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« Sint-Ignatius » : quand les ultra-cathos retournent à l’école

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

C’est une première en Flandre, « Sint-Ignatius », une école ultra-catholique va ouvrir ses portes en septembre prochain à Overijse. Deux écoles de ce type existent déjà à Bruxelles.

Sur son site internet, Sint-Ignatius affirme vouloir être une extension des familles qui donnent une éducation catholique à leurs enfants. Uniforme, prières quotidiennes, prêtres en soutane et discipline sont au programme de cette école ultra-conservatrice.

La direction attend encore l’approbation du ministère de l’Éducation qui lui permettra de scolariser des étudiants. En Belgique, les écoles privées ne sont soumises qu’à un contrôle de l’Autorité publique pour vérifier que l’établissement n’enfreint pas l’ordre public et les bonnes moeurs. Le Jury central est, dans ce cas, le seul examen qui permet aux étudiants d’obtenir un diplôme certifié.

L’école ne reçoit aucun subside de l’État. Les parents ne pouvant assumer seuls les coûts de fonctionnement (estimés à 10 000 euros par mois), l’établissement fait appel aux généreux donateurs qui souhaitent les aider.

Une école jésuite ?

Comme son nom l’indique, Sint-Ignatius revendique une filiation jésuite. Mais, selon le père jésuite Charles Delhez, aumônier à l’Université de Namur, interrogé par la RTBF, l’école n’aurait de jésuite que les apparences. « C’est prendre la tradition jésuite, mais oublier que l’on a changé de siècle. On voit sur leur site que les élèves vont apprendre le catéchisme de Malines. C’est celui que j’ai appris quand j’étais petit, mais il y a de l’eau qui a coulé sous les ponts depuis lors… », affirme-t-il.

Ce retour à un fondamentalisme catholique n’a rien d’étonnant, selon Cécile Vanderpelen, spécialiste du catholicisme à l’ULB, interrogée par la RTBF. C’est, selon elle, une tendance qui s’observerait dans toute l’Europe depuis une dizaine d’années : « Ils veulent un enseignement homogène, c’est le mot : non mixte. C’est aussi un goût pour la discipline, et qui, effectivement, est fortement remis en question depuis Vatican II, et surtout depuis mai 68 partout », explique-t-elle.

Une école au centre d’un réseau ultra-catholique

Comme l’a observé la journaliste de la RTBF qui a enquêté sur Sint-Ignatius, le numéro de compte sur lequel l’école invite à faire des dons est le même que celui de l’association flamande « Stop christenvervolging », qui lutte contre la persécution des chrétiens, et de la revue Catholica qui réfute notamment la théorie de l’évolution.

L’association « Stop christenvervolging » compte dans ses rangs quelques noms connus. Comme celui de Fernando Pauwels, ancien chercheur de la KUL licencié pour avoir tenu des propos religieusement trop extrêmes portant atteinte à sa crédibilité de scientifique.

Autre personnalité, Yves Pernet qui est décrit comme un ancien militant et collaborateur du Vlaams Belang, du Recht Actueels (publication de droite nationaliste) et du Voorpost (groupe d’extrême-droite ultranationaliste flamingant).

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