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Réactions en chaîne aux propos de Bourgeois sur l’autonomie de la Flandre: « Les masques tombent »

La N-VA a montré son vrai visage, ont indiqué plusieurs vice-premiers ministres après les déclarations du ministre flamand Geert Bourgeois (N-VA) dans la presse. « La N-VA se dévisage enfin! Geert Bourgeois dit clairement: nous voulons l’indépendance. Les masques tombent », a souligné la vice-première PS, Laurette Onkelinx, interrogée en marge des travaux budgétaires.

Interrogé samedi dans « De Standaard » et « Het Nieuwsblad« , le vice-ministre-président N-VA du gouvernement flamand a expliqué que, si la N-VA devenait incontournable après les élections de 2014, elle pourrait imposer sa volonté. Or, selon lui, toutes les compétences doivent être transférées du fédéral vers les entités fédérées. La seule chose que co-géreraient encore Flamands et francophones serait Bruxelles. Cette « sortie » n’a pas manqué de suscité de nombreuses réactions dans le landerneau politique.

« Après le Carnaval, les masques tombent », a ainsi renchéri Alexander De Croo (Open Vld), étonné par une telle déclaration: « Ce serait comme si l’on disait, dans un couple, on ne va pas se séparer mais on n’habitera plus ensemble ».

La ministre Sabine Laruelle (MR) a appelé les nationalistes flamands à se montrer moins présomptueux. « Je sais que certains aiment partir gagnants avant même que les élections aient eu lieu. On va quand même attendre les résultats. Le citoyen belge doit d’abord se prononcer ».

« Ce genre d’interview ne m’intéresse absolument pas », a lâché la vice-première cdH, Joëlle Milquet, avant de rappeler son opposition à toute forme de scission de la Belgique.

Bourgeois est moins ambigu que De Wever; nous ne lâcherons pas Bruxelles, dit Michel

Le discours de Geert Bourgeois ne constitue pas une surprise car le projet de la N-VA est séparatiste. Mais il a le mérite de la clarté après les propos ambigus du président de la N-VA, Bart De Wever. Les francophones ne lâcheront pas Bruxelles, a affirmé samedi le président du MR, Charles Michel. « Si celui qui ambitionne d’occuper la ministre-présidence du gouvernement flamand à la Place des Martyrs (ndlr: à Bruxelles) arrive à ses fins, il peut se préparer à chercher un local en Flandre car nous ne lâcherons jamais Bruxelles », a commenté Charles Michel, via l’agence Belga.

Pour le président du Mouvement Réformateur, les propos de Charles Bourgeois en faveur de ce projet indépendantiste « ont en tout cas le mérite de la clarté après les déclarations ambigues et hypocrites de son président de parti ».

Après l’opération de charme, le vrai visage de la N-VA, selon le PS

Le PS s’est contenté samedi d’un « tweet » pour réagir aux déclarations du vice-ministre-président flamand Geert Bourgeois dans la presse. »Après l’opération de charme au cercle de Lorraine, le vrai visage de la N-VA dévoilé par Bourgeois », a souligné le parti, évoquant la récente conférence de presse qu’a tenue le président de la N-VA, Bart De Wever, pour présenter le recueil de ses chroniques traduit en français. Le 6 mars, De Wever s’était exprimé devant un parterre d’hommes d’affaires lors d’un déjeuner-débat. Interrogé peu avant dans la presse, il avait évoqué sa vision du confédéralisme qui fera évoluer l’Etat fédéral vers une coquille vide.

« Espérons que les habitants du nord du pays sauront à quoi ils s’engagent » (Doulkeridis)

Les propos de Geert Bourgeois sur un passage forcé à l’autonomie de la Flandre ont le mérité de la clarté. Il est à espérer que les habitants du nord du pays sauront à quoi ils s’engagent en 2014 et que le MR mettra un terme à l’ambiguïté de son attitude vis-à-vis de la N-VA, a affirmé samedi le chef de file bruxellois d’Ecolo pour les matières institutionnelles, Christos Doulkeridis.

« La limite du rêve de la N-VA est atteinte. Les habitants de la Région bruxelloise n’accepteront jamais d’être co-gérés. Mais au moins tout le monde sait à quoi s’attendre. Au nord du pays les citoyens doivent savoir à quoi ils s’engagent en vue de l’échéance électorale de 2014. J’espère aussi que le MR mettra un terme à l’ambiguité de son attitude vis-à-vis de ce parti », a commenté Christos Doulkerdis, samedi après-midi.

Celui qui est aussi ministre-président de la CoCof est par ailleurs revenu sur les critiques de Bart De Wever sur les récentes avancées en matière de réformes intra-bruxelloises, que le leader de la N-VA juge trop faibles.

« Son propos avait aussi le mérite de la clarté, mais dans la séduction. Il ne faut pas attendre de la N-VA de reconnaître les progrès enregistrés car cela porterait atteinte à son discours idéologique. Il faut toutefois que le nord du pays s’habitue à ce que les choses bougent », a encore dit Christos Doulkeridis.

Les Verts d’Ecolo et de Groen considèrent, selon lui, qu’il ne faut pas entrer dans le seul discours de la N-VA mais dans une « dynamique de réforme dans l’intérêt des habitants ».

« Un projet plus clair pour Bruxelles et la Wallonie », réclame Olivier Maingain

Un projet « plus clair et plus affirmé » pour Bruxelles et la Wallonie est nécessaire afin de ne pas subir les assauts de la N-VA et de ses alliés au nord du pays, a réagi Olivier Maingain, le président du FDF, après les propos tenus par Geert Bourgeois dans la presse.

« Je tiens tout de même à rappeler aux partis francophones qui s’étonnent aujourd’hui de ses déclarations que Geert Bourgeois refuse toujours de nommer les bourgmestres de la périphérie, ce qui est déjà la preuve de son intolérance », a indiqué M. Maingain.

Face à ces attaques, « il faut un projet plus clair et plus affirmé pour Bruxelles et la Wallonie. Il faut également réaffirmer que Bruxelles doit être une région à part entière », a-t-il ajouté.

Fort de cette conviction, le président du FDF va demander au Premier ministre Elio Di Rupo qu’il prenne l’initiative d’une consultation avec l’ensemble des partis francophones, afin « de définir enfin un projet visant à protéger Bruxelles dans une relation étroite avec la Wallonie. »

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