Mélanie Geelkens

Sophie Wilmès : une sacrée paire de responsabilités

Mélanie Geelkens Journaliste, responsable éditoriale du Vif.be

Le tout premier micro qu’on lui tendit sous le nez fut pour lui demander :  » Alors, une femme, au Budget ?  » Sophie Wilmès, du tac-au-tac :  » Ben oui, et alors ?  » Alors, oui, un journaliste s’étonne encore qu’une femme puisse gérer d’autres dossiers chiffrés que des factures de gaz et d’électricité.

Le tout premier micro qu’on lui tendit sous le nez fut pour lui demander :  » Alors, une femme, au Budget ?  » Sophie Wilmès, du tac-au-tac :  » Ben oui, et alors ?  » Alors, oui, un journaliste s’étonne encore qu’une femme puisse gérer d’autres dossiers chiffrés que des factures de gaz et d’électricité. Et, oui, il fallut attendre quinze ans de carrière politique pour sa première interview télé. Echevine à Rhode-Saint-Genèse, OK, ça ne court pas les JT. Députée fédérale, a priori, ça pourrait.

Elle n’aime pas trop ça, de toute façon, notre nouvelle Première ministre. Depuis qu’elle a grimpé dans l’attelage gouvernemental, en 2015, son verbe médiatique se veut rare et mesuré.  » Les baromètres de popularité ne m’empêchent pas de dormir, a-t-elle un jour confié. Ce qui m’intéresse, c’est l’avancement de mes dossiers.  » C’est pour ça que ses collègues l’adorent, comme on peut s’aimer en politique : bosseuse, mais pas trop ambitieuse. Pas trop ombrageuse.

Sauf qu’elle s’est pris un fameux coup de soleil, depuis qu’elle a succédé à Charles Michel, le 27 octobre dernier. Une Première ministre, espèce encore tellement rare qu’elle en devient mondialement reluquée. Des centaines d’articles… mentionnant, quasiment tous, son mari australien et ses quatre enfants. Et la meuf de Theo Francken, la descendance de Didier Reynders ou la provenance du mec d’Elio Di Rupo (Pérou ou Borinage ?), on s’en fout ou on s’en fout ?  » Une mère peut-elle devenir Premier ?  » a même titré le journal néerlandais De Telegraaf. Merde, qui va préparer à bouffer, maintenant, chez les Wilmès ? Charles Michel ne donne probablement jamais le biberon à son troisième rejeton. Par contre, alors que sa compagne allait accoucher, Paris Match s’était inquiété de savoir si elle allait continuer à bosser après son congé de maternité (au cabinet de Sophie Wilmès, justement). Ces journalistes et leurs questions à la con…

Une mère peut-elle devenir Premier ?  » a même titré le journal néerlandais De Telegraaf. Merde, qui va préparer à bouffer, maintenant, chez les Wilmès ?

Ces références constantes à son statut marital et parental, la nouvelle Première s’en était déjà étonnée lorsqu’elle était devenue ministre, elle qui aime pourtant répéter n’avoir jamais subi de comportement sexiste en politique. Féminisme mesurément affiché.  » Je ne comprendrais pas que quelqu’un ne se définisse pas comme tel, déclarait-elle en 2018 à la DH, car c’est simplement revendiquer que les femmes soient l’égal des hommes.  » Et sa manière à elle de l’inculquer à ses trois filles et à son garçon, c’est de leur montrer que  » leur maman travaille. Beaucoup. Qu’elle s’engage dans des fonctions importantes. Ça peut être un exemple.  »

Sophie Wilmès : une sacrée paire de responsabilités
© NICOLAS MAETERLINCK/belgaimage

Ça l’est devenu, et pas que pour ses quatre enfants. Ce fameux role model trop souvent absent, celui qui – même inconsciemment – convaincra les gamines qu’aucune carrière ne leur est inaccessible. Même Barbie en a fait son slogan !  » Deviens ce que tu veux.  » Sophie Wilmès l’incarne, désormais. Double responsabilité. Celle, unisexe, d’assumer la fonction. Et celle, féminine, de devoir assurer dans la fonction. Parce que les jugements d’incompétence sont facilement genrés… Puis parce ce serait pas mal, au fond, que Sophie Wilmès ne donne plus l’impression d’être arrivée là par hasard, dépit, accident ou intérim. Et pourquoi pas par ambition ?  » J’espère rester en poste le moins longtemps possible « , a-t-elle confié lors d’une interview télé. Mais quand un gouvernement, de plein exercice sera formé (sait-on jamais), rien ne l’empêche de se battre pour y rempiler. Alors, une femme,  » vraie  » Première ministre ? Ben oui, et alors ?

Sophie Wilmès : une sacrée paire de responsabilités

C’est pas gagné

Ils ne maîtrisent pas très bien Photoshop, en Iran, apparemment. Car quitte à effacer toutes les femmes de leurs pochettes d’album, les graphistes du site musical Melovaz (sorte de Deezer ou Spotify) auraient pu le faire proprement, et pas en laissant un flou visuellement dégueulasse. Les artistes masculins, eux, n’ont pas disparu, hein. Ils ne sont pas censés porter le voile, eux.

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Françaises (et Français ? ) ont signé la pétition  » Marre de souffrir pour notre contraception ! « , lancée par Sabrina Debusquat, auteure du livre J’arrête la pilule (Les Liens qui libèrent, 2017). Soutenue par plusieurs personnalités, cette campagne espère provoquer l’ouverture d’un débat politique national, histoire d’inciter les scientifiques à développer des contraceptifs sans effets secondaires… et aux responsabilités partagées. Les gars, prêts pour la pilule et le stérilet ?

Réalité virtuelle

Vis ma vie de travailleuse harcelée ! La start-up française Reverto a inventé un casque de réalité virtuelle pour se mettre dans la peau d’une collaboratrice subissant du sexisme ordinaire ou du harcèlement sexuel. Des petits films en immersion qui aideraient à sensibiliser les entreprises qui organisent cette journée de formation (à minimum 2 000 euros, hors taxes). En tout cas, selon une étude du ministère français du Travail, 20 % des femmes actives ont déclaré avoir été victimes de harcèlement sexuel au boulot et 70 % de sexisme.

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