© Thinkstock

Tax freedom day : travailler pour vous ou pour l’Etat ?

Oyé bonnes gens, réjouissez-vous ! A partir d’aujourd’hui vous ne travaillez plus pour l’Etat pour le restant de vos jours ! Pardon : des jours de cette année.

C’est, en effet, ce jeudi 14 juin, que la Belgique célèbre son Tax freedom day. Késeskça ? C’est clair, non ? A partir d’aujourd’hui, tout ce que vous gagnez sera pour vous. Corollaire : tout ce que vous avez gagné pendant les 5 mois et demi précédents, eh bien ce n’était pas pour vous, mais pour l’Etat.

Le Tax freedom day a été inventé par un groupe de consultance, PricewaterhouseCooper (PwC), qui fait un calcul divisant le Produit intérieur brut par le total des recettes fiscales et parafiscales. Le résultat est ensuite divisé par 365 ( jours de l’année) pour obtenir le nombre de jours  » couverts  » par les impôts, les taxes et les cotisations sociales.

Simple comme bonjour, non ? Trop pour être vrai. Le résultat est une moyenne complètement fictive, parce qu’il n’existe pas de contribuable moyen résultant de l’addition de tous les types de revenus, y compris ceux des entreprises. Si cela se trouve, vous avez déjà payé votre quote-part à la caisse commune depuis un mois. Mais ce n’est encore qu’accessoire. C’est la distinction même entre  » travailler pour soi  » et  » travailler pour l’Etat  » qui est une aberration. Parce que l’Etat c’est vous ! C’est vous et moi qui  » consommons  » les contributions sous forme de services collectifs et de droits sociaux et scolaires. Plus encore : via les impôts, les budgets publics supportent la conjoncture économique et, depuis peu, les banques. Et sous peu – on peut l’espérer -, la relance.

Calcule-t-on combien de temps le citoyen travaille par an pour les assurances ? Combien, d’heures de travail il doit trimer pour chauffer sa maison ? Et combien il doit payer de cotisations sociales pour que son médecin soit grassement honoré ?

L’exercice de PwC a donc quelque chose de purement démagogique, du moins tant que l’on ne compare pas la pression fiscale à sa contrepartie en forme de services et de bien-être collectifs.

Bien sûr, trop d’impôts tue l’impôt, décourageant l’activité et l’initiative; bien évidemment, personne n’aime payer des impôts. Mais si beaucoup l’éludent, ils sont encore plus nombreux à réclamer un tas d’interventions nouvelles des autorités publiques pour investir dans les infrastructures, la justice pénale et la justice sociale, les clubs de sport, les centres culturels et les événements internationaux. Contradiction suprême du contribuable : payer, non ; bénéficier, oui.

Il reste, au-delà des trop faciles plaidoyers anti-impôts, que les dépenses inutiles doivent être traquées et les deniers publics mieux gérés. Reste aussi, certes, un outil de comparaison internationale. Peu utile s’il ne met pas en balance les contributions et les services rendus respectifs. Plus utile, oui, s’il mesure la compétitivité économique dans un monde globalisé. Mais alors, les critères sont les coûts de production nationaux, et non la pression fiscale incluant, la TVA, les droits de succession, les permis de pêche et l’écot communal sur les éoliennes. Et cette compétitivité-là, ne se mesure pas qu’en termes quantitatifs. Ce sont la qualité du made in Belgium et notre capacité d’innovation qui sont les atouts faisant la différence.

Pierre Schöffers

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire