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Réforme des pensions : le Titanic s’enfonce

Les partis de la nouvelle majorité font avancer leurs troupes à marche forcée pour faire passer la réforme des pensions avant les vacances de Noël. Une réforme qui passe hélas à côté du vrai problème.

Manifestement, le ministre des Pensions, Vincent Van Quickenborne (Open VLD), a l’assentiment des partis de la majorité pour son projet de réforme. Mieux : Bart De Wever se tait dans toutes les langues. Alea jacta est ?

Les syndicats, FGTB en tête, n’ont pas tort sur un point : ce passage en force court-circuite tout débat démocratique. Ni les partenaires sociaux ni l’opposition ni même les partis de la majorité n’auront réellement l’occasion de s’exprimer sur le projet du gouvernement. Pourtant, même si elle s’avère nettement plus ambitieuse que le Pacte des générations de 2005, cette nouvelle réforme ratera son objectif.

Les brèches sont colmatées…

Côté positif, la réforme  » Q  » s’attaque aux nombreux trous dans la coque du Titanic de la pension légale :
Les prépensions conventionnelles : la pension de retraite des travailleurs concernés est en effet calculée comme s’ils avaient travaillé jusqu’à 65 ans, alors que l’Etat ne perçoit plus de cotisations sociales. Y restreindre l’accès fournira un ballon d’oxygène.

La retraite anticipée avant 65 ans : reculer de 60 à 62 ans l’âge minimal et faire passer la carrière minimale de 35 à 40 ans permettra de maintenir les travailleurs âgés plus longtemps au travail, avec un double effet : plus de cotisations pour le système, et des pensions qui seront payées plus tard

Les régimes spéciaux : de nombreuses catégories de travailleurs bénéficient de pensions plus élevées ou d’un âge de retraite moins élevé, privilèges actuellement financés par le budget général des pensions.

… mais le Titanic fonce sur l’iceberg

Hélas, le véritable problème est ailleurs, comme le relevait en septembre Retraites plombées : comment l’État vole votre avenir (La Renaissance du livre), un ouvrage coécrit par les journalistes Ludovic Delory et Frédéric Wauters. Notre pension légale est en effet basée sur la répartition : les retraites des pensionnés sont financées par les cotisations des travailleurs encore actifs. Or nous venons d’entrer dans l’ère du papy-boom : la génération née entre 1945 et 1968, commence, depuis 2010, à prendre sa retraite. Parallèlement, la chute de la natalité observée depuis 1970 a réduit le nombre de jeunes travailleurs. Plus de pensionnés, moins de cotisants : une réalité à laquelle les réformes actuelles ne s’attaquent pas. Les brèches dans la coque du Titanic des pensions seront réparées. Mais le navire fonce toujours droit sur l’iceberg démographique. Bientôt, il sera trop tard pour le coup de barre salutaire.

Et pourquoi pas TOUS les régimes spéciaux ?

Journalistes, enseignants, juges, pompiers, militaires… Tous sont désormais dans le collimateur de  » Minister Q « . Tous ? Non, un petit village résiste encore à l’envahisseur.
La pension des parlementaires a pourtant tout d’un régime spécial : pour commencer, les députés peuvent y prétendre dès l’âge de 55 ans, avec une possibilité de retraite anticipée à 52 ans. Ensuite, pour donner droit à une pension complète, la carrière ne doit compter que 20 ans, contre… 45 pour les salariés. Enfin, nos parlementaires ont choisi la capitalisation : chaque assemblée a constitué un fonds de pension – identique à nos pensions du deuxième pilier – dans lequel les députés versent chaque année une cotisation de 8,5% sur leurs émoluments bruts. Vous avez dit  » régime spécial  » ?

Le président de la Chambre, André Flahaut, a assuré mardi soir que les parlementaires participeront bien à l’effort d’assainissement des finances publiques et que les modalités de la réforme de leur pension seront définies par un groupe de travail à mettre sur pied. « Il serait inadmissible que l’on ne revoie pas aussi le régime des pensions des parlementaires » – alors que celui de nombre d’autres catégories de Belges seront modifiés -, a affirmé M. Flahaut (PS).

F.W.

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