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Steven Vanackere démissionne

Le Vif

C’est avec une certaine solennité, dans une des salles de réception du cabinet des finances, que le ministre Steven Vanackere a annoncé qu’il avait demandé à son président de parti de lui trouver un successeur.

Dans une courte déclaration lue d’abord en néerlandais puis en français, le ministre a réaffirmé qu’il n’avait rien à se reprocher, mais qu’il devait passer trop d’énergie à répondre à de fausses accusations. Le climat de méfiance ainsi créé le gêne dans son travail ce qui est mauvais pour le pays, a-t-il dit ajoutant que cela dépasse aussi ce que personnellement il peut encaisser.

Il a ajouté ressentir « comme très injuste » les doutes quant à son éthique. « C’est ce qui explique pourquoi j’ai pris moi-même la décision, et ce, en dépit des encouragements et du soutien que je n’ai cessé de recevoir. » M. Vanackere s’est dit convaincu que son parti lui trouvera « un remplaçant de valeur ». Lui-même s’investira « en tant que membre du parlement ».

Les informations relatives à Wouter Devriendt ont fait déborder le vase

Ce sont les informations publiées samedi à propos de Wouter Devriendt qui ont constitué la goutte qui a fait déborder le vase et provoqué la réaction du ministre des Finances Steven Vanackere de demander à être remplacé. Depuis son entrée en fonction en tant que ministre des Finances, Steven Vanackere est régulièrement l’objet de commentaires dans la presse. On se souvient notamment des rumeurs disant qu’il était « fatigué » lors des dernières discussions budgétaires et de la négociation avec la France à propos de Dexia.
Les choses se sont nettement accélérées avec le déclenchement, pendant les vacances de carnaval, de la polémique relative au rachat des parts bénéficiaires de l’ACW dans Belfius. Lancée par la N-VA, elle a mis le ministre en grande difficulté d’autant plus que Steven Vanackere est un représentant du mouvement ouvrier chrétien au sein du gouvernement fédéral.

Les informations parues samedi dans la presse et selon lesquelles un des membres du conseil d’administration de Belfius, Wouter Devriendt, travaillait aussi au cabinet du vice-Premier ministre et ministre des Finances ont manifestement été la goutte qui a fait déborder le vase. Le ministre a démenti l’information en télévision dimanche mais a ensuite précisé par communiqué qu’en tant que consultant Wouter Devriendt avait bien un bureau au cabinet des Finances et avait toujours une adresse courriel datant de l’époque où il travaillait pour son prédécesseur Didier Reynders.

Ce dernier est d’ailleurs montré du doigt par certains comme étant à l’origine de nombreuses informations qui ont rendu la vie de Steven Vanackere difficile. La mauvaise communication du ministre est aussi soulevée par certains. Elle est manifeste depuis le début de son mandat. Le parti en était conscient mais n’a rien pu y faire.

L’entourage du ministre se dit convaincu que la communication n’est pas en cause. Au cabinet, on se demandait chaque jour ce qu’il « y aurait le lendemain dans les journaux. »Pour le ministre, l’argument principal pour justifier sa décision a d’ailleurs été de dire qu’il était gêné dans son action et que cela nuisait au pays et à son parti. Les observateurs font aussi remarquer que la démission intervient au moment où le gouvernement entame un contrôle budgétaire qui ne sera, une fois de plus, pas facile. Il reste à attendre la suite des événements. Certaines rumeurs font état de la montée au gouvernement du président du CD&V Wouter Beke mais d’autres noms circulent. Le bureau du CD&V se réunit à 14 heures

Le CD&V remercie M. Vanackere

« Les accusations et insinuations persistantes et infondées font payer un lourd tribut. Elles ont mené Steven à prendre la décision personnelle qu’il n’était plus possible pour lui de fonctionner de cette manière. Cette décision témoigne d’un grand courage et obtient notre grand respect », indique le CD&V dans un communiqué, à la suite de l’annonce de la démission de Steven VanackerLe parti souhaite à présent que le gouvernement puisse continuer à travailler le plus vite possible aux dossiers importants qui se trouvent sur la table, notamment le contrôle budgétaire, la mise en oeuvre de la 6e réforme de l’État et la concertation sociale.

« La période qui précède a été une grande épreuve pour Steven sur le plan humain. Il a toujours rempli sa fonction, selon la définition première du mot ministre: comme un serviteur de l’intérêt public. Pourtant, il a dû se défendre continuellement contre toutes sortes d’accusations, sans que celles-ci puissent être justifiées. Cela soulève toutefois des questions quant à la manière dont on fait de la politique aujourd’hui. Lorsqu’il faut mettre plus d’énergie pour réfuter les fausses accusations que dans les dossiers eux-mêmes, cela ne va plus », indique le parti. Le CD&V rappelle encore que M. Vanackere avait été il y a quelques mois salué par le Financial Times comme étant le ministre des Finances le plus fiable de la zone euro. Ce ne sont pas de vains mots pour quelqu’un qui a apporté le calme dans les finances de notre pays, avec un intérêt à long terme diminué de moitié et un budget ramené sur la bonne voie.

Ancien chef de cabinet puis échevin à Bruxelles, M. Vanackere a connu une évolution de carrière ministérielle rapide: d’abord ministre flamand du Bien-être en 2007, puis ministre fédéral de la Fonction publique et des Entreprises publiques en 2009 et à la fin de la même année, ministre des Affaires étrangères.

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