© Belga

SNCB : « Certains dépassent sciemment un feu rouge pour être licenciés »

Selon le syndicat autonome des conducteurs de trains (SACT), une centaine de machinistes à la SNCB sont actuellement forcés de travailler « contre leur gré ». Ils ont démissionné, mais doivent prester un an de préavis, indique Het Nieuwsblad jeudi. « Certains dépassent sciemment un feu rouge pour être licenciés », précise Jorge Vanhove, du SACT.

Le nouveau régime des licenciements a été introduit au début de cette année. Selon ce dernier, tout travailleur en service depuis moins de 10 ans et qui veut changer d’employeur doit à présent prester une année entière, et non plus un mois. Actuellement, selon le syndicat, une centaine de machinistes travaillent alors qu’ils ont présenté leur démission. « Ils conduisent contraints et forcés, alors qu’ils souhaitent travailler dans une entreprise concurrente ou changer complètement de secteur », ajoute Jorge Vanhove.

HR Rail, l’employeur juridique du personnel ferroviaire, indique n’avoir pas pu faire autrement que d’introduire un tel règlement, « parce qu’il s’agit d’un métier en pénurie », commente la porte-parole, Kim Buggenhout. « Nous donnons à chaque machiniste une formation de 15 mois. Cela coûte 45.000 euros, et nous ne voulons pas voir cet investissement partir en fumée. Nous voulons éviter qu’un autre employeur en récolte les fruits. »

Un certain nombre de conducteurs de trains s’est déjà tourné vers le Conseil d’Etat concernant ce règlement. Le SACT attend les développements juridiques mais n’exclut pas des actions.

« Absurde et choquant »

A son tour, la CGSP Cheminots a contesté, jeudi, que des conducteurs de train puissent délibérément franchir des feux rouges pour se faire licencier, comme l’a laissé entendre le syndicat SACT. Une affirmation « absurde et tout simplement choquant(e) », selon le syndicat socialiste.

« Les conducteurs de train exercent une fonction de sécurité importante et ne sont pas prêts à la ridiculiser, non seulement par fierté personnelle mais aussi par loyauté vis-à-vis des collègues. Discréditer sa propre catégorie professionnelle à des fins personnelles, c’est impensable. De plus, une faute intentionnelle vis-à-vis de la sécurité est juridiquement punissable », souligne la CGSP Cheminots dans un communiqué.

Si la CGSP Cheminots reconnaît que « l’application d’un délai de préavis d’un an est (…) un sujet de discussion sur le terrain », le syndicat rappelle que cette mesure a été prise pour éviter « que des entreprises ferroviaires concurrentes du privé puissent embaucher à bon marché des conducteurs de train bien formés – avec l’argent du contribuable – de la SNCB. »

Le syndicat socialiste rappelle encore que, dans certaines situations, il est possible d’accorder une dispense voire un raccourcissement du délai de préavis. « Tout conducteur de train qui souhaite changer de métier, peut donc en faire la demande. La CGSP-Cheminots suit ces dossiers très attentivement et elle intervient auprès de HR-Rail chaque fois que cette possibilité est refusée. Ce qui semble effectivement être le cas dans certains dossiers et suscite des déceptions personnelles », poursuit la CGSP Cheminots, qui demande dès lors une révision du délai de préavis imposé et attend de la direction « une certaine empathie à l’égard des conducteurs de train qui souhaitent mettre un terme à leur carrière de conducteur de train et s’engageraient à ne pas postuler auprès d’un autre opérateur ferroviaire. »

Contenu partenaire