Qui peut encore faire grève ?

Les grèves sauvages et à répétition, en pleine période d’examen, qui se surajoutent au climat post-terroriste et à la météo maussade sont insupportables. Mais il faut bien reconnaître qu’ils ne sont plus très nombreux les  » travailleurs  » qui bénéficient, dans la réalité, du droit de grève. Celui-ci est, pour beaucoup d’autres, très théorique.

Ne peuvent faire grève aujourd’hui sans trop de risque que les travailleurs de la fonction publique, des entreprises publiques, parastataux, entreprises privées de grande taille. Encore la grève n’a de sens que si vous avez une capacité de nuisance (transports, enseignement, pompiers, voirie) ou si vous disposez de matériel gênant ou de produits dangereux ou indispensables (agriculteurs, raffineries).

Or l’évolution vers une multitude d’entreprises de petite taille ou de taille moyenne, ou encore vers des secteurs, répétons-le, où un blocage sociétal est impossible, diminuent d’année en année le cheptel des grévistes potentiels.

L’évolution vers une multitude d’entreprises de petite taille diminue d’année en année le cheptel des grévistes potentiels.

Le cas des gardiens de prison se situe à peu près à mi-chemin : nous ne sommes pas directement concernés par leur mouvement mais leur grève mobilise policiers, militaires et médecins d’une manière telle que le problème devient sociétal d’autant plus dans la perspective d’évasions futures de détenus dangereux ou d’émeutes qui inquiètent la population voisine (Saint-Gilles par exemple). Et si la prison est au milieu des champs ? On est quand même sensibles à l’idée de se retrouver, après remise de peine, face à des enragés.

D’un côté, les revendications des grévistes (SNCB et surtout TEC) paraissent vagues et/ou outrecuidantes (système d’un autre âge qui consiste à récupérer un jour de travail alors qu’on est malade, chauffeurs de bus qui ignorent exactement pourquoi ils arrêtent le travail, tradition moyenâgeuse du vote à main levée propice aux pressions sur les « camarades » qui veulent travailler). D’un autre côté, ceux qui peuvent encore se permettre des arrêts de travail et leur soutien prétendent freiner la mondialisation des rapports sociaux et le recul permanent des droits acquis pour lesquels nos ancêtres ont pris beaucoup de risques au 19e et dans la première moitié du 20e siècle.

En somme : souriez lorsque vous êtes bloqués 2 heures sur le ring de Bruxelles car les cheminots « travaillent » pour vous. Ils luttent contre le dépiautage larvé de votre protection sociale imaginé par les Machiavel de Wall Street et de la Commission européenne.

Mais alors, pourquoi ne pas se lancer, plutôt, dans la grève des contrôleurs ? Une semaine de grève spéciale pour les resquilleurs. Voilà qui aurait gâché l’apéritif de la direction de la SNCB, à l’évidence. Mais sans s’aliéner les abonnés, collègues ou étudiants.

Il faudrait pour ce faire que la CGSP tourne enfin la page du marxisme. Qu’elle aille faire des stages d’étude en Scandinavie en Allemagne où la cogestion n’est pas un vain mot. Une vraie révolution.

En attendant, face aux Wallons « professionnels de la grève », la N-VA ne doit plus faire campagne.

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