Maurits Vande Reyde

Réfugiés: Pourquoi le contrôle aux frontières n’est pas la solution

Maurits Vande Reyde Président de Jong VLD (jeune VLD)

Les coûts économiques des frontières sont faramineux. Aujourd’hui on a surtout besoin de courage politique pour sortir de la logique de Schengen et traiter différemment l’immigration selon Maurits Vande Reyde, candidat à la présidence des jeunes VLD.

Les accords de Schengen sont le symbole par excellence de l’Union européenne. Ce n’est donc pas surprenant que le ton soit monté ces derniers jours. Pourtant ce n’était pas le premier coup de canif au contrat. La France, L’Italie et le Portugal avaient déjà introduit des contrôles ponctuels aux frontières. Le comportement de ces pays est d’ailleurs typique de la coopération européenne: beaucoup de symbolique, tout en vaillant à laisser la porte de la souveraineté toujours entrouverte.

À l’époque, ils n’étaient d’ailleurs pas nombreux à s’en inquiéter. Les mentalités changent. La crise des réfugiés n’a rien de temporaire et personne ne sait où va mener cette surenchère de contrôle frontalier. Même chez nous, pas forcément l’endroit le plus problématique, des voix s’élèvent pour demander qu’on rétablisse les frontières. Ce qui fait ressortir de matière très crue la faiblesse fondamentale de Schengen : la politique du « retenez-les aux bords (de l’Europe) » ne marche pas.

Il n’y a que trois manières de réagir face à ce constat. La première est très simple : il suffit de pointer du doigt les pays qui se trouvent en bordure de l’Europe. C’est ce qu’a fait Nicolas Sarkozy avec l’Italie en 2011. C’est ce que font aujourd’hui les sceptiques d’une immigration libre avec la Grèce. La question est alors de savoir ce que ces pays pourraient bien inventer pour les retenir. Construire un mur de grillage comme en Hongrie ? Tout cela ne nous rapproche pas le moins du monde d’une solution. Pour preuve, ces milliers de gens tassés à la frontière serbo-hongroise.

Une deuxième façon de faire est de ramener à la vie les anciennes frontières internes de l’Union. Ici aussi on est en droit de se poser la question de ce que cela pourrait résoudre. Le problème des accords de Schengen et l’inutilité de reporter le problème aux frontières extérieures existera désormais autour de chaque état. Et si quelqu’un applique cette option, tout le monde devra le suivre. Les coûts d’une telle décision sont immenses. En rentrant dans les bâtiments européens, vous ne pouvez pas manquer les brochures qui vantent le boom économique depuis 1995. Placez un signe moins devant tous ces chiffres et vous aurez une idée de ce que pourrait coûter cette nouvelle flambée fétichiste des anciennes frontières.

On a aujourd’hui besoin de courage politique pour voir que ces réfugiés sont plus une opportunité qu’une charge à répartir.

La seule vraie solution est donc de sortir cette logique liée aux accords de Schengen. Au lieu de repousser le problème aux frontières extérieures, nous devons concevoir autrement l’immigration. Le débat a été sans fin ces dernières semaines. On a aujourd’hui besoin de courage politique pour voir que ces réfugiés sont plus une opportunité qu’une charge à répartir. Chaque réfugié à un énorme potentiel économique, tant qu’on y attache assez de responsabilités.

En plein coeur de la crise économique, aucune personne sensée ne prônait des droits de douane plus élevés à l’importation et moins de libre-échange. Construire de nouvelles frontières pour contrer les réfugiés en est pourtant l’équivalent dans cette crise des migrants. Un marché libre, le summum de notre croissance, n’est complet que si l’on embrasse les bienfaits d’une libre circulation des migrants.

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