïeur de Vilvorde, Hans Bonte, devant la commission d’enquête parlementaire sur les attentats terroristes.

Six bourgmestres étaient les invités de la commission: outre M. Bonte, étaient assis côte à côte Bart Somers (Malines), Yvan Mayeur (Bruxelles-Ville), Françoise Daspremont (Charleroi), Françoise Schepmans (Molenbeek) et Muriel Targnion (Verviers).

Chacun a fait part de son expérience, en s’appuyant sur de nombreux cas concrets. Ainsi Mme Targnion a confié avoir appris par la presse que d’importantes perquisitions étaient en cours dans sa ville et que les seules informations dont elle a disposé étaient celles d’un communiqué envoyé à la presse par le parquet fédéral. Ces opérations ont des implications en termes de sécurité. La bourgmestre estime donc que ce serait un minimum d’avertir les autorités locales, quitte à donner une habilitation de sécurité à certains maïeurs.

Les bourgmestres sont responsables de la sécurité et du maintien de l’ordre sur leur territoire, et cette responsabilité est sanctionnée pénalement. Cette charge est particulièrement lourde à la Ville de Bruxelles qui accueille un nombre considérable de manifestations publiques. « Si je suis les recommandations de l’OCAM, je dois interdire toutes les manifestations publiques, toutes! Mais de l’autre côté, j’entends dire certains qu’il ne faut pas céder et changer notre façon de vivre », a fait remarquer M. Mayeur.

Le bourgmestre de la capitale veut être mis au courant des motifs qui justifieraient une décision de sa part. Il a ainsi dû annuler le feu d’artifice du 31 décembre 2015, sans savoir pourquoi.

Les maïeurs s’inquiètent aussi de l’échange d’informations. « Il n’y a jamais de retour par rapport aux informations que l’on transmet », a regretté Mme Schepmans. Or, les polices locales doivent tenir à l’oeil une série de gens. Pas moins de 200 en lien avec le radicalisme à Verviers, a indiqué Mme Targnion.

Les bourgmestres souhaitent par ailleurs recevoir certains rapports de la Sûreté de l’Etat ou de l’Organe de Coordination et d’Analyse de la Menace (OCAM). M. Somers a évoqué le cas d’un rapport récent sur le wahhabisme. « Le bourgmestre d’une ville comme celle de Malines devrait recevoir ce genre de rapport », a-t-il demandé.

Les mosquées et leur reconnaissance sont également une préoccupation. « Il y a une discrimination de la population musulmane dans l’exercice de son culte, qui n’est pas soutenu, ni organisé correctement. La ‘malreconnaissance’ du culte musulman est un problème qui doit interpeller les pouvoirs publics », a affirmé M. Mayeur, citant le cas de Strasbourg où la Ville a construit la mosquée.

Certains acteurs de terrain plaident en faveur d’assises de l’islam, afin de savoir « qui est qui et qui fait quoi ». Le constat dressé est interpellant. « Pendant trente ans, on a laissé faire certaines mosquées, certains prédicateurs, certaines associations culturelles. Aujourd’hui, on est devant l’abîme et on essaie de rattraper le retard. Ce n’est pas possible, il faut laisser s’écouler un certain temps », a expliqué Hamid Benichou, premier agent de quartier à Saint-Josse-ten-Noode.

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