Luc Van Der Kelen

Sortez du bois, Elio !

Luc Van Der Kelen Conseiller politique pour BPlus

SEULS CEUX QUI, EN BELGIQUE, ONT NÉGOCIÉ ET CONDUIT à son terme une réforme de l’Etat ont droit à leur place dans la galerie des hommes d’Etat. Eyskens père, Martens, Dehaene, Verhofstadt. Il faut être doté de talents exceptionnels pour marier l’eau et le feu.

Luc Van der Kelen, éditorialiste au Laatste Nieuws Jusqu’à présent, Elio Di Rupo ne fait pas partie de ce club très sélect. L’été dernier, il s’est mis à la tâche. A ses yeux et d’après les francophones, il a fait un pas décisif, mais, au premier contretemps, à propos de la loi de financement, il a rendu les armes. On ne peut pas dire qu’il s’est engagé à fond. D’ailleurs, le titre qu’il portait alors ne ment pas : préformateur. Cela vaut la différence entre une maison en dur et un préfabriqué.

Elio Di Rupo appartient à la catégorie des politiques les plus prudents. Il prend rarement des risques, si le succès n’est pas assuré d’avance. Un homme d’Etat est d’une autre trempe. Celui-ci ne craint pas le risque. Il essaie et réessaie sans cesse. Il aborde les problèmes de tous les côtés. Et, surtout, il n’abandonne jamais. Nous voudrions maintenant voir Di Rupo à l’oeuvre. S’il désire encore jouer un rôle d’homme politique de premier rang, il ne peut plus se servir du frein à main.

Dans notre pays, un formateur fait figure de futur Premier ministre. Le formateur doit viser le consensus. Il apporte les pierres avec lesquelles un compromis national sera construit. Il faut qu’il soit suffisamment créatif pour sortir des sentiers battus, en abandonnant, si nécessaire, les pistes indiquées par vingt spécialistes. Il doit s’appuyer sur sa propre force. Il peut s’entourer de collaborateurs influents, mais il faut qu’il reste le chef. Ce qui compte, c’est le résultat, et non les arguments qui expliquent un échec.

Le fait que Di Rupo ait accepté la mission de formateur implique qu’il doit d’abord créer la confiance. Il ne cesse de dire, pour se protéger lui-même, qu’il préfère un gouvernement avec la N-VA à d’autres formules. Car, si la N-VA n’est plus dans le coup, elle est capable de revenir plus puissante que jamais. Les francophones risquent alors de payer les pots cassés. Elio doit, dès lors, gagner la confiance de la N-VA. Cela ne peut se faire que sur le terrain, en s’attaquant à des matières qui, depuis la mi-août, se trouvent au centre du débat : la loi de financement et l’autonomie fiscale des entités fédérées. C’est là précisément qu’il a claqué la porte. A lui de la rouvrir.

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