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Semaine de tous les dangers pour Charles Michel

Le Vif

Charles Michel entame une semaine houleuse. Ils sont de plus en plus à croire que le gouvernement « orange bleue » ne tiendra pas jusqu’aux vacances de Noël. Entre propos assassins de la N-VA et rumeurs d’alliances improbables, retour sur ce qui a été dit et fait lors du weekend.

Aucune information ne filtrait dimanche soir dans les cercles gouvernementaux, alors que le Premier ministre Charles Michel, à la tête d’une coalition devenue minoritaire après les démissions de ses ministres N-VA, recherchait toujours des soutiens dans l’opposition.

La toute grande majorité de la classe politique affiche sa volonté de ne pas provoquer d’élections anticipées, vu que les citoyens ont déjà voté en octobre (élections locales) et s’apprêtent à retourner aux urnes en mai (au moins pour les régionales et européennes).

« Je prévois une semaine houleuse », a prophétisé le ministre de l’Intérieur, Pieter De Crem (CD&V), envoyé du gouvernement sur les plateaux télévisés. « S’il n’y a pas d’élections anticipées, le gouvernement devra travailler dans une sorte de conférence diplomatique permanente ».

« Nous devons partir à la recherche d’une majorité et je n’imagine pas que la N-VA votera contre les propositions que (ses ex-ministres) Johan Van Overtveldt et Jan Jambon ont élaborées, mais je n’exclus pas que nous arrivions en affaires courantes » la semaine prochaine, a indiqué dimanche le nouveau ministre de l’Intérieur Pieter De Crem (CD&V), sur les plateaux de la VRT et de RTL-TVi.

Vu le ton employé ces derniers jours, « la N-VA semble être plus encline à avoir des élections anticipées, c’est aussi un peu le point de vue du PS, il y a donc une entente entre la N-VA et le PS », a-t-il ajouté. »Je prévois une semaine houleuse », dit M. De Crem. « S’il n’y a pas d’élections anticipées, le gouvernement devra travailler dans une sorte de conférence diplomatique permanente ». Il assure que le Premier ministre Charles Michel avancera des propositions pour continuer à travailler. « Il y a encore beaucoup d’ouvrage sur le métier », souligne le ministre, citant le budget – qui a déjà été voté en commission mais doit encore l’être en plénière -, des mesures pour le pouvoir d’achat, les allocations, le tissu économique, etc.

Un agenda relativement balisé

Le Premier ministre est attendu mardi après-midi à la Chambre pour répondre à des interpellations de l’opposition. Cette dernière lui avait enjoint mercredi soir, à l’initiative du PS, de présenter un programme et de solliciter la confiance avant cette date, une manoeuvre que M. Michel a vue comme une nouvelle tentative de déstabilisation.

Que le Premier ministre demande la confiance, ou que l’un des partis de l’opposition dépose une motion de méfiance, un vote pourrait intervenir jeudi. Les 52 sièges des partis du gouvernement sur les 150 de la Chambre les obligent à rechercher un soutien de l’extérieur, ce à quoi s’employait M. Michel ce week-end encore.

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Une alliance entre la N-VA et le PS ?

L’attitude de la N-VA sera particulièrement scrutée mardi et jeudi, tout comme elle le sera si la plénière de jeudi est appelée comme prévu à se prononcer sur le budget 2019. Les nationalistes flamands avaient déjà approuvé ce budget en commission, avant que leurs ministres ne démissionnent. Ce sera donc « un moment de vérité », avait dit jeudi dernier le Premier ministre.

En attendant, les camps se renvoient la responsabilité de la crise. Les partis gouvernementaux dénoncent une alliance objective du PS et de la N-VA pour faire chuter Michel II.

Le PS réfute: MR et N-VA sont seuls responsables, selon le président Elio Di Rupo. Son parti ne prendra aucune initiative pour précipiter des élections anticipées. « Le PS rappelle que la situation politique chaotique est de la pleine et entière responsabilité du MR et de la N-VA. La crise vient d’eux et exclusivement d’eux », a affirmé le parti dans un communiqué. Mais il pourrait soutenir une motion de méfiance en fonction de la réponse du Premier ministre mardi.

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Assurant ne pas vouloir amplifier le chaos, M. Di Rupo répète que « le PS ne prendra pas l’initiative pour précipiter des élections anticipées ». « Jusqu’au terme de la législature, les socialistes continueront, avec la même vigilance que celle qui a prévalu depuis 2014, à défendre les protections sociales, la santé, les pensions, le pouvoir d’achat, des services publics de qualité, une énergie durable accessible à tous ou encore les libertés individuelles », énumèrent-ils. Sur le plateau de la chaîne de télévision RTL-TVi, Paul Magnette, porte-parole du PS pour la campagne électorale, a ajouté que « le moindre mal (serait) un gouvernement en affaires courantes » jusqu’aux élections prévues en mai. Le président du sp.a, John Crombez, n’est lui non plus pas favorable à des élections anticipées. Comme le PS, il ne se dit prêt à soutenir le gouvernement que si ce dernier change radicalement de cap.

La N-VA, elle, soufflait le chaud et le froid. Ses ténors ont eu des mots très durs en début de week-end sur un éventuel soutien au gouvernement Michel.

Samedi, les propos tenus dans la presse par plusieurs ténors de la N-VA appelant plus ou moins explicitement à la tenue d’élections législatives anticipées, ou posant leurs conditions pour accorder leur confiance au gouvernement minoritaire « orange bleue » du Premier ministre Charles Michel, ont provoqué des réactions dans les rangs libéraux. Le président du MR, Olivier Chastel, a ainsi considéré que la N-VA avait « manifestement tout orchestré » pour faire chuter le gouvernement fédéral « et provoquer des élections anticipées avec le PS ». Le vice-Premier ministre Open Vld Alexander De Croo avait embrayé en affirmant que si la N-VA ne démontrait pas son intention de « parachever le travail des quatre dernières années », alors « ils choisissent des élections » et c’est le président du PS Elio Di Rupo qui en serait « le plus content ».

Semaine de tous les dangers pour Charles Michel
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L’ex-ministre Jan Jambon a également lancé que le Premier ministre devrait devenir une « marionnette » de Bart De Wever s’il voulait le soutien des nationalistes flamands. De la sorte, la N-VA fait monter les enchères, peut-être dans l’espoir d’ouvrir à révision plusieurs articles de la Constitution pour la prochaine législature.

Dimanche, après une rencontre samedi de son parti avec M. Michel, le député N-VA Jan Spooren affirmait la volonté des nationalistes flamands de soutenir Michel II sur des dossiers que les nationalistes flamands ont contribué à élaborer… tout en interdisant au gouvernement de rechercher des majorités à la carte, dans une sorte de « shopping » politique qui détricoterait l’action de Michel I.

Hormis la N-VA, les autres groupes politiques n’ont plus été consultés depuis mercredi. Le Premier ministre a été passablement échaudé par le vote d’une motion le conviant à solliciter la confiance auprès du parlement d’ici mardi. Dimanche, certains trouvaient particulièrement piquant qu’il continue à consulter la N-VA, qui n’hésite pas à le qualifier de « marionnette » et qui pousse de plus en plus à des élections anticipées, si elle ne parvient pas à faire passer l’entièreté de son programme.

Pressé de toutes parts

Alors que la population a mis l’accent ces derniers jours sur l’urgence d’une ambition pour le climat, pour le pouvoir d’achat, voire pour la politique migratoire à travers une série de manifestations sur ces thèmes, les employeurs et les représentants des travailleurs ont eux aussi pressé ce week-end le gouvernement à stabiliser la situation.

Ils doivent entamer début janvier leurs négociations en vue d’un nouvel accord interprofessionnel. Mais sans gouvernement stable ni budget voté, la menace est réelle qu’il n’y ait ni enveloppe bien-être ni financement pour le troisième volet du virage fiscal (« tax shift »). Selon l’administrateur délégué de la FEB, Pieter Timmermans, le gouvernement aurait fixé le montant de cette enveloppe bien-être à 753 millions d’euros.

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