Nicolas De Decker

Quel ministre après Magnette ? Un fusible ou une loupiote

Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Depuis quelques jours, le landerneau bruisse, spécule, pronostique, à défaut d’informations tangibles quant à l’identité du successeur de Paul Magnette au ministère fédéral des -entre autres mais surtout- entreprises publiques, dont -entre autres mais surtout- la SNCB.

Un portrait-robot circule, qui prendrait les traits d’un socialiste bilingue et originaire du Hainaut, voire, de préférence, Carolo. Les noms de Christian Dupont, de Christiane Vienne, d’Eric Massin et de Jean-Charles Luperto (le Sambrevillois n’est qu’à quelques centaines de mètres d’être hennuyer et carolo) sont les plus régulièrement cités. Que le patronat socialiste prépare une surprise n’est pas à exclure : elles sont fréquentes dans ce registre.

Mais si le Boulevard de l’Empereur temporise, c’est peut-être, aussi, surtout, qu’il craint les réactions syndicales au projet de réforme de la SNCB validé la semaine dernière par le Conseil des Ministres. Et qu’il attend de voir. On sent bien qu’à un an et demi d’élections historiques, la raison stratégique imposerait un ministre jeune, tout prêt à flamboyer sur les rails et sous les caténaires. Dans le genre Luperto, donc.

Mais on sent tout aussi bien que si les cheminots s’engagent dans un combat trop opiniâtre, un ministre trop tendre pourrait y laisser carrière et ambitions. D’où l’intérêt de donner le strapontin à un camarade qui a celle-là et celles-ci derrière lui. Dans le genre Dupont, donc. L’homme avait naguère géré un décret inscriptions : ça donne une idée de son rodage aux luttes politiques baignées d’hystérie. Il pourrait donc encaisser les objurgations des usagers-pris-en-otage-il-faut-que-ca-change-ca-ne-peut-plus-durer-imposons-le-service-minimun (et de leur porte-parole putatif de la sphère politique) qui fleuriront inévitablement en cas de costaude action syndicale.

Le PS choisira ainsi entre un fusible que l’on ne craindra pas de brûler et une loupiote dont il faudra entretenir et valoriser la brillance. L’alternative résulte du serment vicié de Paul Magnette, qui a annoncé vouloir boucler la réforme de la SNCB avant de s’en aller à Charleroi. La feuille de route est établie, certes. Mais pas exécutée. Rien ne sera gagné tant que les organisations syndicales n’auront pas rendu les armes. Soyons excessifs, histoire de se faire comprendre : qu’elles s’engagent dans une grève illimitée de six mois et elles mettront la réforme en miettes. Personne ne l’ignore, ni au 16 rue de la Loi, ni au Boulevard de l’Empereur, ni à l’Hôtel de Ville de Charleroi. Si certains ont pu comparer Paul Magnette au Kennedy carolo, là, il est une manière de Charles de Gaulle qui aurait pris sa retraite le 19 juin 1940.

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