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Rentrée: quid des profs « buseurs »

La question souvent « tabou » des enseignants dont les élèves sont parfois tous en échec au terme de l’année scolaire doit figurer parmi les débats essentiels dans les écoles, ont exhorté mercredi les associations de parents de l’enseignement officiel lors de leur conférence de presse de rentrée scolaire.

« Comment est-il possible que des enseignants mettent systématiquement la majorité de leurs élèves en échec sans que ces pratiques ne soient ni inspectées, ni supervisées ou accompagnées? « , s’est interrogée Christine Linard, secrétaire générale de la FAPEO, la fédération des associations de parents de l’officiel.

Elle souhaite que les statistiques d’échecs en juin soient collectées et transmises au service de pilotage et à l’inspection. En objectivant ainsi ce sujet, la pression sur les autres enseignants ou la direction serait allégée, « car nombreux sont les enseignants ou directeurs qui se sentent impuissants à modifier des dictats de leurs collègues ». Les parents, eux, « craignent souvent les représailles », explique Mme Linard.

Le sujet doit, à ses yeux, devenir un des points essentiels mis en débat lors des conseils de participation, cet organe réunissant notamment la direction de l’école, des représentants des enseignants et des représentants de parents.

La question de l’échec scolaire reste une des problématiques les plus difficiles pour les parents, selon la FAPEO. La légère baisse du taux de redoublement amorcée depuis 2008-2009 en primaire n’empêche pas qu’un élève sur cinq soit en retard scolaire en fin de 6e primaire. En fin de secondaire, ce taux est d’un sur deux.

En réalité, « les taux d’échecs, calculés en septembre, seraient bien plus élevés dans le secondaire si on les rapportait aux résultats de juin », fait observer la FAPEO. Elle estime que les statistiques actuelles cachent le fait que les réussites de seconde session résultent bien plus du suivi parental et des cours privés. Or, « on fait comme si ces piètres réussites étaient le résultat de l’école », affirme Christine Linard.

Les pratiques d’échec et de redoublement, que combat la FAPEO, font proliférer un marché privé de soutien scolaire, inégalitaire, saturent les écoles de devoirs de missions de remédiation abandonnées par l’école, etc.

En outre, la disparité des pratiques des écoles en juin (redoublement d’office, examens de passage dans certaines classes et pas d’autres, etc…) interpelle les parents. Dans l’état actuel des choses, la FAPEO souhaite que chaque école laisse à l’élève une nouvelle chance de ne pas redoubler.

Si le redoublement n’est pas une solution de remédiation aux yeux des parents de l’officiel, les cours particuliers ne le sont pas davantage. « Même s’ils deviennent presque la règle », déplore Mme Linard. En effet, face au manque de pratiques de remédiation dans les classes, « les parents sont paradoxalement soulagés de se voir proposer une forme de solution ».

La FAPEO réclame également des mesures pour faire face à la pénurie d’enseignants, à l’absentéisme et à l’absence de cours: constitution d’un staff de réserve suffisant, duos d’enseignants, recours à des outils informatiques ou construits par l’enseignant à distance, sont quelques-unes des pistes avancées.

Levif.be avec Belga

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