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Quel confédéralisme ?

Le Vif

La N-VA s’est approprié ces derniers jours le concept de confédéralisme, qu’elle voit comme une étape prochainement réalisable vers l’indépendance de la Flandre. Mais d’autres partis l’interpellent sur ce qu’elle entend réellement par ce mot.

Samedi soir, dans son discours de Nouvel an Anvers, le président de la N-VA Bart De Wever a réaffirmé la volonté de son parti de profiter de 2013 pour mettre en place le confédéralisme après les élections de 2014. La N-VA y voit une étape actuellement réalisable dans la perspective de l’indépendance de la Flandre.

Le CD&V, défenseur d’un confédéralisme lui aussi, s’est distancié de cette vision. Les élections de 2014 ne doivent pas mener à une septième réforme de l’État, car la priorité est à la mise en oeuvre de la sixième, a affirmé le ministre-président flamand Kris Peeters dans l’émission De Zevende Dag (VRT).Une réforme plus avancée encore n’est certes pas inenvisageable, « mais dans la mesure où elle accroît l’efficacité, et au sein d’un cadre belge », a-t-il clarifié.

Son homologue wallon, Rudy Demotte (PS), a critiqué le confédéralisme et évoqué 2014 dans son discours de Nouvel An à Tournai. Prônant un régionalisme d’ouverture et la collaboration entre Wallonie et Bruxelles, il a repris à son compte la formule selon laquelle le confédéralisme serait « un piège à cons ». Il a dénoncé sur RTL-TVi le « marketing politique » auquel se livre selon lui la N-VA.
Cette dernière n’a en effet pas encore défini ce qu’elle entendait par confédéralisme, a reconnu Eric Defoort (N-VA) sur le plateau de Mise au Point (RTBF). « On est en train d’écrire le programme », a-t-il expliqué.

Pour Eric Van Rompuy (CD&V), cet aveu de faiblesse signifie que la N-VA joue avec le niveau de vie des Belges, et donc des Flamands. Le CD&V, lui, veut que le centre de gravité bascule vers les Régions, a-t-il clarifié. La N-VA veut-elle scinder la dette, la perception de l’impôt, financer l’État central par des dotations ? « C’est déjà le séparatisme », dénonce le député flamand.

Mais dire que la N-VA est dangereuse, comme l’a fait le Premier ministre Elio Di Rupo (PS) dans un entretien au Zondag, c’est entretenir Bart De Wever dans un rôle de « Calimero » dont il se régale, a-t-il critiqué. Isabelle Durant (Ecolo) n’apprécie pas cette frilosité dans la dénonciation. « A force d’être prudent, on devient ‘De Weverément correct’, comme on serait politiquement corrects ». Elle refuse que la N-VA soit considérée comme le « baromètre » du débat politique belge et que chacun veille à ne pas la choquer.

Dangereuse la N-VA? Didier Reynders (MR) n’aurait « pas dit cela comme ça ». Il appelle à considérer la situation en Flandre, où la N-VA « fait partie du débat » puisqu’elle est constitutive du gouvernement Peeters et s’est alliée à Anvers au CD&V et à l’Open Vld. M. Reynders demande donc d’éviter la surenchère. A cet égard, l’évocation par le roi Albert II des années ’30 dans son discours de Noël, dont la N-VA a profité pour critiquer les pouvoirs du chef de l’État, le laisse perplexe.
Le vice-Premier ministre MR reconnaît aisément le droit du chef de l’État à mettre en garde et à prononcer un discours politique. Mais « la référence aux années ’30 n’est pas utile, car on fait tout pour aller à l’encontre » des dérives de cette époque, via la construction européenne et la réponse à la crise économique. Didier Reynders appelle à ne pas tomber dans la tentation du bouc émissaire, au nord comme au sud.

Herman De Croo (Open Vld) regrette que cette référence aux années ’30 ait fourni une opportunité à certains partis de sauter sur le sujet. Le sénateur Francis Delpérée (cdH) a pour sa part déploré que toute parole du roi soit « pour certains l’occasion de tirer à vue ». Quant à Philippe Moureaux (PS), il a dénoncé le jeu « perfide » de la N-VA, et relativisé la portée du discours royal. « Il y aura une interpellation à la Chambre au Premier ministre, qui couvrira le roi, puis on passera à l’ordre du jour ».


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