« Tax shift, réfugiés, dette publique et manifestations : l’automne de Michel sera chaud »

« ‘On n’a jamais autant besoin de vacances qu’après sa première semaine de travail’ dit-on, et cet adage vaut certainement pour les membres du gouvernement fédéral » écrit notre confrère de Knack, Ewald Pironet.

Vendredi se tiendra le premier cabinet restreint et le premier conseil des ministres depuis la pause estivale. Vu l’état déplorable des relations entre certains membres du gouvernement, ils ne risquent pas de regarder beaucoup de photos de vacances. Le vice-premier ministre Kris Peeters (CD&V) a accusé son homologue Alexander De Croo (Open VLD) d’avoir fait fuiter des éléments de l’accord sur le tax shift qui montrent que les chrétiens-démocrates sont les grands perdants des négociations. S’il n’y avait pas beaucoup de confiance au sein du cabinet restreint, à présent elle a tout à fait disparu. Avec une ambiance pareille, il est impossible que le gouvernement arrive à un résultat positif. Le premier ministre Charles Michel (MR) aura du travail à remettre son gouvernement sur les rails.

L’accord sur le tax shift conclu à toute vitesse avant les vacances n’est pas seulement décevant parce qu’il ne déplace qu’un montant très limité de taxes du travail vers la consommation, la pollution et la fortune, mais surtout parce qu’il n’ébauche aucun système fiscal transparent et moderne. C’est pourtant urgent, car à l’heure actuelle le système est trop compliqué pour être juste. En outre, l’accord sur le tax shift ne tient pas la route. Par exemple : l’augmentation de la TVA sur l’électricité est-elle retirée de l’index ou pas ? Les partis sont partagés. C’est là un premier dossier que le gouvernement Michel aura à trancher.

Le dossier de l’asile politique risque également d’occuper le gouvernement Michel. « Les réfugiés risquent de poser davantage de problèmes à l’Europe que la crise de dettes grecque » a mis en garde la chancelière allemande Angela Merkel. C’est également le cas pour notre pays. Le gouvernement Michel ne peut se permettre que les réfugiés dorment dans les gares ou dans la rue cet hiver. Mais il ne s’agit pas uniquement de prévoir suffisamment de places d’accueil, il faudra également intégrer les demandeurs d’asile qui obtiennent un permis de séjour parce qu’ils viennent de régions ravagées par la guerre et la violence. Le défi à relever pour le secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration Theo Francken (N-VA) et le gouvernement est considérable.

Les prochains mois, le gouvernement sera également confronté en permanence à la dette publique qui augmente plus que dans tous les autres pays de la zone euro et qui s’élève déjà à 111% du PIB. Seuls la Grèce (168%), l’Italie (135%) et le Portugal (129%) ont une dette plus élevée. Si on ne réduit pas la dette publique, on risque de le payer cher au moment où les taux d’intérêt remonteront. Le gouvernement Michel sait ce qui lui reste à faire. Il vendra peut-être ses participations publiques dans Proximus ou Bpost. Et il faudra mettre de l’ordre dans cette autre entreprise publique qu’est la SNCB, car un tel gouffre financier, sans prestation de services correcte, est intenable.

Les défis que doit relever le gouvernement Michel ne sont pas des moindres

Les défis que doit relever le gouvernement Michel ne sont donc pas des moindres. Le 7 octobre, il y aura une manifestation des agriculteurs et le 8 octobre une manifestation syndicale nationale du front commun CSC-FGTB- CGSLB qui appelle à faire la grève pendant 24 heures « contre toutes les mesures injustes prises par le gouvernement Michel ». Et en toile de fond, il y a une menace qui ne peut être sous-estimée, comme on l’a vu la semaine passée sur le Thalys Amsterdam-Paris. Si l’été est presque terminé, Michel et co peuvent s’attendre à un automne brûlant.

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