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Sommet du G1000 ou quand la Belgique passe à l’heure de la démocratie délibérative

Un peu plus d’un millier de citoyens ont participé vendredi à Bruxelles, dans une ambiance décontractée mais constructive, au G1000, le tout premier sommet citoyen organisé en Belgique à l’issue duquel une série de propositions de réformes ont été formulées.

Basé sur des expériences de démocratie délibérative similaires menées outre-Altantique, ce G1000 belge entendait « redonner de l’oxygène à la démocratie qui risque actuellement de s’asphyxier et montrer qu’elle peut se régénérer », selon ses organisateurs.

Et vendredi soir, à voir les mines satisfaites arborées par une majorité des participants à l’issue de ce sommet, l’objectif semblait atteint, malgré plus de huit heures de débats intensifs.

Sept cents citoyens -sur les mille invités- avaient fait pour l’occasion le déplacement vers Tour & Taxis, à Bruxelles, pour ce grand remue-méninges où ils furent répartis par table de dix personnes selon leurs langues, avec même quelques tables bilingues.

Interprètes, repas chauds, thermos de cafés sur la centaine de tables dressées, corbeilles de fruit, biscuits, pralines, et même intermèdes humoristiques entre sessions de travail: les organisateurs ont vraiment tout fait pour le confort des participants.

Quelques centaines d’autres citoyens ont également pris part à ce brainstorming citoyen au cours de débats décentralisés organisés dans différentes villes du pays, . On pouvait notamment suivre -et commenter- les débats en direct via le site internet www.g1000.org.

Tout au long de la journée, ces citoyens ont échangé leurs idées sur quatre thèmes: la sécurité sociale, la répartition du bien-être en ces temps de crise financière, la politique d’immigration, et la mise en oeuvre d’une politique énergétique durable.

Et ce avec une série de propositions -parfois inattendues- à la clé, comme une réduction de l’impôt des sociétés, mais avec l’élimination de toutes les échappatoires fiscales qui existent aujourd’hui, la création d’une taxe sur les transactions financières, l’augmentation du salaire minimum, mais aussi une limitation des allocations de chômage dans le temps ou la possibilité de travailler après l’âge légal de la pension.

« Il y a énormément de respect pour les opinions exprimées par chacun autour de la table », confie Philippe, de Charleroi, un des nombreux citoyens tirés au sort.

« Certains sujets furent toutefois plus problématiques que d’autres. Les questions économiques ont donné lieu à peu de dissensions. Mais l’immigration fut un sujet plus sensible », ajoute ce trentenaire, agent dans la fonction publique.

A cet égard, les participants au G1000 se sont exprimés vendredi pour que les candidats immigrés soient amenés à l’avenir à prouver, sous peine de sanctions, leur volonté de s’intégrer. Ils préconisent toutefois des procédures d’examen plus rapides pour les demandeurs d’asile, ainsi qu’une politique européenne plus harmonisée en matière de migration.

« On ne pourra plus dire que le citoyen ne s’intéresse pas à la politique », s’est félicitée Francesca Vanthielen, célèbre présentatrice télé en Flandre et cheville ouvrière de l’événement.

« Je ressens une fierté immense et je vous remercie infiniment », a ajouté de son côté David Van Reybrouck, cet écrivain flamand à l’origine de ce G1000, visiblement ému par le succès de ce sommet.

Les différentes idées dégagées vendredi vont à présent être retravaillées par un G32, regroupant 32 citoyens, qui formulera au printemps prochain une série de recommandations au prochain gouvernement de plein exercice.

Expérience unique en Belgique, ce premier G1000 s’est déroulé sous l’attention de nombreux médias nationaux, mais aussi internationaux, dont Al-Jazeera notamment.

Plusieurs observateurs étrangers avaient également été appelés pour superviser le bon déroulement de l’exercice.

Celui-ci s’est achevé par une cérémonie avec les présidents des différentes assemblées législatives du pays.

« Vous avez fait votre boulot. Nous ferons maintenant le nôtre », a notamment promis le président de la Chambre, André Flahaut (PS).

Ce sommet citoyen a vu le jour à l’initiative d’un collectif d’intellectuels et de personnalités de la société civile, tant du nord que du sud du pays. Ceux-ci ont bénéficié du soutien financier, un peu plus de 600.000 euros, de plusieurs mécènes pour assurer la logistique et l’intendance de cet événement d’envergure.

Le Vif.be, avec Belga

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