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Que sont devenus les exclus des allocations d’insertion?

Le 1er janvier 2015, près de 17.000 chômeurs ont perdu le bénéfice de leurs allocations d’insertion, dont 67% de Wallons. Que sont-ils devenus, comment ont-ils fait face? L’Institut wallon d’évaluation, de la prospective et de la statistique (Iweps) en a rencontré une trentaine. Ce mardi, il publie un long recueil et une analyse de leurs témoignages.

Les allocations d’insertion sont accordées sur la base des études et non du travail. En 2012, le gouvernement a limité à trois ans le droit à ces allocations. Parmi la première salve d’exclus, la plupart avaient plus de 30 ans, dont une grande majorité de femmes. Six mois après leur exclusion, seuls 12,7% avaient trouvé un emploi, d’après l’Onem (Office national de l’emploi). Les autres se sont généralement soit tournés vers les CPAS, soit ont disparu du radar des institutions.

Des entretiens menés par l’Iweps, il ressort que ces personnes ont souvent connu des expériences professionnelles avant leur exclusion, notamment dans le cadre des Agences locales pour l’emploi (ALE) ou de contrats précaires. La grande majorité accorde d’ailleurs une valeur importante au travail, comme source de revenus, mais aussi d’émancipation sociale. Peu ont cependant pu mobiliser leur diplôme dès leur arrivée sur le marché de l’emploi, ce qui a engendré dans leur chef un sentiment d’impuissance et un « engrenage négatif ».

La fin des allocations d’insertion a été vécue comme un choc. Beaucoup n’avaient pas droit aux aides du CPAS ou n’ont pas voulu les demander par honte. Un grand nombre a dû soudainement réduire ses dépenses ou compter sur la solidarité familiale.

Mais, « s’il est bien présent, le problème des ressources financières n’est pas nécessairement celui autour duquel se cristallisent les tensions », analyse l’Iweps. Ces tensions « s’expriment sur des modes singuliers. Arturo, qui par son activité en ALE s’est toujours considéré comme travailleur, récuse le changement de réglementation qui, de manière brutale et aveugle, brise son image. Benoît ne supporte plus ses relations, devenues conflictuelles, avec son assistante sociale. Amélie n’en peut plus d’être dans la survie, repliée sur un quotidien qui ne laisse pas de place pour construire un projet à long terme. Josiane vit dans la crainte de perdre son droit au revenu d’intégration sociale, tandis que Johanna, découragée, est tenaillée par la peur de stagner. »

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