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Remplacement des F-16 : près de 15 milliards sur 40 ans

L’achat prévu par le gouvernement de 34 chasseurs-bombardiers, d’un type à choisir parmi cinq candidats américains et européens, pour un coût global estimé à près de 15 milliards d’euros (achat et utilisation sur quarante ans), permettra à la Belgique d’assurer la défense de son espace aérien et de déployer au moins six avions en opération à l’étranger, a indiqué mercredi l’officier chargé du programme, le colonel Harry Van Pee.

Le coût du cycle de vie (CCV, en anglais « Life Cycle Cost », ou LCC) sur une durée de vie estimée à une quarantaine d’années – entre la mise en service et l’année 2058 – représente environ un triplement du prix d’achat, a-t-il expliqué lors d’une audition devant la commission de la défense de la Chambre.

Le gouvernement a, en approuvant le 22 décembre le « plan stratégique 2016-2030 » présenté par le ministre de la Défense, Steven Vandeput (N-VA), réservé un montant de 3,573 milliards d’euros à l’achat de 34 nouveaux avions de combat, destinés à succéder aux F-16 vieillissants à partir de 2023. Mais il ne s’agit que d’une « estimation », a souligné l’officier.

En additionnant l’ensemble des coûts (acquisition, utilisation de deux types d’avions durant la période de transition, pièces de rechange et documentation, entraînement du personnel et même modifications et évolutions à terme), on arriverait à plus qu’un triplement des coûts sur la durée de vie, soit un montant d’environ 14,967 (BIEN: 14,967) milliards d’euros, a ajouté le colonel Van Pee.

Ce qui représente environ 470 millions d’euros par an, ou 15% du budget actuel de la Défense (lequel est appelé à croître à partir de 2019, ndlr), selon l’officier.

Mais les dépenses pendant la période de transition, avec l’utilisation de deux types d’appareils et le début des paiements à partir de 2020-2021, pour des livraisons étalées entre 2023 et 2030, devraient être plus élevées, a-t-il reconnu en réponse à des questions des députés, dont George Dallemagne (cdH), qui a évoqué un nouveau « marché du siècle », en référence à l’achat des F-16 en 1975.

Le colonel Van Pee, qui dirige le bureau de programme de l’état-major de la Défense destiné à piloter le choix par le gouvernement (en principe d’ici la mi-2018) d’un successeur au F-16, a toutefois souligné combien il était difficile de calculer les coûts sur une longue période en raison de facteurs comme les taux de change entre monnaies – en aéronautique la plupart des prix sont calculés en dollars – et l’inflation.

Il a cependant prédit que les futurs appareils permettront davantage le recours à la simulation pour compléter les coûteuses heures de vol, alors que leur entretien devrait s’avérer plus aisé que celui de F-16 actuels.

Le chiffre de 34 chasseurs fixé par le gouvernement est déterminé par le « niveau d’ambition » défini pour la composante Air, qui doit être capable de consacrer deux avions à la « police de l’air » au dessus des territoire belge et luxembourgeois – et bientôt néerlandais -, d’en déployer deux et « peut-être plus temporairement » en opération extérieure, tout en assurant l’entraînement de ses pilotes au quotidien.

Le colonel Van Pee a assuré qu’aucun choix n’avait encore été fait entre les cinq candidats en lice: le F-35A Lightning II de Lockheed Martin, le F/A-18E/F Super Hornet de Boeing, le Rafale F3R du français Dassault, le JAS-39E/F Gripen du suédois Saab et l’Eurofighter du consortium éponyme. Chacun est proposé par une agence étatique car la Belgique souhaite conclure un accord de gouvernement à gouvernement.

Tous sont des avions « multirôles valables », a assuré l’officier, précisant que dans l’état actuel aucun des cinq types n’était capable d’emporter une bombe nucléaire de type B-61 – une préoccupation de plusieurs députés, dont Benoît Hellings (Ecolo) et Wouter De Vriendt (Groen).

Selon lui, le gouvernement devrait approuver dans les prochains mois un « Request for Government Proposal » qui permettra de lancer la phase de programme.

Après analyse des offres, la Défense recommandera au gouvernement, en tenant compte également des « retours » économiques, le choix d' »un ou de deux » appareils. Il s’agira de choisir « le meilleur avion sur base de considérations militaires et budgétaires », a résumé le chef du programme.

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