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Quatre jeunes flamands sur dix en faveur de la peine de mort

À en croire une étude du JeugdOnderzoeksPlatform (JOP), un projet de collaboration interuniversitaire entre l’Université de Gand, la VUB et la KULeuven, quatre jeunes flamands sur dix souhaitent le retour de la peine de mort en cas de crimes graves. Ils sont également en faveur d’une politique de criminalité plus sévère.

En 2008 et en 2013, les chercheurs ont réalisé une enquête auprès de 2.419 et 2.017 jeunes flamands âgés de 14 et à 25 ans au sujet de mesures répressives dans la lutte contre la criminalité.

En 2008, 34% des jeunes étaient d’accord pour réintroduire la peine de mort. En 2013, ce pourcentage s’élevait à 41,5%. D’après le criminologue Arne De Boeck, chercheur à l’Institut louvaniste de Criminologie, cette attitude est due à un malaise croissant, un sentiment d’insécurité aggravé et une perte de foi en la politique. « Beaucoup de jeunes s’inquiètent de la société. »

Les jeunes se disent également en faveur d’un durcissement de la politique de criminalité et de mesures répressives. Ainsi près de 40% trouvent qu’il faut instaurer un couvre-feu dans les quartiers problématiques, 33,9% estiment que les grands criminels ne méritent pas de procès et 39% sont d’avis que les mineurs doivent être jugés comme des adultes.

Selon De Boeck, l’avis de ces jeunes vient surtout de leur intuition. « Leur attitude exprime d’abord un malaise sociétal » dit-il. « Beaucoup de jeunes s’inquiètent de thèmes sociétaux tels que la criminalité et la migration, et éprouvent le sentiment que la société n’arrive plus à maîtriser la situation. Ces jeunes éprouvent également un plus grand sentiment d’insécurité, ce qui les incite à prôner la répression. »

Les chercheurs constatent que le soutien à la peine de mort est nettement plus faible auprès d’élèves d’enseignement général qu’auprès de leurs condisciples scolarisés en technique et en professionnel. Ils expliquent cet écart par le large choix de médias consultés par les jeunes en enseignement général et leurs parents souvent plus instruits et moins attirés par la répression. « Ils transmettent cette mentalité à leurs enfants. »

La préférence politique joue également un rôle : le soutien à la peine de mort est sensiblement plus élevé auprès de jeunes qui votent à droite. « Des partis comme la N-VA et le Vlaams Belang martèlent sur la sécurité et la migration » déclare De Boeck. « Quand on observe le débat actuel à propos de la crise des réfugiés, on remarque qu’ils adoptent des points de vue beaucoup plus tranchés que les partis de gauche. » Par ailleurs, le soutien à la peine de mort est assez élevé parmi les jeunes qui votent blanc ou qui préfèrent ne pas se rendre au bureau de vote. « Cela suggère qu’une attitude positive envers la peine de mort est également liée à un manque de confiance en la politique ou à un sentiment d’impuissance politique. Ces jeunes sont d’avis que leur vote ne sert à rien, et que les politiques ne peuvent rien changer à la situation. »

De Boeck appelle toutefois à la prudence à l’égard de ces chiffres. « On remarque que souvent les jeunes revoient leur attitude envers la peine de mort ou une politique de criminalité sévère quand on les informe mieux. Leur attitude s’adoucit quand on leur soumet des cas concrets et qu’on leur demande de juger sur base de ces exemples. »

Belga/CB

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