Etienne Dujardin

Syndicat : Peut-on encore vraiment tolérer l’opacité ?

Etienne Dujardin Juriste et élu conseiller communal MR à Woluwe-Saint-Pierre

Il y a eu beaucoup de déclarations sur les syndicats ce week-end, que cela soit dans les débats télévisés ou via des communiqués. On voit que le sujet intéresse.

J’épinglerai la déclaration la plus franche, celle de Philippe Godefroid, président de l’UCM, qui – via la presse – a demandé au gouvernement d’agir et d’imposer au syndicat la personnalité juridique. Plusieurs demandes ont déjà été faites dans le passé. Cette fois-ci, sa proposition pourrait être retenue pour diverses raisons.

Tout d’abord, les syndicats sont en train de perdre la bataille de l’opinion. Le citoyen a en ras-le-bol des blocages, des prises en otage, des grèves à répétition… Le droit de grève existe et doit être garanti, mais on ne peut tolérer qu’un piquet de cinq personnes bloque des carrefours ou des zonings entiers. Nous ne sommes plus au début du 20e siècle. Il existe d’autres moyens de se faire entendre que de brûler, casser, bloquer…Tout le monde a encore en tête les images de Raymonde saccageant un magasin de vêtements qui refusait de fermer durant un jour de grève. Effarante également la nouvelle de la touriste danoise décédée, car le chirurgien était bloqué par la FGTB et ce de manière totalement illégale. Accablantes les justifications des manifestants qui mettaient le décès de la malheureuse sur le dos de l’hôpital et son absence de plan B. Quel manque de dignité ! Le citoyen se reconnaît de moins en moins – voire plus du tout – dans les actions syndicales de ces derniers mois. On ne peut plus excuser l’inexcusable.

La majorité des Belges ne comprend pas non plus les privilèges que s’octroient les syndicalistes. Il y a eu l’épisode du voyage à Cuba, organisé par le syndicat socialiste qui a coûté plus de 100.000 euros. On s’imagine que la base appréciera ces dépenses somptuaires… Il y a surtout les centaines de millions d’euros brassés chaque année par les syndicats. Il n’est plus normal qu’un tel organisme qui brasse l’argent du contribuable (via par exemple le paiement des allocations de chômage) ne doive pas rendre des comptes de sa gestion. Il est temps de mettre fin à un sentiment d’impunité, d’intouchabilité. La demande de Monsieur Godefroid d’imposer une personnalité juridique au syndicat n’est que normale. Il faut une transparence totale tant des comptes que sur les responsabilités qu’ils doivent assumer.

Plusieurs partis politiques semblent enfin prendre les taureaux par les cornes. Si la NVA, le PP, le MR, l’Open Vld semblent vouloir avancer sur la question selon des modalités différentes, on voit que le CDH et CD&V commencent aussi à sentir que l’opinion est sensible et qu’on ne peut plus tolérer l’opacité actuelle. Seuls le PS, le SPA, et le PTB semblent totalement fermer à toute évolution.

Nos conditions de travail sont parmi les meilleures au monde. Notre sécurité sociale est un joyau à protéger. A force de tirer sur la ficelle, les syndicats font fuir les investisseurs et risquent d’enrayer la croissance économique seule garante d’une redistribution équitable des ressources.

Les syndicats doivent rester des partenaires du dialogue social, mais à force d’immobilisme et de conservatisme, ils laisseront passer le train.

Espérons que le politique prenne de vraies mesures dans les jours qui viennent pour contrer le flou actuel et demande aux syndicats d’avoir la personnalité juridique. Une majorité existe pour faire passer ce texte, et la majorité silencieuse, le citoyen lambda le demande. C’est possible dans la quasi-totalité du monde. Pourquoi pas en Belgique ?

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