Qui sont les plus gros perdants et gagnants en Flandre ?

Muriel Lefevre

Le Standaard a établi un top trois des gagnants et des perdants en Flandre.

Les gagnants

Q, le bourgmestre

Vincent Van Quickenborne
Vincent Van Quickenborne© Belga

Vincent Van Quickenborne a éjecté, il y a 6 ans, un CD&V pourtant gagnant (avec 33 %) du mayorat de Courtrai. Van Quickenborne avait, en effet, fomenté en coulisse une coalition avec la N-VA, le SP.A et avec lui comme bourgmestre. Si l’ambiance a rapidement tourné à l’aigre avec l’ancien bourgmestre, le moins que l’on puisse dire c’est que les habitants ne lui ont pas tenu rigueur de ce tour de passe-passe électoral. Sa liste « Team burgemeester » fait 10% de plus (31.3 %) et le CD&V fait moitié moins qu’en 2012. Mister Q a donc proprement atomisé la concurrence et surpris amis, ennemis, mais aussi lui-même. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas caché sa joie comme on peut le voir ici.

Tsunami sur tatami: la liste Dedecker

Jean-Marie Dedecker
Jean-Marie Dedecker© Belga

C’est comme ça que le Standaard résume la victoire de la Lijst Dedecker. C’est devenu hier le plus important parti de Middelkerke. Il y a six ans, et malgré le fait qu’il avait le plus grand nombre de voix de préférence, on l’avait éjecté des tractations pour l’écharpe mayorale. La presse titrait alors « Le chant du cygne d’un entraîneur ». C’était mal connaître la bête puisque pendant six ans il a fourbi une opposition acharnée et s’est montré plus combatif que jamais au cours de la campagne. En tapant de façon constante sur la mauvaise gestion du feuilleton autour du nouveau casino, il est parvenu à séduire encore plus l’électeur. Avec 43,8 %, il est aujourd’hui incontournable.

Hans Bonte à Vilvorde

Hans Bonte
Hans Bonte© Belga

Le SP.A perd des plumes pratiquement partout, mais à Vilvorde, il fait un bon de 7%. Hans Bonte rempile donc pour six ans. Un exploit pour quelqu’un qui a réussi à garder le débat communautaire en dehors de sa campagne. Il est vrai qu’à Vilvorde, ils ont d’autres chats à fouetter: par exemple les jeunes qui continuent à se radicaliser. Certains on-dit qu’il en avait fait son principal argument électoral. D’autres, en revanche, expliquent son succès par le fait qu’il est un administrateur pragmatique, pas si socialiste que ça et très travailleur. Il a aussi investi beaucoup sur l’importante communauté allochtone. Une stratégie payante.

Les perdants

Pol Van Den Driessche (N-VA) à Bruges

Pol Van Den Driessche
Pol Van Den Driessche© Belga

C’était ce qu’on appelle un canon à voix. Une personnalité qui attire beaucoup de votes. Sauf qu’il a fait un flop si pas total pour le moins conséquent puisqu’il n’atteint que 11%. Même si Renaat Landuyt perd son mayorat et qu’on assiste à un changement politique radical à Bruges, ce n’est pas en faveur de la N-VA. Peut-être reproche-t-on à Van Den Driessche qu’en 2012 déjà on l’eût accusé de comportement abusif? Sauf qu’à la N-VA, on a cru que tout le monde avait droit à une seconde chance. Surtout, qu’aux élections législatives de 2014, l’homme avait obtenu 22.500 voix de préférence en Flandre. Un score encourageant et c’est pourquoi on lui avait donné la première place sur la liste, aux dépens de Ann Soete. Celle-ci avait claqué la porte et était passée avec fracas à l’Open VLD. Elle fait aujourd’hui mieux que lui. Aoutch.

Maggie De Block à Merchtem

Maggie De Block
Maggie De Block© Belga

La ministre n’a pas encore décidé a si elle acceptait d’assumer son mandat de bourgmestre. De quoi rendre amer son parti. Il faut dire qu’à Merchtem, c’est une affaire de famille. Eddie De Block, le frère de Maggie, a obtenu la majorité absolue à Merchtem en 2006 avec l’Open VLD avant de rempilé six ans plus tard pour un troisième mandat à la tête de la commune. Il fallait donc une nouvelle tête de liste. Le parti s’est naturellement dirigé vers sa soeur qui est déjà ministre de la Santé au gouvernement fédéral. Les Merchtemnois craignaient-ils le népotisme de la dynastie du bourgmestre ? Pas impossible. Surtout en sachant que la propre fille de Maggie De Block, Julie Asselman, est aussi sur la liste. Ou les électeurs ont-ils trouvé que madame la ministre avait été trop floue sur ses intentions ? Quoi qu’il en soit, celle-ci réalise un score embarrassant pour un leader au niveau national. Sa liste 1785 (le numéro postal de Merchtem) reste le plus grand parti, c’est vrai, mais il n’a plus sa majorité absolue. Et d’un point de vue personnel Maggie fait moitié moins de voix de préférences que son frère en 2012. Hier, elle tentait de s’en sortir avec une pirouette, le score de son frère « était exceptionnel », et une grande réactivité. En effet , malgré les pertes et le camouflet, elle a tout de même annoncé que la liste 1785 allait former une coalition avec le CD&V. Qui a lui aussi perdu 10%, mais ce n’est là qu’un détail, semble-t-il.

Vanvelthoven et la fin d’une époque à Lommel

Peter Vanvelthoven
Peter Vanvelthoven© Belga

Peter Vanvelthoven (SP.A) va devoir donner son écharpe de bourgmestre à Bob Nijs du CD&V. C’est la fin d’une époque. Car depuis 2007, lorsqu’il succède à son père qui occupait le poste depuis 1986, il était à la tête de la Commune de Lommel. Heureusement pour lui qu’il a d’autres activités grâce à ses 22 mandats dans toutes sortes d’intercommunales. Et bien sûr, lui reste son poste de député.

Mais, tout de même, quand on voit que le CD&V de Nijs a augmenté de 17 % , on peut se demander ce que Vanvelthoven a bien pu faire de si terrible. L’essoufflement de l’effet Sierre se demande de Standaard ? Six mois avant les élections municipales de 2012, 15 enfants et deux enseignants de Lommel ont péri dans un terrible accident de bus en Suisse. La façon dont Vanvelthoven avait géré ce drame l’avait nimbé d’une aura de respect. Mais c’était il y a déjà six ans et les gens oublient vite. Ils se sont sûrement mieux rappelé que Vanvelthoven s’est toujours ouvertement opposé au décumule obligatoire.

A ce top trois du Standaard, on rajoutera aussi Kris Peeters:

Kris Peeters
Kris Peeters© Belga

Malgré l’arrivée de la figure de proue nationale Kris Peeters, le CD&V a enregistré un score décevant à Anvers. De son propre aveu, devenir bourgmestre n’est plus réaliste. Peeters avait pourtant annoncé qu’il tenterait le coup même si son parti n’avait que 5%. Avec 6,8 % , il aurait pu.

« Nous aurions- aimé faire plus, bien sûr. Mais nous pouvons aussi être satisfaits. C’est ce que c’est », dira Peeters un peu plus tard.

Un enthousiasme pas partagé par tout le monde. Le ministre s’est beaucoup investi et Peeters est une figure à l’attrait national. Avec près de 10 000 votes préférentiels, il n’obtient que le sixième score de tous les partis.

« Bien sûr, on ne sait pas le score qu’on aurait obtenu sans lui « , explique Bastiaens de la section locale. Pourtant, tout le monde se rend compte que Peeters aurait pu faire mieux dans cette campagne. « Sa sortie lors du Gert Late Night était imprudente. Il ne s’est pas non plus mis suffisamment en avant dans les débats. » dit-on encore.

Peeters indique lui qu’il reste à Anvers et que le retour à Puurs n’est pas pour demain. A-t-il peur pour son avenir politique ? « J’ai pris des risques, j’espère que les chefs de parti apprécieront » conclut-il.

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