Quand les trains belges passent au vert

Une fois n’est pas coutume, diront les mauvaises langues : désormais, les trains belges passent… au vert. Ces derniers mois, la SNCB a inauguré quelques installations qui font la part belle à l’énergie solaire. Une option d’avenir…

Long de 3,4 kilomètres, le « tunnel du soleil » qui traverse les communes de Brasschaat et de Schoten, dans la banlieue d’Anvers, fait la fierté d’Infrabel, une des trois entreprises nées de la scission des chemins de fer belges en janvier 2005. Forte d’une douzaine de milliers de collaborateurs, celle-ci est chargée de la gestion, de l’entretien et du développement de notre réseau ferroviaire.

Sur le toit de l’ouvrage qui abrite la ligne à grande vitesse reliant Anvers à Amsterdam, 16 000 panneaux solaires photovoltaïques dessinent un long ruban bleu-gris d’une superficie totale d’environ 8 terrains de football, comprenez 50 000 mètres carrés !

Des partenaires flamands très  » énergiques « 

Pour concrétiser cette réalisation unique en Europe, différents partenaires se sont associés autour d’Infrabel ; une brochette d’actionnaires de qualité qui ont pour noms Solar Power Systems, Enfinity, FINEA et IKA. Le tout, avec le soutien des deux communes concernées et, bien sûr, de la Région flamande, de ses primes et de ses certificats verts.

Solar Power Systems est à l’origine du projet. Basée à Schoten, cette PME d’une vingtaine de personnes s’est spécialisée dans les installations destinées aussi bien aux particuliers qu’aux entreprises. Elle offre la particularité de doter d’office ses panneaux photovoltaïques d’une  » web box  » permettant de suivre la production de chaque unité via l’Internet.

De son côté, la société gantoise Enfinity a connu en six courtes années d’existence un développement considérable, tant en Belgique qu’à l’international, en construisant, en finançant ou en vendant des installations d’énergie solaire et éolienne. Elle gère également de nombreux fonds d’investissement alimentés par des capitaux privés et institutionnels. Au-delà du territoire européen où elle se pose en leader, elle étend aujourd’hui son réseau à l’Amérique du Nord, à l’Asie et à l’Afrique du Sud.

Enfin, FINEA et IKA sont deux intercommunales flamandes de financement qui ont pris part au projet à l’initiative, respectivement, des communes de Brasschaat et de Schoten. La première regroupe la ville d’Anvers et 5 communes voisines, tandis que la seconde fédère 48 communes de la Campine anversoise et de la province d’Anvers. Toutes deux sont actives dans le secteur de l’énergie et gèrent les participations des communes dans les gestionnaires de réseau Elia et Fluxys. Via le financement de projets tels que celui du  » tunnel du soleil « , elles participent à la politique flamande de développement de la production d’énergie verte.

Au total, l’investissement se chiffre à 15,7 millions d’euros, pour une production annuelle de 3,3 GWh d’électricité, ce qui représente la consommation annuelle moyenne d’un petit millier de ménages belges. Mais ce ne sont évidemment pas ceux-ci qui sont concernés et l’électricité produite par le  » tunnel du soleil  » est rachetée par Infrabel qui l’utilise pour les installations de la jonction Nord-Sud à Anvers, ainsi que pour l’alimentation des trains classiques et à grande vitesse.

Au rayon chiffres toujours, l’entreprise estime que, sur une année, environ 4 000 trains pourront bénéficier de cette énergie solaire. Si on considère l’ensemble des trains circulant en Belgique, cela représenterait une journée entière de consommation électrique. Bien sûr, cela peut sembler peu au regard des… 364 autres jours, mais c’est incontestablement un premier pas. Cerise sur le gâteau, Infrabel chiffre à 2 400 tonnes les quantités annuelles de CO-2 non rejetées dans l’atmosphère.

Quand Charleroi montre l’exemple

Charleroi, théâtre d’une  » première  » au niveau belge en matière d’énergie? A l’heure où l’image de la métropole carolorégienne n’en finit pas de prendre des coups, cela ne fait assurément pas de tort…De fait, depuis quelques semaines, la gare de Charleroi Sud dispose, au niveau de sa façade arrière, d’une installation solaire photovoltaïque dont les 240 panneaux sont visibles depuis le petit ring autoroutier qui domine les quais.

Le but est de produire 55 000 kWh par an qui sont injectés en interne dans le fonctionnement de la gare.  » Il s’agit plus précisément de l’alimentation de locaux administratifs, de ceux réservés à la police de chemins de fer, ainsi que des magasins de la galerie commerçante « , détaille Dimitri Massard, responsable notamment des dossiers d’énergie et de chauffage pour le Hainaut.

 » Cette production alternative devrait couvrir environ 12,5 % de nos besoins en électricité sur le site « , précise encore l’ingénieur carolorégien. Quant à l’installation solaire, dont la réalisation a été confiée à Fabricom, elle représente un investissement de 240 000 euros. Manifestement, le rail belge semble vouloir jouer la carte de l’électricité verte puisqu’au mois d’août, c’est la gare de Deinze (en Flandre orientale) qui a été équipée de 207 panneaux solaires photovoltaïques et un autre projet concerne la gare d’Ath. Deux options sont à l’étude dans ce dossier qui consisterait à recouvrir la marquise du quai numéro 1 de capteurs. Le choix, à savoir la superficie de l’installation, relève essentiellement du budget qui sera dégagé pour cette nouvelle réalisation attendue en 2012.  » Cela dit « , ajoute Dimitri Massard,  » il existe également des sites autres que des gares qui sont déjà équipés. C’est notamment le cas à Arlon et à Jemelle pour des bâtiments industriels. « 

Mais nos chemins de fer ont également une autre plume à leur chapeau puisque la gare de Saint Ghislain, dans la région de Mons, est chauffée depuis novembre 2009 par un réseau de chauffage urbain tirant ses calories de l’installation géothermique voisine (Le Vif du 14 décembre 2009). Et il est également question d’un projet de pompe à chaleur au centre logistique de Braine-le-Comte.

Dans sa déclaration d’efficacité énergétique, le Groupe SNCB s’est engagé, pour la période 2005-2012, à réduire de 7,5 % la consommation énergétique de ses bâtiments, installations diverses, ateliers et autre parc automobile…

Francis Groff

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