Anne-Sophie Bailly

« Si campagne électorale il y a, elle prendra surtout des allures de référendum sur l’avenir du pays »

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Le PS refuse toujours toute coalition avec la N-VA. Le CD&V veut, lui, toujours embarquer avec la N-VA qui veut, elle, former un front flamand, ce dont l’Open VLD et le CD&V ne veulent pas. Bref, rien n’avance. Pire, on recule.

Pourtant, il y a urgence. Le rapport de la Banque nationale est impitoyable. Il pointe la nécessité absolue d’assainir le déficit, de passer au peigne fin les dépenses publiques, d’accroître la productivité. Notre dossier sur les acquis sociaux ne dit pas autre chose. Il faut revoir de fond en comble la sécurité sociale. Et notamment s’attaquer au coût du vieillissement. Une agence de notation a revu à  » négative  » la perspective de la note de la Belgique. La Commission européenne a mis la pression sur les responsables politiques en déclarant souhaiter  » avoir en face d’elle un gouvernement de plein exercice pour traiter ensemble de nombreux problèmes « .

N’en jetez plus. Les signaux sont au rouge. Partout.

Et pourtant, l’immobilisme est total. La voie semble sans issue.

Alors on cherche des chemins de traverse. Comme un gouvernement de transition ou de technocrates pour gérer l’urgence. Mais ce sentier est tout autant semé d’embûches. Boucler un budget, c’est faire des choix, dresser des priorités, entériner des concessions. Choisir entre une politique de gauche ou de droite. Comme pour établir un accord de gouvernement.

Retourner aux urnes : une autre issue ? Là non plus, ce ne serait pas simple. Constater l’impasse actuelle ne suffit pas. Pour reconvoquer l’électeur, il faut aussi une majorité au Parlement. On tourne en rond…

Néanmoins, les partis se préparent. Ils lèvent des fonds, échafaudent des projets de listes, fourbissent leurs armes de campagne. Une campagne que l’on imagine difficilement sereine. Ce serait en effet la première fois que la Belgique retournerait aux urnes sans être passée par la case gouvernement. Une campagne qui prendrait surtout les allures d’un référendum sur l’avenir du pays. Car demander une nouvelle fois à la population de s’exprimer, c’est in fine avouer qu’en l’état, la Belgique est ingouvernable.

Face à ce constat, les partis devraient se positionner. Scinder, séparer, régionaliser, réformer, réparer… Sur cette thématique, le Belang est prêt. La N-VA pourrait ressortir de ses cartons son grand projet de confédéralisme. Mais pour les autres partis ? Qu’en est-il ? Quel est leur projet institutionnel pour l’avenir du pays ? Jusqu’ici, ils se sont montrés particulièrement discrets sur la question.

Ils devraient travailler d’arrache-pied pour proposer leur plan B. Car concevoir une réforme institutionnelle du pays – qui a toujours du mal à digérer la précédente -, ne s’improvise pas. Surtout quand personne n’est demandeur.

Ce qui explique sans doute aussi pourquoi #noelections est toujours le scénario qui prime.

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