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SNCB: « Le service minimum pour les usagers, c’est déjà 365 jours par an »

Les réactions du PS, du CDH, d’Ecolo et du PTB à la mesure de service minimum à la SNCB préparée par le ministre des Transports François Bellot (MR).

PTB: La SNCB est déjà en service minimum toute l’année, il faut investir

« Le service minimum pour les usagers, c’est déjà 365 jours par an », a dénoncé vendredi le député Marco Van Hees (PTB) soulignant « le manque d’investissements » dans le rail et l’intention du ministre François Bellot d’organiser un service garanti en cas d’actions, considéré par le parti marxiste comme une « attaque au droit de grève ».

Ce mercredi 10 mai, les navetteurs ont connu un enfer sur la ligne Namur-Bruxelles: jusqu’à 1.200 minutes de retard cumulées sur cette ligne. Il n’y avait pourtant pas de grève ce jour-là. Jeudi 11 mai, le trafic a été totalement interrompu entre Gand-Saint-Pierre et Lokeren. En raison d’une grève? Non. En raison d’un dommage à la caténaire, relève l’élu PTB. Et le RER, lui, ne sera pas là avant 2030, poursuit-il. « Ces exemples peuvent s’étaler à l’infini: le service minimum, c’est 365 jours par an pour les usagers », conclut le député.

PS: Un écran de fumée pour masquer l’absence d’amélioration du rail en Belgique

« Le service minimum comme s’apprête à le déposer François Bellot est un écran de fumée pour masquer l’absence d’amélioration du rail en Belgique. Il ne résout aucun problème, bien au contraire, il en crée de nouveaux », ont réagi vendredi les députés PS Laurent Devin et Gwenaelle Grovonius.

« Le véritable problème de la SNCB ou d’Infrabel est ailleurs. Il est énorme et les usagers le subissent tous les jours: ce sont les 3 milliards d’économie », estime Laurent Devin. « La principale et réelle menace à la qualité et la continuité du service pour les usagers de la SNCB, c’est la politique d’austérité de ce gouvernement », a-t-il condamné.

Pour le groupe PS, avec ce projet, le ministre « menace le dialogue social » et cherche à « affaiblir les syndicats et les droits des travailleurs » en s’attaquant au principe même de la représentation syndicale, qui protège d’une seule voix tous les travailleurs. « Permettre d’établir des listes de grévistes a priori en obligeant chaque travailleur à déclarer de manière anticipée son intention de participer ou non à la grève ne contribue pas à la paix sociale et déstabilise complètement les conditions du dialogue social », argumente-t-il.

Le CDH jugera le projet à l’aune de son efficacité

Favorable au service minimum à la SNCB – il a déposé des propositions depuis plusieurs années – le CDH analysera le projet du ministre des Transports François Bellot à travers le prisme de son efficacité.

« Il s’agira de voir s’il apporte une véritable plus-value pour les navetteurs », a réagi la cheffe de groupe centriste à la Chambre, Catherine Fonck. « Au vu des premiers éléments sortis dans la presse, nous craignons que beaucoup de navetteurs resteront encore à quai », a-t-elle précisé.

Ecolo affiche son extrême scepticisme

Le député Marcel Cheron (Ecolo) a affiché son « extrême scepticisme » à l’égard de la mesure de service minimum à la SNCB préparée par le ministre des Transports François Bellot. « Au-delà de la philosophie du projet, le scepticisme porte sur la mise en oeuvre d’une mesure non concertée, et les garanties qu’offrirait un tel service en matière de sécurité et de confort », a-t-il dit.

Le projet prévoit que les organisations syndicales informent la direction de la SNCB et d’Infrabel du dépôt d’un préavis de grève 8 jours ouvrables avant l’action, le temps d’ouvrir un espace de discussion. En cas de désaccord persistant, les agents devraient signaler 4 jours ouvrables avant l’échéance s’ils participeront à l’action de grève. Sauf raison impérieuse, les agents ne pourraient plus ensuite changer d’avis, le gréviste contrevenant écopant d’une sanction disciplinaire.

« Je suis sceptique quant à la capacité de mettre en oeuvre un dispositif non concerté », a réagi M. Cheron, rappelant par ailleurs que l’essentiel des perturbations sur le rail était le fait d’actions sauvages pourtant également régies par un protocole d’accord, certes peu suivi.

Par ailleurs, même à envisager que le dispositif de M. Bellot se mette en place, « il faut veiller à ce que son fonctionnement, avec un minimum de personnel, puisse rencontrer toutes les garanties en termes de sécurité et de confort », a ajouté M. Cheron, demandeur, en temps voulu, d’auditions à la Chambre sur cette question.

Selon le député écologiste, pour éviter des actions dont sont victimes les usagers, étudiants et travailleurs en particulier, il s’agit d’investir dans un « dialogue social de qualité » et de miser sur une véritable politique du rail. Or, le gouvernement a décidé de raboter la dotation de 3 milliards d’euros, a-t-il rappelé.

Sur le plan pratique, le député a par ailleurs renvoyé à une proposition de ses collègues de Groen visant à autoriser les travailleurs du rail à organiser la gratuité pour les usagers et les abonnés en guise d’actions de mécontentement.

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