Le procès de Salah Abdeslam et de Sofien Ayari se poursuit ce jeudi toute la journée, après avoir été entamé lundi. © BELGA

Reprise du procès de la fusillade rue du Dries sans la présence de Salah Abdeslam

Le procès de la fusillade de la rue du Dries à Forest reprend jeudi matin à 8h45 devant la 90e chambre du tribunal correctionnel de Bruxelles. Certains avocats de la partie civile prendront encore la parole avant de la laisser aux avocats de la défense. Le principal prévenu, Salah Abdeslam, lui, ne sera pas présent.

Le procès de Salah Abdeslam et de Sofien Ayari se poursuit ce jeudi toute la journée, après avoir été entamé lundi. Au cours de la première journée d’audience, le tribunal a procédé à l’interrogatoire des deux prévenus. Salah Abdeslam a refusé de répondre aux questions que la présidente Marie-France Keutgen voulait lui poser, précisant qu’il ne reconnaissait pas la légitimité et l’autorité du tribunal.

« Je témoigne qu’il n’y a pas de divinité à part Allah et que Mohamed est son serviteur et son messager », a-t-il déclaré. « Mon silence ne fait pas de moi un coupable ou un criminel, maintenant jugez-moi, faites ce que vous voulez de moi, moi c’est en mon Seigneur que je place ma confiance, je n’ai pas peur de vous, de vos alliés et de vos associés. Je place ma confiance en Allah, je n’ai rien à ajouter », a-t-il déblatéré.

Mardi, le tribunal a appris que Salah Abdeslam n’assistera pas à l’audience de ce jeudi. La question est donc de savoir si son conseil, Me Sven Mary, pourra et voudra le défendre dans ces circonstances ce jeudi.

Sofien Ayari, lui, a répondu aux questions du tribunal lundi, tout en restant parfois très vague. Ce dernier a admis qu’il se trouvait bien dans l’appartement de la rue du Dries, le 15 mars 2016, avec Mohamed Belkaïd et Salah Abdeslam, où il a passé « plusieurs semaines ». Il a aussi confirmé qu’Ibrahim El Bakraoui, l’un des auteurs de l’attentat à Brussels Airport, était venu plusieurs fois rue du Dries, principalement pour voir Mohamed Belkaïd, selon lui.

Au moment de l’intervention policière, Sofien Ayari affirme qu’il était dans la pièce du fond de l’appartement. Il a affirmé que seul Mohamed Belkaïd avait tiré sur les agents. Après un premier échange de tirs, il avait trouvé ce dernier allongé, apparemment inconscient, et avait pensé qu’il était mort, a-t-il dit. Il n’a pas donné de détails sur sa fuite avec Salah Abdeslam.

Le jour des attentats de Paris, Sofien Ayari était à Amsterdam avec Osama Krayem et n’a appris les faits qu’à son retour en Belgique, a-t-il assuré.

Lundi, la procureure fédérale a estimé que les prévenus devaient être considérés comme auteur et co-auteur de tentatives d’assassinat, même si l’un d’entre eux n’a pas tiré sur les policiers puisqu’il n’y avait que deux fusils dans l’appartement.

Elle a relevé notamment que l’ADN de Sofien Ayari avait été décelé sur la gâchette d’une des armes et qu’il semble donc que ce soit lui qui ait utilisé la seconde arme qui se trouvait dans l’appartement.

Selon la procureure, les trois hommes s’étaient réparti les tâches. Ils avaient décidé ensemble d’un plan d’attaque, de laisser Belkaïd sur place – parce qu’il était blessé – pour résister au maximum aux policiers. « Mais ils étaient tous les trois prêts à mourir en martyrs », a-t-elle précisé.

Ensuite, Me Maryse Alié, qui représente plusieurs policiers constitués partie civile, a salué la qualité de l’intervention de ses clients, qui avaient permis de « casser » une cellule de l’Etat Islamique (EI) active en Belgique.

Enfin, l’avocat de l’Etat belge a réclamé une « sanction exemplaire » et une somme de plus de 140.000 euros de dédommagements.

Dans ce dossier, Salah Abdeslam et Soufien Ayari sont prévenus pour tentative de meurtre dans un contexte terroriste et pour possession illégale d’armes à feu.

Le 15 mars 2016, des policiers belges et français avaient entrepris de perquisitionner une habitation de la rue du Dries à Forest, dans le cadre de l’enquête sur les attentats de Paris. Dès leur arrivée, ils avaient essuyé des tirs de la part des occupants de l’appartement, alors qu’ils pensaient le lieu inoccupé.

La cellule d’enquête avait suivi une piste, concernant des suspects des attentats de Paris, qui remontait jusqu’à cette habitation.

Au cours de la fusillade, plusieurs policiers avaient été blessés et un des occupants de l’appartement, Mohamed Belkaïd, un Algérien de 36 ans, avait été tué par les forces d’intervention.

Connu sous le pseudonyme de Samir Bouzid, cet homme était soupçonné d’avoir joué un rôle de coordination et de préparation dans les attentats de Paris du 13 novembre 2015.

Les deux autres occupants, Salah Abdeslam et Soufien Ayari, étaient parvenus à s’échapper.

Ils avaient été arrêtés très rapidement ensuite, le 18 mars 2016, rue des Quatre Vents à Molenbeek-Saint-Jean.

Quatre jours plus tard, le 22 mars 2016, d’autres membres de cette cellule terroriste, les frères El Bakraoui et Najim Laachraoui, avaient commis des attentats à Bruxelles, dans le métro et à l’aéroport, faisant 32 morts et des centaines de blessés.

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